DAREDEVIL : blind date
2015. Alors que l’affront fait à Daredevil par Mark Steven Johnson entache toujours la mémoire du héros, l’heure est venue pour les « résurrecteurs » de chez Netflix de changer l’image cinématographique du héros.
Daredevil, 13 épisodes, dispo sur Netflix dès le 10 avril
Acteurs plus ou moins inconnu, adaptation provenant en grande partie des comics de Miller (oui, oui, le mec qui a remis au goût du jour et amélioré tous les comics de ton enfance, et de la mienne un peu), scénario écrit par Drew « Cloverfield » Goddard, franchement, la série partait en table rase (ou presque, elle fait suite à Avengers) et avait tout pour réussir.
Et parfois, les prévisions, elles sont justes. Ça arrive. En effet, s’ils ne sont pas de totales réussites, les deux premiers épisodes de la série Netflix ont le mérite de faire partir la série sur de (très) bonnes bases. D’abord, le pilote. S’il manque un peu de dynamisme dans l’ensemble, la faute à un montage un peu plat, le coup d’essai intéresse quand même sans mal, et est assez agréable à suivre.
On suit donc les aventures de Matt Murdock, avocat aveugle suite à un accident de voiture impliquant des produits chimiques (la base, quoi), et de son associé un peu stupide mais très drôle. Seulement, leur cabinet, ouvert depuis très peu, cherche son premier client, et c’est là qu’apparaît une jeune femme, accusée à tort, alors que tout l’accuse, d’un meurtre. Seulement, notre avocat, la nuit, fait des heures sup la nuit en dégomment, masqué, les criminels et autres mafieux de sa ville Hell’s Kitchen.
C’est bien beau, un pitch, mais il faut que le reste suive. Et c’est ce que fait le pilote de Daredevil, qui pose les cartes du jeu en ne dévoilant pas grand chose du personnage. Au spectateur d’attendre au court de l’épisode les flash-backs, certes pas toujours bien dosés (mais intéressants quand même), qui nous en diront plus sur notre héros (ou presque). Le choix de ne pas tout nous dire tout de suite se révèle par la suite assez judicieux, on a envie d’en savoir plus sur le personnage et des motivations, bref d’en voir plus, et c’est bien ce qu’on attend d’un pilote. Au niveau de l’acting, le pilote propose des choses intéressantes, Cox est très bon en justicier aveugle, Deborah Ann Moll est convaincante et Elden Henson fait beaucoup rire. Du côté mafia, ça marche aussi très bien, l’alchimie entre les acteurs est réussie dans les deux camps.
Au niveau du fond, si le pitch reste assez classique, la forme et les choix de narration sont assez habiles pour qu’on puisse s’y intéresser. Un vrai bon point, Daredevil ose casser des gueules bien comme il faut, loin de la mollesse du cavalier blanc Captain America. Ici, les méchants sont très méchants et ils ont ce qu’ils méritent sans chichis, bref c’est du vrai Miller et ça fait du bien.
Niveau défaut, la chose pêche un peu dans la réalisation, un peu trop classique et peu dynamique. On râle un peu sur la musique, autant durant l’épisode que durant le générique (car oui, cette fois ci, on en a un, et un vrai), par ailleurs superbe. Enfin, comme dit plus haut, le rythme de l’épisode n’est pas si bien réussi, le quotient intrigue/flash-back n’étant pas très maitrisé. Mais bon, ça reste un pilote, et le nombre de qualités outrepasse celui des défauts.
Sur le second épisode, on a droit à de nettes améliorations, comme si la série, pas encore diffusée, apprenait déjà de ses erreurs. En effet, ce second épisode ose plus, et fait enfin un choix : entre intrigue et flash-back, il choisit de développer les flash-backs et propose de belles choses concernant la mythologie de notre héros. Un nouveau personnage, interprété avec brio par Rosario McDawson, est introduit, et prend tous son sens et sa place dans l’univers assez réaliste de la série. Sous fond d’une intrigue vite réglée car secondaire, Murdock est donc bien défini et on s’y attache encore plus. On regrettera toutefois une réalisation toujours assez brouillonne, une image plutôt sombre et des scènes d’action peu lisibles, mais la suite devrait arranger cela comme ce fut le cas avec Arrow chez DC.
Cette nouvelle création Netflix, en collaboration avec Marvel, est donc à ses débuts une belle réussite !
AMD