On a terminé

Evil (Paramount+) : fin d’une grande série ?

La série des King, Evil, se termine sur Paramount+ après 4 saisons quasiment passées inaperçues. Peut-on parler de série à rattraper d’urgence ?

Pour les lecteurs fidèles et les auditeurs de Serial Causeurs, vous savez qu’Evil est un peu la chouchoute ici. Nous avons, pendant toutes les saisons, défendu la série, ses choix audacieux, ses qualités et ses étonnantes histoires. Avec une fin décidée il y a peu, et l’ajout de 4 épisodes pour conclure la série, Evil sort-elle par la grande porte qu’on lui avait construite ? Et cette porte est-elle vraiment quelque part ?

Evil et sa foutue saison 4

Difficile de réagir encore à chaud à cette fin, à cette saison 4. Je prépare une longue vidéo récap, j’ai donc encore dans la tête toute la série. Mais je ne compte pas en faire une vidéo critique. C’est là où, ce matin, je me suis dit : mais au fait,  je n’ai aps parlé d’Evil. Mais voulais-je en parler ? Je n’ai quasiment rien à dire de vraiment pertinent. Je suis dans une position où je ne pense pas que c’est nécessaire d’en parler. C’est fou.

Suis-je dans le déni ? Je ne sais pas. Je n’ai aps suivi cette saison 4 avec passion. J’ai trouvé la série bonne, je ne l’ai pas trouvée excellente. C’est peut-être pour ça que j’ai du mal à juger car j’ai un certain scrupule à vouloir juger quelque chose que je ne veux pas voir juger.

Alors, pour faire simple, je vais juste dire que la saison 4 a commencé étrangement, avec un parti pris scientifique étonnant. Je pensais que ça allait être une saison avec le point de vue d Ben. Mais il n’en est rien. Après quelques épisodes très Black Mirror, la série revient à ses fondamentaux tout en essayant de raccrocher quelques wagons. Kristen est la mère de l’antéchrist, sauf que ça ne pèse que très peu dans les intrigues. On sent que la série, pas annulée à ce niveau, veut jouer sur les rapports entre les personnages plutôt que sur les intrigues. Et ça marche. On n’a rarement vu le trio aussi proche, avec des scènes entre eux très plaisantes.

Evil saison 4

Sauf que ce n’est pas ça que l’on veut, du moins, pas totalement. Alors, on revient aux problèmes de possession, de cas étranges et toujours fascinants. Des gens qui ne s’arrêtent pas de danser, des gens qui perdent leurs mots, et une technologie invasive. Cette technologie, au centre de la mythologie de la série, s’immisce de plus en plus pour faire de la série une Black Mirror-like, vraiment.

Evil fait du Evil ?

Est-ce que ça marche ? Oui, Evil reste surprenante à bien des niveaux, toujours solide dans son écriture, moins rigoureuse dans son univers. Kristen se fiche un peu de l’antéchrist, on ne voit rien qui pèse sur nos héros. Même Ben et son Djinn et David et ses épreuves de vision ne peuvent apporter quelque chose de vraiment… passionnant. On a du mal à saisir les enjeux.

C’est quand les 4 épisodes de « conclusion » arrivent qu’on craint que la série ne parvienne pas à boucler la boucle. On ne voulait pas que tout soit réglé. On le sait, la série laisse beaucoup de ports ouvertes. On ne souhaite pas nécessairement des réponses à tout, mais au moins, que les personnages terminent une quête. On tend vers une fin, oui. On ne sent pas un certain rush à boucler la série, mais plutôt à la diriger vers une fin normale de série avec un changement totale de situation.

Evil saison 4

Le problème, qui a toujours été celui d’Evil, est qu’elle rate quasiment à chaque fois ses idées les plus simples. Faire peur avec la technologie, oui. Faire en sorte d’y croire, c’est autre chose. Faire des scènes d’épouvante, oui. Faire en sorte que la cohérence soit là, non. Je ne parle pas de crédibilité, mais bien de cohérence. Quand David a une vision, les mouvements de sa tête ne vont pas avec les mouvements de la caméra, c’est pourtant simple. Tout comme l’usage de la technologie qui passe vraiment pour un travail 3D brouillon.

Sa rigueur n’est donc pas totale. On passera volontiers sur la fin de la série qui est, finalement, assez simple, et qui ouvre une nouvelle porte, tout en concluant la saison, à défaut de conclure leur histoire. Tant mieux. La série est un carton sur Netflix (l’est-elle encore d’ailleurs? Ou les gens se sont-ils éloignés d’une série qui ne propose aucun pay-off ?), Katja Herbers milite sur X / Twitter pour qu’on sauve la série. C’est tout. La série ne semble toujours pas dans les médias. On en parle peu.

La série n’a pas été là où on l’attendait, là où elle prévoyait d’aller (on pense au livre des anges teasé en saison 3 et oublié en saison 4). Il y avait, assurément, un potentiel inexploité qu’on regrettera.

Evil restera une de mes séries favorites. Elle a été surprenante, et c’est tout ce que je demande à une série. Ce mix de formula show et de feuilleton a été parfaitement maitrisé. Les personnages sont devenus attachants. Le bestiaire est fabuleux. Il y avait moyen de proposer tellement de choses, de faire des changements de ton volontiers. Grande série ? Je ne sais pas. Elle a été l’une des rares à proposer un vrai rendez-vous, un vrai univers, des codes, et, surtout, à ramener le surnaturel à la télévision dans une manière qu’on aime, que j’ai aimée, celle qui m’a fait aimer X-Files…

Evil aura t-elle une saison 5 ? On le souhaite. Les acteurs vont trouver d’autres projets, ils sont bons. Les King vont continuer à faire leurs projets, ils sont bons également. Tout peut arriver. Et ça ne viendra pas que de Netflix.

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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