On a terminé

The Idol (HBO, Prime) : sex bomb

The Idol a fait le Festival de Cannes et un mini scandale. Et comme on aime bien les bad buzz ici car il permet d’avoir un œil quasi plus indulgent sur l’œuvre en question, parlons de The Idol avec LIly-Rose Depp et The Weeknd.

Sam Levinson se sent pousser des ailes depuis qu’Euphoria lui paye à manger. Il avait surpris tout le monde avec son second film, Assassination Nation, en 2018, pamphlet radical sur la jeunesse en général et sur la gente féminine en particulier.

Figure de proue du nouveau regard sur les personnages féminins avec ce film, puis Euphoria, Sam Levinson ne serait qu’un disciple de Joss Whedon, singeant ses principes pour s’offrir une réputation plus discutable que prévue. Avec The Idol, il semblerait que Levinson aime regarder les femmes plutôt que de nous faire regarder des femmes. Si Euphoria est, pour le moment, la série qui représente(rait) une jeunesse actuelle désœuvrée et sans repère, ni repaire, The Idol ne réussit pas à faire passer la pilule d’une quelconque absence de male gaze.

On ne dira pas qu’un homme est interdit de male gaze, simplement, quand il n’est que prétexte à faire évoluer un personnage féminin, c’est une tendance mise à mal de plus en plus à juste titre. Avec The Idol se pose la question de l’érotisme et des plaisirs de la chair : comment représenter un désir partagé quand sa vedette est une femme sans qu’un procès pour sexisme ne se crée ? C’est possiblement la problématique qu’a soulevé The Idol plus que sa réputation de soft-porn (certes, justifié).

Série The Idol avec Lily-Rose Depp et The Weekend

The Idol met en vedette Jocelyn (Lily-Rose Depp, fille de) pop-star qui vient de perdre sa mère, mentor pour elle. Son équipe de managers veut lui opérer le comeback parfait. Elle rencontre Tedros (The Weeknd), un petit manager qui s’entoure d’artistes sans carrière mais avec talent. Doucement mais sûrement, Tedros va pousser Joss à s’éloigner de son pool pour aller dans son sens, pour le plaisir des sens, trouver son essence (pardon public).

Adepte des plaisirs un poil SM, edgy, Tedros assouvit ses fantasmes auprès de Jocelyn qui se plie à ses désirs. Et la musique ? Oui, elle en fait, et tout semble plutôt inspirant d’ailleurs.

Série The Idol avec Lily-Rose Depp et The Weekend

Il n’en faut pas plus pour être attirés par cette « success-story » pop assez rare en série. Si on ajoute à cela, un côté coulisses tout aussi rare (UnReal, tu manques un peu), The Idol semble un produit pop-trash plutôt curieux à défaut d’être novateur. En effet, rien de nouveau à l’horizon, la série de Sam Levinson aligne les clichés avec les dérivés drogue / alcool, les répétitions à outrance, la starlette poupée trimballée à droite et à gauche par des dizaines de publicistes, managers, coiffeurs et j’en passe. Tout le long des 5 épisodes, on ne nous épargnera rien. The Idol est-elle donc une série trash ? Pas plus que de regarder une série où un frère courtise sa sœur me direz-vous…

Et c’est hot as fuck effectivement. Lily-Rose Depp joue une machine à fantasmes qui ne laisse pas indifférent, surtout face à un The Weeknd un poil anticharismatique. Sa prestation ne mérite pas ce bad buzz. Il est plutôt à l’aise dans un script qui ne l’épargne pas. Il doit jouer le leader, l’influenceur, le mâle dominant. Il est plutôt aidé par une galerie de personnages secondaires laissés au second plan, ce qui lui permet d’asseoir un peu sa stature. Mais la situation ne tient pas bien longtemps quand la série se permet de développer un peu ces dits-personnages.

