L’immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes – Karine Lambert

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L’immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes de Karine Lambert est sorti le 9 juin au Livre de Poche. Un roman assez court et plutôt perché, qui se passe dans un immeuble parisien. Carla part en voyage pour plusieurs mois, et propose à son amie Juliette de reprendre son appartement, situé dans une résidence très particulière… Régenté par celle que l’on appelle la « Reine », ancienne danseuse étoile qui occupe le dernier étage, l’immeuble a une règle : il est interdit aux hommes.

D’abord publié en grand format chez Michel Lafon, le roman de la belge Karine Lambert avait remporté le Prix « Saga Café 2014 », qui récompense le meilleur premier roman belge. Les éditions du Livre de Poche nous le proposent comme lecture d’été.

immeuble-des-femmes-pocheLe moins que l’on puisse dire, c’est que le postulat de ce roman sous forme de contre moderne rend curieux : qu’est-il donc arrivé à ces femmes pour qu’elles renoncent ainsi aux hommes ? Dans un Paris à la Amélie Poulain, les personnages évoluent dans un environnement sur-protégé, style monde des Bisounours. Elles se rendent visite les unes aux autres et, d’un accord tacite, veillent sur la plus âgée d’entre elles, la « Reine », qui est un peu leur gourou. C’est elle qui dicte la règle selon laquelle les hommes ne sont pas autorisés dans l’immeuble. Plus qu’une interdiction, cette règle relève du principe moral puisqu’aucune des locataires n’a ni ne souhaite de relation amoureuse avec un homme. Toutes ont un passé plutôt difficile et décevant en la matière. Seule Juliette, la plus jeune et la plus optimiste d’entre elles, garde l’espoir de rencontrer le « bon ».

La question que je me pose en refermant le roman de Karine Lambert est la suivante : pourquoi est-il si court ? Les personnages qu’elle invente sont truculents, fantasques et ont des milliers de choses à nous raconter. Mais Karine Lambert ne leur consacre qu’un petit chapitre ou deux. Elle s’attarde sur la recherche amoureuse laborieuse de son héroïne Juliette et laisse les autres sur le carreau. Si les pérégrinations de Juliette sur adopteunmec ne nous intéressent très moyennement, les histoires des locataires plus âgées nous laissent un goût de trop peu. Dommage ! On reste sur notre faim en ce qui concerne la Raine, cette danseuse étoile dont le talent a attiré tant d’hommes pour une nuit, quand elle aurait voulu un compagnon pour la vie. On reste sur notre faim aussi au sujet de Giuseppina, femme bridée par l’éducation extrême reçue de son père et de ses frères concernant les hommes. Du coup, moins on apprend à connaître les personnages, et moins on les comprend. Moins on les comprend, plus le fait d’avoir si radicalement « renoncé » aux hommes paraît étrange. Elles ont souffert, et les quelques passages qui leur sont consacrés nous l’expliquent de manière factuelle. Mais la trop mince densité du roman ne nous permet pas de saisir les subtilités de ce « choix » de vie.

Néanmoins, L’immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes remplit bien son rôle de « roman d’été » (le but de la publication en juin, non ?). Karine Lambert nous campe des héroïnes inattendues et pleines de surprises. le personnage de la Reine est particulièrement bien imaginé.

La belge Karine Lambert

La belge Karine Lambert

L’immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes permet de passer un bon moment. Le style de Karine Lambert est frais et poétique. Les descriptions et dialogues sont, et c’est une bonne idée, entrecoupés des pensées des personnages notées en italique. Il vaut mieux s’attendre dès le début à l’aspect schématique de certaines situations et l’aspect expéditif de certains dénouements. Si l’intention de l’auteure est de rendre son histoire touchante de par son innocence, je n’ai pas réussi à y adhérer complètement. Les critiques positives ont écrit, et elles ont raison, que tout n’y est pas aussi lisse qu’il n’y paraît, et j’ai bien saisi en quoi. J’aurais cependant eu besoin d’un peu plus de matière et de subtilités.

– Alors petite… Il n’y a pas d’homme dans ta vie ?

Pour le moment. Mais plus pour longtemps.

– C’est obligatoire pour vivre ici. Les hommes s’arrêtent à la grille.

Et on peut leur envoyer des textos pendant la nuit ?

L’autorité de cette femme, le code de bonne conduite de la maison incitent Juliette au silence. Elle a besoin de cet appartement. Et pourtant, elle ‘a pas envie de lui mentir.

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