La dernière fée de Bourbon est un livre écrit par Ophélie Bruneau et sorti ce mois-ci aux éditions du Chat Noir. Nous nous retrouvons en 1873, sur l’île Bourbon qui est hantée par les diwas, des créatures magiques incomprises des Hommes. Lisha Payet est née sur cette île mais a grandi sur l’île Maurice. Lorsqu’elle se marie au capitaine Narcisse Blandron, elle retourne sur les terres qui l’ont vue naître. Lisha est loin de se douter qu’elle sera au cœur d’une guerre entre occupation anglaise et habitants de l’île voulant se libérer, mais aussi entre Hommes et diwas.
La dernière fée de Bourbon est un roman original qui mélange histoire, romance et surnaturel. La couverture du livre, réalisée par Nicolas Jamonneau, est sublime et correspond parfaitement au récit. Ophélie Bruneau nous entraîne sur l’île Maurice, puis sur l’île Bourbon pendant la domination britannique à la fin du XIXème siècle.
Le premier chapitre est dédié au diwas et plus particulièrement aux « salamandres », qui vivent près d’un volcan et qui peuvent vous tuer simplement en vous touchant. Ces êtres magiques sont exterminés par la population qui voit en elles des créatures du Malin. Mais qu’en est-il vraiment ? Ces diwas sont-ils aussi dangereux que ce que l’on prétend ?
Le second chapitre de La dernière fée de Bourbon nous fait rencontrer l’un des personnages principaux, Lisha. Son histoire est un peu compliquée et il faudra s’armer de patience si vous voulez comprendre tous les secrets qu’elle renferme. En effet, Lisha fait partie des enfants qui ont été arrachés à leur famille comme punition suite à un acte de trahison. Elle a été élevée par une famille de l’île Maurice qui ont passé un contrat lors de l’adoption stipulant qu’une fois en âge de se marier, Lisha devrait retourner sur son île natale. Il s’agit de faire de ces enfants une sorte d’exemple et de rappeler à la population ce fait marquant de leur histoire.
Le retour de ces enfants aura-t-il l’effet escompté ? Lisha devra prendre des décisions difficiles : la famille qui l’a élevée ou bien celle qui l’a abandonnée, l’obéissance ou bien la révolte, son ami d’enfance ou bien l’homme qui la trouble depuis leur rencontre… Si Lisha n’est pas le seul personnage important, elle est tout de même au cœur des intrigues et ses décisions auront un impact sur l’île toute entière.
La dernière fée de Bourbon nous fait rentrer dans un univers particulier. Si le roman prend un peu la forme d’une romance historique au début, il en est pourtant très loin. Certes la romance sera présente mais le plus important se situe surtout dans la partie historique et surnaturelle. La révolte gronde, la guerre est prête à éclater et les diwas qui continuent de se faire exterminer sont peut-être eux aussi à bout. L’auteur mène l’intrigue sur plusieurs fronts sans nous perdre, rendant ce récit addictif et original.
Le petit point négatif se situe pour moi au début de La dernière fée de Bourbon : il est difficile de comprendre l’histoire et les personnages si bien que certains seront peut-être tentés d’abandonner avant que le roman ne devienne véritablement intéressant. Les explications viennent au fur et à mesure et peut-être un peu trop lentement, néanmoins l’histoire vaut la peine d’attendre. Ophélie Bruneau a créé un roman complexe qu’il faut lire jusqu’au bout pour apprécier pleinement son imagination. Son style d’écriture est, par contre, superbe. Il s’adapte parfaitement à la période où l’histoire a lieu sans toutefois paraître lourd. On oublie tout simplement que l’on est en train de lire, nous imaginant suivre Lisha et les diwas dans leurs périples.
La dernière fée de Bourbon est donc un roman qui ne ressemble à aucun autre. Les personnages sont très bien créés et les descriptions nous permettent de rentrer dans l’histoire facilement. Si le début peut paraître long, la suite est quant à elle addictive. Un roman qui se savoure et qui, une fois refermé, nous laisse rêveurs.
«- Y croyez-vous vraiment ? Éliminer les salamandres, voilà le véritable crime !
– Ce sont des diwas, des créatures nuisibles et impies. En les tuant, nous les empêchons de s’en prendre aux cultures.
– Qu’en savez-vous ? Je n’ai jamais entendu parler d’un champ brûlé par une salamandre, et pourtant, je vis sur cette île depuis ma naissance. Et vous, monsieur l’officier ? Vous qui êtes allés à l’école plus longtemps que moi, dites-moi si je me trompe ! »
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