Critiques de films

La Fontaine de Jouvence (Apple TV+) : Krasinski joue son Benjamin Gates

Après Le Ministère de la Sale Guerre pour Prime, Guy Ritchie poursuit sa tournée des plateformes avec La Fontaine de Jouvence pour Apple.

Oh, un film d’aventures réalisé par Guy Ritchie ? Et avec John Krasinski, toujours en quête d’une carrière ciné un peu plus relevée ? Et pourquoi pas ?

L’Aventure au cinéma est rare

Le Ministère de la Sale Guerre avait réuni Henry Cavill et Guy Ritchie dans un film plutôt solide et fun, passé inaperçu l’année dernière. Ritchie y était sobre dans sa réalisation, et cette Fontaine de Jouvence est tout aussi posée.

On ne boude pas son plaisir de tenter l’aventure ! En effet, le genre est tout de même bien peu présent sur nos écrans. Oui, La Fontaine de Jouvence aurait pu être le film d’aventure de ce monde moderne, celui qu’on attend depuis des lustres, celui qui offrirait enfin au genre le retour en grâce qu’il mérite. Car, finalement, à part Pirates des Caraïbes (qui a aussi eu sa Fontaine de Jouvence, tiens), le genre est moribond. Le Secret de la cité perdue, avec Sandra Bullock et Channing Tatum en 2022, avait tenté la rom-com d’aventure avec un succès très relatif. Personne n’ose miser sur un film original. On a ressorti un Indiana Jones, on parle toujours d’un Benjamin Gates 3, on a eu un Uncharted déjà oublié, mais on peine à offrir un nouveau héros ou une nouvelle héroïne d’aventure.

La Fontaine de Jouvence, jeu vidéo ludique ?

La Fontaine de Jouvence est un script de James Vanderbilt, qui aime ses références. S’il a signé les scripts des trois derniers Scream, il a aussi écrit Bienvenue dans la Jungle avec The Rock, Zodiac de Fincher, The Amazing Spider-Man de Marc Webb, ou encore White House Down de Roland Emmerich. Il aime donc les films qui en mettent plein la vue… sur le papier.

Si Uncharted proposait une variété de décors digne du jeu vidéo, cette Fontaine tente la même chose avec une épave fourmillant de détails, une bibliothèque qui rappelle certaines scènes de jeux, et les Pyramides, haut lieu de l’aventure. Cette volonté d’en faire un film à « niveaux », tel un jeu vidéo, est plutôt louable. À ce titre, la première scène, une course-poursuite rythmée, aurait parfaitement sa place dans un ersatz d’Uncharted.

La Fontaine est un film vain ?

Mais nous sommes dans un film. Il faut autre chose. On ne contrôle rien. Et on aurait aimé le faire. La Fontaine de Jouvence est plutôt plan-plan. Si le script n’est pas ennuyeux, il manque cruellement de fun, de peps. Les épreuves des personnages n’ont rien de vraiment excitant. Parlons-en, des personnages. Nous avons Luke Perdue, joué par John Krasinski, un chasseur/voleur de trésors engagé par un homme pour retrouver la fontaine de jouvence. Il embarque sa sœur (Natalie Portman). Évidemment, les méchants sont là : il y a Eiza Gonzalez, qu’on a déjà vue dans Le Ministère de la Sale Guerre, et qui, dit-on, a les épaules pour porter seule un film d’aventures… Et pourquoi pas Lara Croft ?

Fontaine de Jouvence de Guy Ritchie sur Apple TV+

Si Krasinski s’en sort plutôt bien en héros, son duo avec Natalie Portman peine à convaincre. Les joutes verbales ont du mal à prendre, la faute à une Portman sans énergie. Dommage, car on aime voir un duo qui n’est pas un love interest ! Krasinski fait donc de son mieux pour donner vie à ce nouveau héros. Physique et charmant, ce Perdue manque cependant un peu de profondeur et de gimmicks pour en faire un héros qu’on aimerait retrouver.

L’aventure manque de peps et propose un final où se mêlent volontiers mythologie et archéologie. Les énigmes sont rares, les mécanismes présents, et la fantaisie… aurait pu prendre une autre forme. Le climax sonne un peu faux, avec ces accents de fantastique un peu trop poussés alors que tout le film était jusque-là d’une grande sobriété. De plus, la longueur inutile de l’épilogue gâche même l’issue de la conclusion (qu’on voit venir…), qui tombe un peu à plat.

Fontaine de Jouvence de Guy Ritchie sur Apple TV+

La Fontaine de Jouvence est un film qui oscille entre le film à grand spectacle et le film… du dimanche soir. C’est rageant de voir tant de possibilités ne pas donner vie à quelque chose de plus grandiose. C’est propre, l’argent est là, mais on en ressort finalement peu secoué. Maudits films de plateformes ! Maudit Guy Ritchie !

 

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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