Superman & Lois saison 3 : la déprime
Alors qu’un nouveau Superman et une nouvelle Lois ont été choisis pour le film Superman : Legacy en 2025, Superman & Lois a terminé sa saison 3, beaucoup plus familiale et personnelle que jamais.
Elle ne fait pas de bruit et pourtant, Superman & Lois pourrait être la série la plus intéressante sur l’homme d’acier. Depuis trois ans maintenant, la seule rescapée du Arrowverse depuis la fin de The Flash le mois dernier fait son bonhomme de chemin quasi indépendamment.En effet, la série vogue dans une timeline qui n’évoquera jamais d’autres héros. Et ce n’est pas un mal puisque la série possède un ton assez confidentiel malgré la présence du grand Superman. D’ailleurs, à ce titre, le super-héros n’a pas cette aura de grand héros protecteur du monde. Il sauve de moins en moins le monde pour être, même, de moins en moins mis en avant. Cette saison 3 le prouve encore avec une intrigue plus humaine, plus personnelle et plus déprimante.La première bonne surprise a été de nous emmener sur des fausses pistes dès le départ de la saison. Alors qu’on croyait tous que Lois allait annoncer être enceinte, c’est finalement la maladie qui vient perturber le quotidien des Kent. Lois est atteinte par un cancer du sein et va devoir quand même enquêter sur Bruno Mannheim, bad guy de la saison. Et comme depuis deux saisons, le méchant de la saison fait ce qu’il peut pour exister. Il faut l’avouer, la saison 2 pêchait par un manque cruel de cartouches pour faire durer l’intérêt du fil rouge. Ce n’est pas mieux en saison 3 sauf que le grand méchant n’est peut-être pas celui que l’on croit.Piochant dans les méchants de Green Arrow, la série propose une version jamais citée d’Onomatopoeia, un personnage créé par Kevin Smith et Phil Hester dans Green Arrow #12. Les gros assidus de comics auront donc fait le rapprochement avec un autre personnage de la série nommée Peia (notez la référence.) et auront donc grillé le twist de la révélation de l’identité du méchant. Femme de Bruno Mannheim, Peia est une camarade de chimiothérapie de Lois. Vous l’aurez compris, l’enjeu amitié / rivalité cachée est de mise. Et comme le hasard fait bien les choses, même leur fils sera proche de Natalie, la fille de John Irons…
Vous l’aurez noté, tout est réduit à un microcosme. La menace qui plane ne touchera quasiment jamais la population. La dimension humaine est préférée à celle du danger global, de la menace nationale. Les agissements des Mannheim sont répétitifs et se résument à des attaques de Peia et des méta-humains par-ci par là que Superman maitrise tant bien que mal. On ne sent donc jamais une menace grandissante car ces méta-humains sont vite oubliés pour se consacrer à Peia, sa relation avec Lois et avec Bruno. La série ferme son univers, choisit d’assumer totalement qu’elle est un drame familial. Cela donne donc des histoires de cœur plus ou moins réussies à commencer par Lana et John, Kyle et Chrissy et surtout les ados Jordan et Jonathan. Tout pointe vers une formule sans surprise. L’histoire d’amour de Jonathan est sans intérêt (même si le nouvel acteur se débrouille bien), Jordan se déborde jamais de son trope de la crise d’ado doublée de la découverte de pouvoirs, Lana est transparente, bref, rien ne ressort vraiment.
La saison se transcende par le talent d’Elisabeth Tulloch qui arrive à hisser Lois Lane comme le personnage central de cette saison, supportée par un Clark aimant. De la découverte de sa maladie à l’acceptation de son nouveau corps, Tulloch brille par une intrigue rare à l’écran. Le cancer du sein fait partie des maladies qui touche le corps et la féminité. On ne peut pas oublier la superbe scène intimiste entre Lana et Lois… La série en parle de manière frontale, sans tabou et nous donne des scènes d’une justesse incroyable. On retrouve des scènes Lois / Clark qu’on avait plus depuis quelques temps maintenant. La série a beau avoir une ambiance, elle n’avait que rarement des moments de grâce. Et cela commence par un générique tout en douceur avec ces quelques notes mélancoliques, rappelant que la série n’est ni une série d’action, ni une série de SF, c’est vraiment une série familiale. Le couple Lois / Clark est au-dessus du lot cette saison, à mettre tous les autres personnages au second plan. L’épisode The Dress est possiblement le meilleur de la série, misant tout sur l’alchimie entre Hoeclin et Tulloch, entre Lois et Clark. C’était déjà le cas les saisons précédentes, mais là, le « downgrade » de 7 personnages récurrents suite au renouvellement pour une saison 4 n’est peut-être pas une mauvaise nouvelle.
