On a terminé

Critique – Ted Lasso saison 3 (Apple TV+) : bien tout court ou bien par rapport aux autres ?

Le succès de Ted lasso est facile à comprendre, difficile à décrypter. Avec sa saison 3, sa dernière, la série avec Jason Sudeikis nous fait douter sur beaucoup d’aspects de la série. 

Ted Lasso est arrivée en août 2020, en pleine période Covid. Nous étions tous dans un mood assez déclinant, allant chercher le positif et la bienveillance dans ce qu’on pouvait. Avec son personnage humain et enjoué, Ted Lasso était le parfait produit pour l’ambiance générale. Saluée par la critique, validée par le public, la série de Bill Lawrence semblait alors le rayon de soleil sériel de beaucoup de spectateurs.

La magie opérait tellement que le football n’était plus répulsif pour beaucoup. On aimait le personnage, son environnement et son entourage. Puis la saison 2 est arrivée. Le monde d’après peinait à pointer le bout de son nez, alors la moustache de Ted a pris son rôle à bras le corps. Plus chorale, cette seconde année chez l’AFC Richmond réussissait à convaincre le public et les critiques adoraient toujours. C’est au moment de sa saison 3 que la série a connu plusieurs peines capitales. La série allait se conclure, Jason Sudeikis voulant partir sur une bonne note, mais elle a changé de format, passant de 30 minutes en moyenne en saison 1 à quasiment 1h pour chaque épisode de son ultime fournée.

Ted lasso saison 
3

Ce changement de durée a bouleversé l’écriture. Rarement les séries n’arrivent à redéfinir leur format facilement. Si on double la durée des épisodes, on doit adapter son écriture en justifiant ce choix. Plus d’intrigues, plus de consistance, plus de développement. Déjà ressentie en saison 2, l’impression d’un surplace des personnages se remarque encore. Pire, Ted est devenu si ce n’est une caricature de lui-même, un personnage sans autre artifice que son sourire benêt. Posez-vous cette question : comment résumer l’évolution de Ted en 3 saisons ?

Si vous arrivez à faire plus de deux phrases, vous êtes chanceux. Les épisodes plus longs se justifiaient principalement par une explosion des personnages principaux. IL n’y avait plus vraiment de second ou de troisième plan. Kelley (Juno Temple), Roy (Brett Goldstein), Sam (Toheeb Jimoh) avaient leur propre intrigue au fil des saisons et repousser le curseur de la série de héros pour aller vers la série chorale, voire quasi familiale.

Ted lasso saison 
3

Si on est tous d’accord pour que Hannah Waddingham / Rebecca soit celle qui prend de plus en plus de galon, d’importance et d’intérêt, on est aussi majoritairement déçu par l’évolution du personnage joué par Nick Mohammed, Nathan « Nate » Shelley. Son intrigue en saison 3 est tout bonnement sans intérêt. Sans lui, les épisodes auraient une durée adéquat, et possiblement un rythme plus soutenu. Dans les manquements dommageables, Zava et Jack Danvers, personnage joué par Jodi Balfour (For All Mankind) auraient mérité plus de temps d’écran et combler le manque de diversité des intrigues. Si Zava était assez farfelu pour offrir de bons moments, sa sortie, tout comme celle de Jack, étaient tout bonnement honteuses et sans idées.

Ted lasso saison 
3

Ted devenant un personnage assez fade, les épisodes où il est s’efface volontairement font parties des meilleurs. C’est souvent hors des murs qu’une workplace comedy (où on peut ranger Ted  Lasso) passe l’étape de la validation des personnages. Le travail effectué durant tous les épisodes précédents ressort systématiquement quand tes créations s’animent hors de l’environnement dans lequel tu les as créés. Et l’épisode à Amsterdam reste donc une très agréable aventure humaine.

Cette saison 3 était pénible à suivre. Personnellement, je ne m’attachais à aucune destinée de personnages. Rares étaient les moments drôles ou émouvants. Des fulgurances existent pourtant. Le mot est fort pour certains mais pour moi, ce sont des fulgurances au milieu de tous ces manquements. Les joutes verbales dans le bureau des entraîneurs fonctionnent, les moments d’intimité également (l’échange Fuck / thank you entre Ted et sa mère, par exemple). Cependant, la série n’a pas réussi à gagner en constance.

Trois saisons, est-ce peu pour Ted Lasso ? Si on prend en compte la durée de la saison 3, c’est quasiment une double saison que l’on a eu. Et 4 saisons est plutôt honnête comme durée de vie. Alors grande série ? Série arrivée au bon moment ? Série culte ? Difficile de donner une réponse juste et définitive. Assurément, la série a souffert de la longueur de ses épisodes et de personnages qui ne sortaient que rarement de leur zone de confort. Ce confort, d’ailleurs, qui n’a jamais permis à la série de décoller et d’être autre chose qu’une série « doudou ». C’était humain, rarement déprimant, toujours dans le positif et le « pep talk ». Au final, est-ce regrettable de chercher à la ranger quelque part quand elle a juste fait son taf : faire passer un bon moment ?

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

Une réflexion sur “Critique – Ted Lasso saison 3 (Apple TV+) : bien tout court ou bien par rapport aux autres ?

  • Florent P

    Bonjour,

    Merci pour cette critique. Je n’ai pas le même ressenti.

    Le fait que Ted passe au second plan permet à cette série de ne pas être « sur-faite » avec un final qui aurait pu tout gâcher comme suit :
    – une saison de plus à l’AFC pour gagner la ligue des champions
    – une relation intime Ted + Rebecca
    – ou encore une victoire en championnat…

    Pour moi tout a fait réussi jusqu’au bout.

    La simplicité de ce personnage en a fait son charme. Il sait laisser la vedette à ses joueurs puis aux autres acteurs (plus ou moins bien réussis effectivement pour Nath).

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