Ne vous y méprenez pas : Le soleil à mes pieds n’est pas un roman qui vous fera rêver à vos vacances passées au bord de la mer… Non. C’est un roman plutôt noir, qui fait réfléchir, et qui nous entraîne dans une histoire de famille lourde et mystérieuse.
Comment ça je viens de vous couper toute envie ? Mais non. Le soleil à mes pieds est un dense et sensible roman de rentrée littéraire, comme on les aime.
Le roman raconte l’histoire de deux soeurs. La grande, et la petite. On ne connaît pas leurs prénoms. On sait seulement qu’elles sont adultes aujourd’hui, vivent non loin l’une de l’autre, et ont l’air très seules. La grande semble être une nymphomane assumée, raconte à sa petite soeur les histoires abracadabrantes de son quotidien, alors que cette dernière préfèrerait qu’elle la laisse tranquille. Difficile de déterminer quelle relation elles entretiennent toutes les deux. Une très forte dépendance, c’est certain. La grande a une présence écrasante, mais la petite ne se figure pas sa vie sans elle.
Mais que leur est-il donc arrivé de si terrible ? Pourquoi sont-elles devenues si associales, si marginales ? De quoi la petite soeur a-t-elle constamment peur ? Pourquoi cette façon de s’isoler des autres, la peur d’aller travailler, cette sensation d’être constammet salie… ?
On parcourt alors les chapitres un peu fièvreusement, dans la crainte de ce que l’on va découvrir. Le roman distille parfaitement bien le suspens et l’attente fébrile du lecteur. La tragédie qui lie les deux soeurs va être révélée au fur et à mesure.
Dans un style sobre et élégant, Delphine Bertholon nous amène à réfléchir sur une relation familiale bien particulière. Une mention spéciale pour les figures de style, discrètes mais bien présentes, surtout concernant la petite soeur. Prostrée, appeurée, solitaire, la petite change peu à peu de caractère, et la manière d’écrire à son sujet est modifiée aussi… Un tour de main efficace qui donne beaucoup de force au texte.
Autre chose aussi à quoi on n’est pas forcément habitué : impossible de s’identifier aux personnages. Pas à la petite soeur, encore moins à la grande. Même si au fur et à mesure, certaines destinées se modifient et entrent davantage dans un « moule » qui nous est plus familier, on fait avec appréhension la découverte des soeurs et du secret qui les lie. Une expérience que j’ai rarement fait. Voir ainsi bouleverser mes codes de lecture habituels a été pour moi l’un des intérêts principaux de ce roman.
Sans jamais tomber dans le pathos, Delphine Bertholon déroule le fil des événements jusqu’à la révélation finale. Le livre se lit d’une traite : on a trop envie de savoir ! Je ne vous en dirai pas plus, ce serait gâcher.