Jan : l’enfance révoltée, par Claudine Desmarteau

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Jan a beau être estampillé « roman jeunesse » sur le site des éditions Thierry Magnier, le livre s’adresse, de par son sujet grave, à tout type de public. Claudine Desmarteau, par ailleurs auteur d’albums jeunesse, maîtrise son sujet et nous entraîne avec brio dans les pensées d’une petite fille perdue.

La narratrice du roman, Janis, est au collège. Elle commence par nous raconter de jolis souvenirs de bonheur et d’insouciance en famille, avec ses parents et son petit frère Arthur. Janis, surnommée Jan, nous précise très vite qu’elle a une légère tendance à s’énerver. Rien de grave, mais elle ne se laisse pas faire et a les armes pour pour se défendre, ce qui rend son père plutôt fier. Tout se passe bien au collège, malgré quelques difficultés de concentration. Elle a des amis et des professeurs attentifs, qui savent comment piquer sa curiosité.

janMais à la maison, le père boit un peu trop. De plus en plus. La mère lance des avertissements mais un soir, c’est la fois de trop. Il rentre bourré du « Bar des amis » et la mère le fout dehors avant de partir « prendre l’air ». Une heure, deux heures… Les enfants se retrouvent seuls chez eux, apeurés. La mère ne répond plus à son téléphone portable. Le père finit par rentrer, dans un état déplorable, et se blesse. Jan appelle les pompiers puis arrive la police et les deux enfants se retrouvent accueillis dans un foyer. Pour la nuit, tout d’abord, puis quelques jours, quelques semaines…

Débute alors le calvaire d’une petite fille qui passe de foyers en familles d’accueil, alors que tout ce qu’elle voudrait, c’est retrouver ses parents, même s’ils ne sont pas parfaits. Submergée par l’incompréhension et le sentiment d’injustice, difficile pour elle se retenir ses accès de colère.

Grâce au film Les 400 coups de Truffaut, que son professeur de français lui a fait découvrir, Jan parvient à trouver du courage et s’inspire d’Antoine Doinel qui, malgré tous ses ennuis, garde en tête son amour de la liberté et fera tout pour l’obtenir à nouveau.

Claudine Desmarteau

Claudine Desmarteau

Dans Jan, Claudine Desmarteau parvient à nous faire ressentir les émotions de la petite fille avec brio. Cela vient évidemment des tournures de phrases enfantines truffées d’expressions toutes faites et non maîtrisées. Mais pas seulement : en s’en tenant strictement au point de vue de Jan, l’auteur nous fait ressentir les émotions mêlées d’une petite fille qui se débat dans cette vie qui lui échappe. On garde difficilement un regard distant et objectif quant à la situation et on a le cœur brisé bien souvent.

Jan est une véritable réussite, un livre extrêmement sensible et bien mené. Il a même son lot de suspens et la fin ouverte est magnifique !

Je suis pas le genre de personne qu’il faut chercher avec des noises. J’ai toujours été comme ça, paraît même que quand je suis née, j’avais mes petits poings serrés en gueulant comme un nouveau-né pas commode, c’est mon père qui raconte ça quand il est fier d’avoir une fille qui n’est pas une gonzesse. Moi j’ai des doutes sur ce qu’il est capable d’inventer quand il a des souvenirs pas clairs, et je parie que le jour de l’accouchement, il avait commencé à fêter ça avant que je survienne du ventre de ma mère.

Lire un extrait sur le site des éditions Thierry Magnier.

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