C’est aux Editions des Busclats que Stéphanie Hochet nous revient cette fois.
« Les éditions des Busclats se proposent de publier des écrivains reconnus à qui elles demandent de faire un pas de côté. D’écrire en marge de leur œuvre, un texte court – récit, essai, nouvelles, lettres…- qui sera, selon leur cœur, une fantaisie, un coin de leur jardin secret, un voyage inattendu dans leur imaginaire. Cependant les éditions des Busclats ne s’interdisent pas d’ouvrir leurs pages à des inédits de grands écrivains disparus, ni de se laisser séduire par des textes d’écrivains inconnus et prometteurs. » http://www.editionsdesbusclats.com/les-editions/
Naturellement doué pour le dessin, les tatouages exercent sur le narrateur une sorte de fascination. « Je saurai plus sur toi quand j’aurai vu. Avec quelle image, quelle phrase profanes-tu ta peau ? » Son destin croise un jour celui de Dimitri, tatoueur de son état, grand, solide et dégageant une force masculine rassurante. A force de dessiner les modèles de tatouages pour lui, il finit par demander à Dimitri de le tatouer à son tour. Ca sera « vulnerant omnes, ultima necat » (Toutes blessent, la dernière tue), cette phrase découverte au détour d’un musée italien et qui le percute de plein fouet. Elle deviendra son talisman, elle fait désormais partie de lui. « Ecrire Vulnerant omnes, ultima necat sur la peau, c’est lier l’avenir du tatoué à la signification de cette phrase, c’est décider de son destin. »
Pressé de montrer son corps nouvellement orné de ces mots qui le font vibrer à de nouvelles conquêtes féminines, le narrateur déchante pourtant vite lorsqu’il s’aperçoit que les premiers mots s’estompent au fil des jours. L’encre disparait peu à peu sous sa peau, son sang se fait d’encre. Une maladie s’en est prise à son sang et la folie semble le guetter. Il tombe amoureux, lui qui ne s’était jamais attaché à personne, doute de son ami Dimitri, s’isole de plus en plus.
Le style est tendu. La plume est précise, incisive. Une écriture directe et sans concession. Stéphanie Hochet vise et fait mouche à chaque page. C’est un combat permanent avec les mots. Elle joue avec eux, ils se jouent de nous, cèdent sous sa plume et nous parviennent dans une forme épurée et efficace. Dans ce court roman flirtant avec le paranormal, Hochet nous entraine dans son délire, et on la suit.
Née en 1975, Stéphanie Hochet est l’auteur de 9 romans :
Moutarde douce (Robert Laffont)
Le Néant de Léon (Stock, 2003)
L’apocalypse selon Embrun (Stock, 2004)
Les Infernales (Stock, 2005)
Je ne connais pas ma force (Fayard, 2007)
Combat de l’amour et de la faim (Fayard, 2007) – Prix Lilas
La distribution des lumières (Flammarion, 2010) – Prix Thyde Monnier de la Société des Gens de Lettres
Les Ephémérides (Rivages, 2012)
Sang d’encre (Busclats, 2013)
Site de l’auteur : http://stephaniehochet.net/