Parce qu’il en faut pour tous les goûts : après vous avoir chaleureusement conseillé l’excellent Oh, my dear paru au Cherche Midi, la rédaction de Small Things vous parle du romantique Nina. Je ne vous cache pas que tous les chapitres ne sont pas joyeux ; le personnage principal a en effet l’intention de mettre fin à ses jours… Il n’en reste pas moins que malgré cet état de fait négatif, Nina rassemble vraiment de jolis éléments, ainsi qu’une multitude de personnages tous aussi attachants et sympathiques les uns que les autres.
Dans son petit appartement parisien, Adrien voit la vie en noir. Un mal-être de longue date, qui remonte à la surface. Un soir, alors qu’il décide d’en finir avec la vie, il s’installe à son bureau pour rédiger des lettres d’adieu. Il écrit à Rose, son adorable voisine. Puis, dans un élan quasi inconscient, alors que des instants épars de sa vie défilent devant ses yeux, il commence à écrire à Nina… Nina, cette jeune fille qu’il a connue adolescent, qu’il a aimée tendrement et perdue de vue progressivement. Cet amour platonique qui semblait réciproque va hanter les dernières heures de la vie d’Adrien. Fièvreusement, il lui adresse des pages et des pages, des mots d’amour retenus si longtemps et presque oubliés. Avant d’avaler une dose mortelle de médicaments.
Le lendemain matin, les proches d’Adrien retrouvent les lettres adressées à Nina. Nicolas, son frère, les récupère et se pose la question de les envoyer ou non à la jeune femme. Il décide de se donner le temps de la réflexion et les garde avec lui. C’est alors qu’Emilie, la baby-sitter des enfants de Nicolas, va trouver ces missives par hasard, les parcourir, et tomber complètement sous leur charme. Jeune fille intuitive et débrouillarde, elle décide de les « emprunter » afin de les montrer à un éditeur qu’elle connaît bien…
Difficile de vous parler du roman, car il est hors de question que je vous en gâche le suspens. Suspens parfaitement maîtrisé par les auteurs jusqu’à la dernière page. On ne se doute pas de ce qu’il va finalement arriver. Frédéric Lenoir et Simonetta Greggio jouent avec les nerfs de leur lecteur, et lui proposent maints rebondissements avant d’accéder au dénouement ! On a beau se douter vaguement de ce qu’il serait « logique » qu’il se passe, de chapitres en chapitres, on n’en est finalement pas bien sûrs, et on se demande régulièrement ce que les auteurs vont encore pouvoir nous inventer !
Je dois être honnête : je n’ai pas accroché immédiatement. Loin de là. Je ne vous cache pas que les premières pages constituant la longue lettre d’Adrien à Nina, sont assez rébarbatives. Le jeune homme amoureux se répète beaucoup. On est d’accord, les lettres d’amour sont rarement originales, et on ne peut sûrement pas se vanter d’en avoir écrit de plus captivantes, mais le roman met du coup trop longtemps à démarrer à mon goût. J’ai même failli lâcher… et cela aurait quand même été dommage. Au fur et à mesure du livre, de nouveaux personnages apparaissent, tous très attachants et absolument crédibles. En particulier la jeune Emilie que j’ai beaucoup aimé, ainsi que l’éditeur, Robert… Qui quand on connaît un peu le monde de l’édition, nous rappelle vaguement quelqu’un… Cette partie m’a amusée, car j’y ai retrouvé mes repères. On sent que les auteurs savent bien de quoi ils nous parlent, et le clin d’oeil est appréciable.
A noter la dimension philosophique que l’on retrouve en fil rouge tout au long du roman. L’amour platonique, inassouvi, non-vécu, qui hante si fort la personne qui l’a ressenti, qu’elle lui dédierait sa vie. C’est le cas d’Adrien qui présente dans ses lettres Nina comme le symbole, le centre, de toute sa vie, au moment où il décide de mourir.
« Un amour non vécu n’est pas un amour perdu. C’est un amour qui vous perd, qui vous possède plus que vous n’en êtes dépossédé. »
Chacun pourra éventuellement y trouver un écho dans sa vie personnelle. Il n’y a pas de logique à se souvenir beaucoup mieux d’un amour non-vécu, que d’un amour vécu qui est censé avoir été plus sincère, car plus concret. Mais qu’est-ce qui empêche le souvenir de l’amour non-vécu de s’estomper ? La frustration ? Le sentiment trop présent d’avoir manqué quelque chose ? Petite réflexion en arrière-plan qui n’est pas inintéressante. J’ai été presque déçue que la question n’ait pas été davantage traitée. Mais bon, il s’agit d’un roman, pas d’un essai philosophique.
Pour finir, je vous en conseille donc la lecture, si vous aimez les jolis romans d’amour à petites touches philosophiques.