Critiques de films

Argylle de Matthew Vaughn : comment se vautrer en 2h20 ?

Argylle aurait pu finir sur Apple TV+, mais une sortie ciné lui allait comme un gant. Un casting plutôt sympa nous offre un film d’action comme Vaughn sait en faire. Mais sait-il se renouveler ?

Matthew Vaughn a gagné ses lettres de noblesse chez les cinéphiles adorateurs de films classieux et impeccablement mis en scène. Depuis Layer Cake en 2004, Kick-Ass en 2010 et Kingsman en 2014, Vaughn a excellé dans les films qui envoient. Si on lui oublie souvent Stardust, le mystère de l’étoile (2007) et X-Men : Le Commencement (2011), c’est juste parce que Vaughn se répète depuis le succès de Kingsman. Une suite, une préquelle et voilà qu’on se demande si le réalisateur anglais pouvait faire autre chose. Bim, Argylle débarque.

Paf, pas de chance, il change juste l’histoire, mais Argylle est – déjà – un sous-Kingsman.

 

Casting de bonnes têtes

Vaughn met les chances de son côté en rappelant Henry Cavill (vu dans Stardust), John Cena (Peacemaker), Samuel L. Jackson (tous les films), Sam Rockwell (Moon), Bryce Dallas Howard (Jurassic World), Bryan Cranston (Breaking Bad), Catherine O’Hara (Schitt’s Creek) et même la chanteuse Dua Lipa. Cette dernière avait fait exploser le sexomètre dans la scène partagée avec Henry Cavill. Les deux grosses machines de sex-appeal se rencontraient sur la piste de danse dans le teaser du film. On s’attendait donc à un film qui partait avec un capital sympathie élevé. Il faut le dire, Argylle prenait un peu le synopsis de Le Secret de la cité perdue avec Sandra Bullock et Channing Tatum, sortie en 2022, où une auteure se voyait prise dans ses propres aventures de romans.

Critique de Argylle de Matthew Vaughn

Ici, même chose, Elly Conway (Dallas Howard) est une romancière spécialisée dans l’écriture de romans d’espionnage mettant un agent secret fictif nommé Argylle (Henry Cavill). Cette femme très introvertie quitte rarement son domicile. Elle se retrouve liée aux activités d’un sinistre syndicat criminel clandestin et est secourue par un espion nommé Aiden (Sam Rockwell). Elly et son chat bien-aimé Alfie sont alors plongés dans un monde secret où la fiction de ses romans rejoint la réalité y compris même qu’elle découvre que l’agent Argylle existe pour de vrai.

Critique de Argylle de Matthew Vaughn

Argylle a donc deux univers qui s’entrechoquent au fil du film. La question, et l’attente, étaient de savoir comment ces univers allaient se mouvoir dans le film, comment Henry Cavill allait être le personnage principal du film (il est au devant de toutes les affiches). Vaughn a alors la bonne idée de monter en parallèle les scènes d’action d’Aiden avec celle d’Argylle qui prennent forme dans l’imaginaire de Conway. Cela nous donne des scènes d’action où le montage fait le reste. C’est jouissif de voir Cavill s’amuser dans ce rôle d’agent beaucoup trop cool. On le sent à l’aise dans l’action et la comédie.

 

Deux univers, mais film assez plat

Reste que ce gimmick n’est pas le sujet du film. En effet, Argylle est avant tout un film d’espionnage où Conway se retrouve, malgré elle, dans un buddy-movie un peu en pilote automatique. Comme La Cité Perdue, comme Night and Day avec Tom Cruise et Cameron Diaz, le fait de voir un personnage comme un cheveu sur la soupe au milieu de fusillade fait vieux jeu. Argylle s’embourbe dans des clichés un peu vieillots et pas du tout remis au goût du jour. On commence alors à s’ennuyer ferme. Et comme le scénario n’a rien d’autre, il aligne les rebondissements pour maintenir l’intérêt.

La multiplication des personnages et cette note d’intention de la bande-annonce qui se termine sur la véritable d’identité d’Argylle créent des attentes de plus en plus grandes pour que le ballon se dégonfle assez rapidement. Les premiers rebondissements sont assez moyens, déjà vus et les ultimes (car il y en a jusqu’à la dernière scène) sont fatigants.

Critique de Argylle de Matthew Vaughn

Argylle n’a clairement pas les épaules pour être un blockbuster qui va redorer le genre. On le pensait original. Finalement, il est adapté du vrai roman Argylle, écrit par Elly Conway dont on ne sait rien. Le Web s’emballe en pensant que ce serait Taylor Swift elle-même… C’est donc une vraie fausse adaptation, en tous les cas, une vraie opération marketing et on s’en fiche un peu. tout ce qu’on veut, c’est un film réussi.

Vaughn se répète

Malgré les efforts de tout le monde, Bryce Dallas Howard en tête, le film ne prend jamais, la faute à un script qui ne se base que sur des rebondissements. Les scènes d’action restent des ersatz de celles de Kingsman. Deux sortent du lot, en fin de film, mais sont assez ridicules. L’esprit un peu « cool » que dégagent les films de Vaughn est ici rincé. Les chansons rétro sur les scènes d’action, les effets de mise en scène tape-à-l’oeil, les violons appuyés lors des scènes d’émotion (la musique de Lorne Balfe est sans âme), tout sent l’artificiel. Argylle devient assez inoffensif rapidement malgré une première scène qui aurait pu donner le ton. Du Barry White, un duo Cavill / Lipa, un sidekick Cena, une scène d’action bourrine, pour finalement, un univers qui reste fictif.

Critique de Argylle de Matthew Vaughn

Comme la Cité Perdue, le film se la joue petit bras, préfèrant jouer à fond sur le duo à l’écran. Sauf que Rockwell et Howard n’ont pas l’étoffe pour tenir un film. Ils sont des secondaires. On ne va pas parler du reste du casting qui fait ce qu’il peut. Samuel L. Jackson a toujours un excellent agent pour le faire jouer deu scènes pour un maximum d’argent… Argylle a de la gueule, mais se fout de notre gueule tout de même. Le plaisir se dissipe de scène en scène.
Cela reste un honnête film de divertissement. Certains vont aimer ce côté assumé, idiot et fun, d’autres vont trouver ça longuet et pas vraiment intéressant. Ici, on est dans la seconde team, hélàs. On aurait voulu adorer. Mais trop peu de Cavill, de Lipa, trop de rebondissements, trop de tout et pas assez d’effets.

 

Argylle, premier volet d’une trilogie et univers partagé avec Kingsman ?

Vaughn doit se renouveler et ce n’est pas la suite de ses projets qui vont le permettre. En effet, il a déclaré qu’il voulait connecter Argylle et Kingsman. Les premiers indices le confirment dans la scène mi-générique d’Argylle…

Attention, ceci est un résumé de la scène post-crédit d’Argylle. Spoilers évidents !

20 ans plus tôt, bar The King’s Man. Un jeune homme arrive au bar et s’entretient avec le bartender en message crypté. Ce dernier lui demande son nom : il s’appelle Argylle.

S’en suit l’affiche/ couverture du livre Argylle, avec les mots Argylle le film Tome 1 prochainement.

Les univers Argylle et Kingsman sont donc liés faisant de l’agent Argylle un agent Kingsman, ou voulant approcher les Kingsmen.

Henry Cavill dans Kingsman 3 On aimerait beaucoup le revoi, quitte à ce qu’il ne fasse jamais James Bond.

 

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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