The Last of Us (Prime Video) : Craig Mazin nous hypnotise
Voilà, après 9 épisodes, The Last of Us termine sa saison 1. Après des débats enflammés sur certains épisodes, il y a eu deux écoles : les blasés, les enjoués. Les deux ont tort.
Joel et Ellie parcourent les routes en évitant les infectés. Ils croiseront les pires menaces existantes : les Hommes.
Voilà résumée la série que tout le monde attendait. Il est vrai, Last of Us n’est pas, à proprement parler, une série d’action zombiesque. C’est là que le clivage a commencé. Certains y attendaient un Walking Dead like avec beaucoup de combats, de suspens et un peu d’humanité. Les assidus au jeu, eux, savaient qu’il y aurait plus d’humanité que du reste.
Et pourtant…
Et pourtant, adapter un jeu vidéo est risqué et difficile. Il faut que l’expérience joueur soit retranscrite. Sur ce côté, la série n’a pas grand-chose à faire. Last of Us est un jeu plus immersif et narratif qu’actif; Certes, il y a des scènes de shoot, d’action, mais ce qui semble être l’âme du jeu est la relation Joel / Ellie. C’est donc là-dessus que la série mise. Pedro Pascal et Bella Ramsey jouent un duo attachant, du moins, qui doit être attachant.
Beaucoup ont souligné l’aspect un peu ronronnant de la série. Est-ce la faute de la série ? Ou du public ? L’attente n’était-elle pas différente du résultat ? Last of Us est-elle une série à proposition, à interprétation plutôt qu’une série d’imitation ? Oui, la série propose une ambiance pesante, une quête initiatique où les personnages apprennent petit à petit. Après 9 épisodes, on ne peut pas dire que le duo a beaucoup évolué. Du moins, on sent que tout ça a été vite. La série s’est perdue dans les flashbacks et les écarts narratifs.
Les flashbacks sont le cancer des séries. On le sait depuis longtemps, les flashbacks permettent souvent d’approfondir facilement un personnage ou expliquer une situation sans avoir à écrire un dialogue surexplicatif. Au début de la série, les flashbacks nourrissaient l’univers. La situation était expliquée, l’univers s’installait. Puis, c’est devenu quelque chose pour donner de la profondeur au personnage, de nourrir leur background sans que cela était nécessaire si, et seulement si, le personnage était déjà bien écrit à l’origine. L’épisode 7 a été salué car il montrait une Bella Ramsey au top, soit, mais il était surtout là comme pour remplir le temps d’antenne. Les fameux fillers sont contraignants à bien des égards.
Les fillers sont des épisodes de comblage qui, le plus souvent, sont présents dans les animes pour que le manga ait suffisamment d’avance sur l’adaptation. Dragon Ball a, par exemple, créé un arc sur Pilaf, histoire de ralentir la production de l’adaptation manga pour que le support papier reprenne un peu d’avance. Pour des séries feuilletonnantes, souvent, ce sont des bottle épisodes ou des épisodes spéciaux, histoire de donner un peu d’air au récit. Les bottle épisodes sont des épisodes en huis clos pour faire des best-ofs ou des épisodes moins onéreux. Last of Us a donc proposé l’épisode 3 qui a été critiqué pour son aspect un peu factice, voire woke. En effet, on y voit le quotidien de deux survivants gays dont l’un était proche de Joel. Cet épisode arrive très tôt dans la série puisqu’il était l’épisode 3 alors que la série n’avait pas encore proposé grand-chose. Les voix se sont élevées sur les réseaux. Pourquoi cet épisode ? Choix audacieux si ce n’est judicieux. L’histoire en elle-même a été saluée ou conspuée. Outre les réactions anti-gays, c’est surtout une histoire qui semble un peu hors sujet pour d’autres. Venu trop tôt, cet épisode est salué pour son écriture juste et prenante et son émotion. Et souvent, les gens qui ont aimé cet épisode, ont aimé aussi les deux premiers. Pris par l’histoire d’humains avant tout, ils ont jugé que cet épisode 3 était on ne peut plus pertinent.
Mais il reste d’autres épisodes donc. Sur 9 épisodes, la série a donc proposé deux « fillers » et peu d’infectés. Côté personnages, que ce soit les guets annoncés, ils ne sont jamais vraiment restés longtemps. Cette frustration justifiait ce sentiment de ne s’attacher à personne. Et c’est ce qui arrive en fin de saison, on ne s’attache que partiellement à Joel et Ellie. L’épisode 9, le dernier, est semblable au jeu sans qu’on ait vécu autant que si on avait joué ! C’est ce reproche qui me vient à l’esprit. Il ne s’est rien passé de vraiment prenant, de grand. Les seuls freins ont été les humains, vraie menace. Voilà. On ne sent pas Joel et Ellie bouffés par les épreuves en cette fin d’épisode et de saison…
Oui, la série adapte le jeu à la perfection pour beaucoup. Mais le jeu était un mini-film. Les cinématiques étaient nombreuses et très narratives. Refaire ce qui a été fait par ordinateur est salué sans arrière-pensée, pourtant, ce n’est pas le plus difficile. Adapter Super Mario, Tetris, Mortal Kombat, c’est aller chercher des mises en scène qui n’existent pas. Pour Last Of us, tout était déjà là. Refaire ce qui a été fait ne fait pas une série. Rajouter du sentiment là où il y en a déjà, ça n’en fait pas une bonne série. Last of Us est un produit honnête mais qui n’a pas a été encensée ainsi. Comme Chernobyl du même Craig Mazin, c’est fake. C’est raconter ce qui existe déjà.
Flemme d’aimer ça de mon côté.
Je désactive les commentaires car je sais que les haters vont se défouler pour dire que j’ai tort. Je n’ai pas tort, j’ai un avis différent de vous.