Jérémie Gindre – On a eu du mal

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On a eu du mal à résister à ce recueil de nouvelles de Jérémie Gindre, tout à fait prometteur sur le papier. Les éditions de l »Olivier nous l »ont gentiment envoyé, et voici ce que notre chroniqueur Yohann en a pensé.

Dans On a eu du mal, recueil de cinq nouvelles, Jérémie Gindre met en scène la différence, le décalage du personnage face à son environnement et expérimente la folie. Douce, imperceptible, elle réside ici dans la manie, la lubie, l »auto-conditionnement, comme dans les troubles du comportement.

Cinq situations, cinq personnages, cinq divergences.

Variété des passions. Et tout casser. L »anorak. Moitié moins. Un été sans guêpes.

Paul part en vacances au camping avec sa famille qu »il ne supporte plus. Adolescent affirmant une personnalité aux antipodes de celle de ses parents, il fait la rencontre de Clifford, issu d »un milieu plus aisé. L »amitié qu »ils construisent va forger sa personnalité et lui apprendre à éprouver à sa manière du respect.

« Plus on s »approche, plus on dirait la Lune. Le sable fin compacté, érodé en mottes dures, plisse partout comme de la peau d »éléphant. Chaque pente est lignée horizontalement de strates gris clair, brun cuir, rose pastel, et creusé verticalement de sillons se succédant comme un million de fesses alignées. Quand son père arrête la voiture pour sortir prendre une photo de la vallée, Paul ose le dire : « On dirait des culs. »

Mélanie Gillioz n »a pas de limites. Cérébrale, elle réfléchit à cent à l »heure et se laisse emporter par ses intuitions. Elle est comme une enfant qui n »a aucune tolérance vis-à-vis de la frustration. C »est une collectionneuse. La dernière en date : celle des pommes de pin.

François, bloqué dans son véhicule à la suite d »une avalanche, nous laisse suivre le fil de ses pensées. Il lutte, divague, et se rassure par le biais d »images virtuelles agréables. Le mental reste sa dernière chance.

Claude, suite à un accident de voiture, est atteint d »Héminégligence. Il oublie la moitié du monde qui l »entoure, ne voit plus ce qu »il se passe sur sa gauche mais nie la vérité. Il vit sa vie comme s »il ne s »agissait pas d »un handicap. Faire un jogging en ayant entre autre oublié de lacer l »une de ses chaussures n »est pourtant pas si aisé qu »il tente de s »en convaincre.

Sven passe ses vacances à l »Université d’Été du Centre de Recherche Mnésique. Cobaye volontaire  d »exercices de mémoire, il apprend à se connaître et décrypte les signes avant-coureurs de l »amour, cerné d »oppressants chants d »oiseaux.

on-a-eu-du-mal-couvToutes ces histoires aux allures de portraits contemporains ont comme lien, comme point de départ une source scientifique plus ou moins perceptible.

Pour cause, On a eu du mal est issu du programme suisse Artist-in-Labs, résidence en centres inter-facultaires accordant l »Art et la science dans un projet commun.

Jérémie Gindre, écrivain mais également sculpteur, dessinateur et peintre, nous dévoile ces histoires comme il aurait construit un tableau.

L »auteur part d »une idée online casino canada de base, puis se laisse surprendre par la suite, énonçant les faits comme s »il les découvrait avec nous.

« Il a l »air de réfléchir, mais on ne sait pas à quoi »

Jérémie Gindre se spécialise même dans un exercice de style assez particulier : l » «hyper-réalisme ».

Le lecteur reste dans le constat, assiste à toutes ces scènes comme s »il vivait le moment. Aucun détail n »est oublié, en insistant sur des traits de personnalité obsessionnels, parfois ridicules, effrayants, mais la plupart du temps très drôles.

« Son père est occupé à classer les aliments en fonction de leur caractère périssable et sa mère lit son horoscope, assise dans un des fauteuils pliants. Elle porte une visière mauve qui teint curieusement son visage. »

Pour renforcer cet effet d »universalité, Jérémie Gindre choisit d »ailleurs pour On a eu du mal des prénoms extrêmement communs (excepté Sven, à moins que le lectorat soit franco-suédois).

Par ses mots, Jérémie Gindre nous démontre que le trouble d »une personne, peu importe son degré d »amplitude et la situation dans laquelle il se trouve, peut être mal identifié, éphémère, n »avoir d »importance que pour son porteur ou être salvateur.

Jérémie Gindre

Jérémie Gindre

Si On a eu du mal démarre par deux excellentes nouvelles, rythmées et bien construites, les trois dernières pourront laisser un peu plus perplexe. Un ordre différent aurait peut-être donné un meilleur équilibre à l »ensemble, qui nous présente le meilleur dès le début et peut lasser sur la fin.

Un livre, malgré ce petit bémol, brillamment écrit, efficace et très divertissant.

Le site de Jérémie Gindre

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