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La saison 3 de Superman & Lois est moins spectaculaire que les précédentes saisons sans perdre son aura. Par cette économie de moyens (que la saison 4 va devoir accentuer car elle est réduite à 10 épisodes faute d’argent), la série se concentre donc sur des drames humains, personnels mais change de braquet le season finale venant. Cela commence par l’arrivée d’un Lex Luthor longtemps teasé, joué par le charismatique Michael Cudlitz. Pointant son crâne dans l’épisode 12, il devient la menace principale de l’épisode 13 puisque l’intrigue Mannheim est déjà bouclée. Maladroitement, l’intrigue revient à une guerre Lex / Lois. Rapidement, on abandonne les décors minimalistes de la série pour aller en dehors de la simple ruelle qui sert de décor principal à la série pour aller dans un vrai décor urbain avec des passants, une lumière bleue, et une atmosphère inédite. Le budget semble avoir été alloué pour ce dernier épisode. On aime le changement d’ambiance, de décor, la série gagne en cachet. Il faut rappeler que la série n’a jamais renié son identité visuelle en 3 saisons !
Le point de bascule de la saison intervient par l’exploitation étrange de Bizarro qui avait été laissé là par Mannheim. On ne comprenait pas trop son rôle dans la saison. Et on ne le comprend toujours pas en fin de saison. Par un flashback qui sent le Des Ex machina, on voit Luthor récupérer Bizarro (comment est-il au courant de son existence lui qui a passé 17 ans en prison ?) et le torturer pour qu’il se transforme en… Doomsday. Il n’est pas nommé mais la créature est sensiblement identique au canon esthétique de la créature. par un tour de passe-passe scénaristique, la saison se retrouve avec un climax d’action tout fait. Pour l’anecdote, l’apparition de Bizarro en début de série était proche de celle de Doomsday… La boucle est bouclée.
Nous voilà donc face à un combat Superman / Doomsday du plus bel effet. Sauf que tout semble rushé. On ne parle pas de la technique, c’est propre, et n’a quasiment rien à envier au Doomsday vu dans Krypton ou même Batman v Superman, toutes proportions gardées. On parle scénaristiquement. Subitement, une chanson rock vient se faire entendre, Doomsday envoie Superman, comme par hasard, dans la seule ruelle de Smallville pour qu’on voit une dernière fois tout le cast. Superman regarde Lois comme si’l se résignait à l’issue fatale du combat alors que ce climax sort littéralement de nulle part. Superman combat Doomsday à Metropolis, il se retrouve face aux passants et une scène étrange se déroule sous nos yeux. Sa relation avec le public sonne faux. Elle est inédite, on ne croit pas au ton employé. La relation Superman / monde a toujours été délicate dans les adaptations. Le Superman d’Henry Cavill n’a jamais eu de vraie présentation aux yeux du public, sa place dans le monde, dans Metropolis n’est pas montrée frontalement. Pour Superman & Lois, ces 10 dernières minutes ont une ambiance qui tranche avec ce qu’on a vu durant 30 minutes.
Le combat se poursuit donc jusque dans l’espace avec une image finale iconique, chose que la série nous a de plus en plus offert au fil des épisodes. On ne saluera jamais assez la réalisation toujours très maitrisée. Fin de saison pour la série qui ouvre aussi la porte à la sortie probable de tous les personnages. Si le renouvellement n’avait pas été actée, la frustration aurait été grande pour l’issue du combat, peu pour les autres personnages. Superman & Lois est peut-être une série confidentielle, état qu’elle ne mérite pas, mais elle propose vraiment une vision de l’univers de Superman intéressante, intrigante, pertinente et possiblement novatrice.
La saison 4 de 10 épisodes n’est possiblement pas la dernière. Il y a encore de la place pour une ultime saison 5 et pour laisser le champ libre à Superman : Legacy en juillet 2025. Depuis sa diffusion sur TF1 et la fin de Salto, la série reste toujours absente de toute offre légale.