The Greatest Hits (Disney +) : la playlist à remonter dans le temps
Voyage dans le temps, romance, The Greatest Hits, sur Disney+, coche les cases de la curiosité. Mais le film avec le nouveau Superman, David Corenswet, n’en cochera pas plus.
Harriet (Lucy Boynton, Sing Street) réalise que certaines chansons peuvent littéralement la ramener dans le passé ! Alors qu’elle revit d’agréables souvenirs romantiques en compagnie de son ex petit ami, Max (David Corenswet, Superman en 2025) son voyage dans le temps se retrouve bientôt concurrencé par sa rencontre avec David (Justin H. Min, Umbrella Academy).
L’idée est intéressante. Si certaines chansons jouent sur notre fibre nostalgique, pourquoi elles ne pourraient pas nous ramener littéralement dans le passé ? C’est à partir de là que The Greatest Hits commence. Mais vraiment. Le concept n’est pas expliqué, on ne connaît pas plus l’origine que ça. Harriet peut donc voyager dans le temps et revivre les moments qu’elle passait avec Max quand telle ou telle chanson se jouait. Concept excitant quand on connaît la difficulté à se renouveler quand on parle de voyage dans le temps, The Greatest Hits ne va, hélas, pas bien loin.
Le film de Ned Benson (le dyptique The Disappearance of Eleanor Rigby) pêche sur plusieurs points. On ne croit pas vraiment à l’histoire d’amour. Laquelle ? Les deux. Pourquoi ? Car les scènes du passé sont finalement peu nombreuses et ne permettent pas du tout de s’attacher à ce couple. Si Lucy Boynton est parfaite, émouvante, elle ne parvient pas à faire vivre ce couple qu’on ne connaîtra jamais vraiment. C’est dommage pour David Corenswet qui n’a pas grand-chose à jouer, simplement de la sympathie, et c’est bien mince. La seconde raison est le charisme un poil inexistant du personnage de David, joué par Justin H. Min. Sa tête de gentil ne fait pas tout. La rencontre avec Harriet est rapide, leur rapprochement également.
Le deuil de Harriet est au centre du film. Si on ressent son émotion, on voit son processus de deuil se raccourcir assez vite. Il y a bien un personnage de bon ami (Austin Crute), de confident, histoire de rendre la partie dramatique plus humaine et sensée. Leurs scènes paraissent téléphonées.
The Greatest Hits ne surprend que peu de fois. Nous sommes en terrain balisé. La bande-annonce nous avait proposé une ambiance assez suspendue dans le temps avec une musique éthérée, une atmosphère « féerique ». On y est la plupart du temps. Et ce, même dans les musiques. C’est aussi un point à retenir, les musiques choisies ne marquent pas plus que ça. Elles sont toutes assez… anecdotiques, rendant les moments et les voyages tout aussi anecdotiques.
Et qui dit terrain balisé, dit situation attendue. Quand Harriet et David se rapprochent, évidemment qu’il y aura une chanson qui va la propulser dans le passé. Évidemment que Harriet va trouver la bonne chanson, évidemment qu’elle va devoir se retrouver à faire un choix.
Ce concept de voyage dans le temps est explicité lors d’un dialogue avec David. C’est plutôt malin de nous plonger directement dans le bain avec un personnage qui est déjà coutumier du phénomène. Seulement, pourquoi des vinyles ? Pourquoi Harriet s’entête à se plonger dans tous les vinyles qu’elle a, comme si uniquement les chansons possédées sont liées à des souvenirs ? Nous sommes en plein revival du support, oui, mais si Harriet est également en « danger » de voyage quand elle entend une chanson dans un bar ou autre (d’où le fait qu’elle porte un casque à longueur de temps), pourquoi elle ne force pas les voyages en mettant une playlist Spotify ?
Utiliser le support vinyle pour jouer un peu sur une tendance donne un cachet au film, c’est certain, et dans la mesure où on cherche un vrai intérêt au film, on conclut que le film est cruel avec nous. The Greatest Hits e propose rien d’autre que ce qu’il vend. Pas de surprise, pas de moments marquants, pas de grandes musiques, pas de tire-larmes, même la conclusion est « meh ». Le choix final de Harriet est sujet à débat, c’est déjà pas mal. Mais quand cette fin n’a rien de vraiment cohérent, on sort un peu déçu de cette histoire.
On aurait aimé aimer davantage The Greatest Hits, pour son sujet, son concept, son actrice principale. Vraiment. Cette version soft de L’Effet Papillon (avec Ashton Kutcher) reprend d’ailleurs un peu les mêmes effets lors du voyage temporel. Un peu plus de folie et le film aurait mérité facilement 30 minutes de plus pour étoffer ses personnages et sa dramaturgie. Le film n’est pas mauvais, il est très sympathique, mais il ne sort pas du lot. Quelle frustration !