Série The Idol avec Lily-Rose Depp et The Weekend

Lily-Rose Depp est déjà bluffante dans la première longue scène de photoshoot. Et tout le long des 5 épisodes, Jocelyn sera l’objet des fantasmes de Tedros, la danseuse / chanteuse qui doit refaire dix fois la même choré, celle qui doit être au centre des attentions, bref, elle est l’objet de toutes les attentions. Et on ne peut pas dire qu’elle ne souffre pas. On parle beaucoup de l’environnement dérangeant lors du tournage. On ne sait pas vraiment ce qu’il s’est passé et Depp semble plutôt à l’aise avec l’idée de faire de ce personnage une écorchée, une icône sexuelle, loin d’un certain puritanisme. 

The Idol n’est pas plus sexuelle qu’une autre série qui se permet des déviances de ce genre. Il faut juste remettre l’église au centre du vilalge. The Idol parle de manipulation. Il est donc normal de sentir un environnement toxique dans la série. On a regardé des gens de la même famille forniquer devant des dragons, un tueur de serial-killers, un dealer de meths, mais une starlette qui évolue dans un monde hyper dépravé, ça choque ?

Le côté soft porn, softcore, porno-chic et on en passe, est effectivement présent. les situations ne sont jamais rendus « belles », sophistiquées. C’est davantage des scènes de manipulation, de voyeurisme. La seule séquence où l’amour prédomine un peu se trouve en fin de série. Tout le reste est un enchaînement de scènes à la limite du kitsch. Pourquoi ? La musique. On retrouve la guitare et le saxo comme à la bonne époque d’Hollywood Night sur TF1 et du film 80s interdit aux mineurs. Et quand la scène se veut chaude, on embrasse doucement les clichés du genre comme la scène du bain digne d’un thriller érotique post-Basic Instinct.

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Ce qui est plutôt étonnant est l’utilisation du son dans ce genre de scènes. Là, on touche au softcore car il y a des sons de fesses qui claquent et de gorge profonde. Est-ce pernicieux ? C’est un pas vers une limite du genre. Comme toute limite qui est frôlée elle s’élargit. Cependant, ce ne sera pas une pierre angulaire de l’évolution d’un genre puisqu’on le sait, The Idol n’a pas été la série marquante pour des raisons jugées positives. Mieux, elle n’a pas été saluée pour son côté borderline. Au contraire.

On n’oublie pas toute la galerie des autres personnages et acteurs qui s ‘en sortent plutôt bien, Hank Azaria en tête. Kim Jennie (Blackpink) n’a que trois scènes pour son intrigue qui est juste à pour raconter la dure loi du rêve éphèmère et des promesses, Suzanna Son brille par son talent vocal et sa figure ingénue. La comédienne Rachel Sennott, qui joue Leia, aurait pu et du avoir un rôle plus important. Ce rôle d’assistante était possiblement celle qui avait le plus de potentiel mais elle n’est là que pour faire pâle figure. Da’Vine Joy Randolph emploie tout son charisme pour jouer une manageuse qui manque, aussi, d’intrigues. Tout est une occasion manquée pour tous ces personnages. 

Il reste Tedros, joué par un The Weeknd qui fait ce qu’il peut avec ce qu’on lui donne à jouer. Un personnage inconsistant et insupportable gesticule devant nous, passant de gourou à lavette, se justifiant nullement d’une écriture déviante et pataude, handicapée par le manque cruel d’épisodes efficaces.

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The Idol reste une histoire relativement intéressante, où Lily-Rose Depp donne totu ce qu’elle a pour jouer une pop-star baladée. On notera que la série raconte tout de même autre chose qu’une bête histoire de sexe. C’est une histoire d’influence qui tiendra jusqu’à la dernière minute. Si les rebondissements sont maladroits, l’histoire se tient sans problème. On retiendra juste que la série se permet d’aller frôler les limites du bon goût. Mais n’est-on pas devant une série pour tester les nôtres ?

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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