Le Papyrus de César, 36è album d’Astérix : par Toutatis ! Ils sont fous chez Wikilix !

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Le Papyrus de César, 36ème album des aventures d’Astérix et Obélix, est paru le 22 octobre 2015 aux éditions Albert René. Albert Uderzo a cédé sa place au dessinateur Didier Conrad et au scénariste Jean-Yves Ferri, ce qui pouvait laisser dubitatif quant à la qualité de cet album. Le dernier en date, Astérix chez les Pictes, avait suscité des critiques quelque peu mitigées. Il est en effet très difficile de poursuivre une magnifique série d’aventures érigée au panthéon des meilleures bandes dessinées de tous les temps ! Jean-Yves Ferri et Didier Conrad ont un sacré poids à porter sur leur épaules. Mais ont-ils relevé le défi dans Le Papyrus de César ? Absolument ! Et c’est une très belle surprise.

Dans Le Papyrus de César, nous retrouvons Jules César qui vient de terminer l’écriture de son livre, La Guerre des Gaulles. Mais son plus vil conseiller, Promoplus, lui précise qu’il ferait mieux de censurer le passage où il n’a toujours pas réussi à vaincre le village d’irréductibles Gaulois, en Armorique. Ce faisant, Promoplus se rend directement chez les Numides, surnommés « nègres littéraires » pour de bien bonnes raisons, et qui doivent détruire ce passage. Mais l’un de ces scribes s’échappe et le donne à Doublepolemix, dessiné sous les traits de Julien Assange de Wikileaks. Celui-ci s’enfuit chez les Gaulois pour leur remettre le précieux papyrus. Panoramix se penche sur le problème et précise bien que les Gaulois sont un peuple de tradition orale. Que faire donc de cet écrit ? Vont-ils réussir à faire éclater la vérité avant que les Romains ne viennent récupérer ce papier polémix ? Polémique, pardon… ?

1er_De_Couv_Papyrus 2.inddComme il est facile de le constater, Le Papyrus de César traite de l’affaire Wikileaks et de la fuite des informations. Informations qui mettent à mal la crédibilité de l’État. Et cette prise de position de faire la critique de notre société actuelle fonctionne à merveille chez Astérix, toujours prompt à caricaturer finement et sans méchanceté aucune ses contemporains. Promoplus, « le méchant » de cette histoire, a été inspiré par le journaliste Jacques Séguéla, qui a prêté ses traits à ce personnage pour l’occasion. De même, un clin d’œil à Frantz-Olivier Giesbert dans Le Mundus existe aussi. L’échappée du papyrus fait fortement penser à l’affaire Wikileaks, et d’ailleurs, Doublepolemix a bien failli s’appeler « Wikilix » avant que les créateurs ne changent d’avis et préfèrent un nom plus transparent. Les références à internet ne manquent pas dans cet album, ce qui est juste hilarant. Les pigeons voyageurs servent de mails, les pirates s’illustrent dans… le piratage, les fuites d’informations abondent et les quiproquos rocambolesques s’enchaînent, ce qui finit en apothéose avec « la procédure d’urgence » qui peine à se mettre en place. « Un laisser-passer A38 » impossible à obtenir. Les calembours et les traits d’esprits fusent à tout va, à un point que j’en était réduite à éclater de rire toutes les deux cases. Il ne vaut mieux pas trop citer de passages de la bande dessinée, au risque d’éventer les trop bonnes plaisanteries qu’elle contient. Le Papyrus de César contient ainsi plusieurs niveaux de lecture : les enfants s’amuseront des gags et des aventures, tandis que les adultes verront bien le parallèle effectué avec les travers de notre société et la fuite des infos sur ordinateur. C’est vraiment très drôle, pertinent, bourré d’intelligence et de clins d’oeil malicieux. Le challenge de poursuivre les aventures d’Astérix, sans Goscinny ni Uderzo, est parfaitement relevé.

Astérix a quelque chose de rassurant, comme d’une madeleine de Proust indissociable de notre patrimoine français. Son caractère optimiste apaise : les Romains se prennent toujours des baffes, la potion magix… magique, pardon, est toujours de la partie, et on sait qu’il y aura toujours le happy end du banquet à la fin. En fait, c’est toujours la même chose, mais on en redemande. Et cette constante met de très bonne humeur, en ces temps troubles. Cette bande-dessinée est très efficace pour mettre un coup de boost sur notre moral qui en a énormément besoin en ce moment. Après la lecture du Papyrus de César, on se sent indiciblement heureux d’avoir renoué avec notre enfance, ce passé de l’insouciance disparue. Alors ne passez pas à côté de ce petit chef d’œuvre qui ferait un bon cadeau de Noël. C’est une vraie réussix ! …. réussite. Hum.

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