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Late Night with the Devil : un démon s’invite en direct à la TV

Soutenu par une belle réception en festivals, Late Night with the Devil reste encore inédit dans nos contrées. C’est sur Prime Video US que le film a atterri. Vaut-il le coup, est-ce vraiment le film original qu’on nous vend ? Verdict.

Jack Delroy (David Dastmalchian, trilogie Batman de Nolan) cherche désespérément le petit quelque chose qui manque à son émission de divertissement pour dépasser la concurrence. Le soir d’Halloween, les segments se succèdent et l’ambiance commence sérieusement à déraper sur le plateau, en plein direct.

Télé du réel

On aime quand la réalité se mêle à la fiction, ou quand les limites sont floues. Ici, tout est fait pour qu’on croit à cette émission maudite. Le duo de scénaristes / réalisateurs Cameron Cairnes et Colin Cairnes met le maximum pour que ce Late Show ressemble à quelque chose de crédible. Mais la crédibilité reste fragile au fil du métrage…

Late Night with the Devil

Delroy construit son émission avec minutie, il a un détracteur du paranormal, un fantasque médium et un témoignage accablant. C’est donc tout naturellement que l’émission va aller crescendo. Cela devient même une obligation vu que l’on est dans la logique d’une fiction qui doit monter en puissance. C’est vraiment quand la petite Lilly arrive sur le plateau, qui se dit possédée, que le film va prendre une tournure plus mouvementée. La confrontation sceptique / croyant bat son plein sur le plateau, les arguments s’envolent et on pense même à une émission truquée pendant un certain temps. Le script est alors assez malin pour qu’on garde cette impression en utilisant le principe du contrôle du direct et de l’archive. Mais si Dastmalchian tient le métrage à bout de bras, c’est tout le reste qui perd un peu en intensité au fil des scènes. Ce n’est pas tant les effets qui pêchent mais le suspens. Nous sommes de plus en pl us dans la monstration. On ne fait plus dans la dentelle et Late Night with The Devil perd alors sa crédibilité « fictive » pour devenir une petit farce horrifique.

Le réel et la crédibilité font mauvais ménage

Le gros problème de Late Night with the Devil est de vouloir en faire trop et de se rendre coupable de détruire cette impression de vérité. Des petits effets de glitch ne font pas tout. L’émission semble vraiment devenir un train fantôme de moins en moins crédible, la faute à un visuel grossier. Le film aurait gagné à en faire moins, à être plus subtil pour garder sa cohérence, sa crédibilité donc mais, surtout, son suspens. Le final est, en ça, très très osé, dans sa forme, dans sa mission. Nous ne sommes plus dans les rushes entiers de l’émission, dans un simili found-footage, mais on est dans un cauchemar véritable.

Late Night with the Devil

Si la note d’intention était bonne, le duo Cairnes se perd. Mixer les rushes de l’émission et les images des coulisses était une bonne idée. Cela permettait de donner un peu d’épaisseur et de développement à des personnages pour qu’ils deviennent des personnes. Le « vrai / faux » ne tient pas la longueur. Les Cairnes ont voulu embarquer le spectateur dans un « ride » horrifique qui se transforme légèrement en « trip ». Et les « trips » ne sont pas toujours de bon goût. 

Late Night with the Devil tient son originalité du traitement général de son intrigue, de son décor, de son environnement, de sa temporalité. Ce n’est pas une bête histoire de possession, c’est un combat frontal avec le Mal dont on ne sait rien et dont on ne saura rien. L’esthétique 70s, l’ambiance Halloween, le format 4/3 donnent un certain cachet indiscutable au film. Il faut juste adhérer à un propos qui aurait pu être moins radical dans son traitement, moins fantasque. On est clairement moins dans un film d’épouvante que dans un film fantastique.

Late Nith with The Devil attend une date de sortie en France, sur une plateforme, au cinéma ou en vidéo. Il faudra aller du côté du Prime Video US pour avoir la chance de découvrir ce petit film bien malin.

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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