Vilaines filles (Dare Me) est l’avant-dernier roman de l’américaine Megan Abbott, qui publie depuis 2002 d’habiles romans noirs qui récoltent les meilleures critiques outre-Atlantique. Vilaines filles est paru en novembre chez JC Lattès. Lola l’a lu pour vous.
Addy est une jeune cheerleader de seize ans. Sa meilleure amie Beth est la capitaine de l’équipe et la terreur du lycée. Ces jeunes filles désœuvrées profitent de leur statut privilégié, en essayant d’oublier le vide de leur existence. Jusqu’au jour où une nouvelle coach, Colette, prend la tête de l’équipe et jure de les emmener en finale des compétitions régionales. Cette nouvelle venue va gagner la confiance des adolescentes et donner un sens à leurs mornes vies. Mettant à l’épreuve leur endurance physique et leur mental, elle va les pousser jusqu’à la finale, un match après l’autre. Cependant, en devenant la confidente privilégiée de la coach, Addy va se trouver propulsée dans un univers bien plus adulte et sombre qu’elle ne s’y attendait. Adultère, décès, enquête policière, l’étau se resserre autour de Colette tandis que Beth, rongée par la jalousie, ne cesse de jeter de l’huile sur le feu. Où vont les mener cette course effrénée vers la finale et ce jeu de cache-cache avec la police ? Qui saura garder son sang-froid ? Y aura-t-il vraiment une gagnante à l’arrivée ?
Vilaines filles, livre policier aux faux airs de chick litt surprend par bien des aspects. L’enquête policière et la montée en puissance du suspense se marient parfaitement à l’avancée de l’équipe dans la compétition régionale. L’originalité de Vilaines filles réside dans la tension qui nait au sein de l’équipe, cette sauvagerie qui couve derrière la façade banale de ces jeunes adolescentes. Ce combat acharné contre leur propre corps, afin d’en obtenir un contrôle parfait, tandis que la réalité leur échappe de plus en plus, est une interprétation sombre mais juste des tourments de l’adolescence. Le basculement permanent de leurs relations interpersonnelles entre amour et haine, entre dévotion et déception, nous garde sur la sellette et permet de créer un climat d’insécurité permanente pour le lecteur. Vilaines filles est à lire pour se féliciter d’avoir survécu à l’adolescence et pour donner envie de se remettre au sport.
« Vu de l’extérieur, dit-elle, les yeux déformés par l’effroi, c’est comme si vous cherchiez à vous entretuer et à vous suicider. »
Je la regarde, les bras croisés.
« Tu n’as jamais été des nôtres. », dis-je.
Article de Lola