American Horror Story Cult, épisode 1 – Election Night : Tabula Rasa
Apres une saison 6 épouvantable malgré des débuts prometteurs, il fallait absolument corriger le tir pour qu’American Horror Story redevienne l’institution qu’elle n’aurait jamais du cesser d’être.
Promesse d’un propos plus politique, retour à une caméra classique et moins de digression : le premier épisode de Cult rassure totalement pour la suite.
Petit spoiler évident sur quelques scènes.
Alors que Donald Trump est élu président de des États Unis, le petit Monde d’une jeune femme en couple lesbien s’effondre. Ses phobies reviennent une par une, notamment sa coultrophobie qui l’assaille d’hallucinations clownesques. En face d’elle, un suprématiste amateur d’anarchie, qui compte bien la faire souffrir jusqu’à la folie totale.
American Horror Story ne mettra jamais tout le monde d’accord, et au vu des commentaires, nous sommes les premiers à le savoir. Toutefois, elle reste une des séries les moins clivantes de Ryan Murphy quand Nip/Tuck ou Scream Queens oscillent dans les notations seriephiles entre des notes qui vont de 18 à 2 sur 20. Tout le monde a sa saison préférée (pour l’auteur de ces lignes, c’est la première), ses acteurs courants préférés et a peur devant la série pour différentes raisons. Au fond, le Horror du titre n’est pas là que pour faire joli et c’est ce qu’essayait de nous rappeler Murphy avec Roanoke, en oubliant certes un peu de raconter quelque chose par dessus l’horreur pure. À peine arrivée, American Horror Story a déjà une force : celle de faire peur avec la réalité. Au fond, et Blumhouse l’avait très bien compris avec American Nightmare, quoi de plus effrayant que nos propres démons ?
Alors que les saisons précédents pouvaient être vu hors du temps, quelques motifs politiques passant de ci de là (voir Coven) sans que la série se focalise dessus plus que de raison, voilà qu’un risque certain est pris pour Cult qui se passe dans notre Monde contemporain, dans un passé proche et malheureusement pas dystopique où Donald Trump est élu président des États-Unis. Dès la première scène, la série fait preuve d’une grande intelligence puisqu’elle ne propose aucune scène d’horreur traditionnelle mais simplement une vision de l’Amerique (épouvantée pour certains, euphoriques pour d’autres) a l’annonce des résultats, comme si, finalement, la réalité suffisait tout à fait pour justifier le titre. Après un générique qui va dans le même sens (au milieu d’images effrayantes, des masques de Trump et Clinton, comme si les monstres étaient aussi humains), on enchaîne sur une vraie scène de meurtre horrifique … qui est en fait fictionnelle. Ce choix d’une grande intelligence pourrait laisser les spectateurs adeptes d’horreur pure (les amateurs de Roanoke, par exemple) un peu sur le carreau, puisque l’épisode propose finalement assez peu de scènes horrifiques.
L’horreur graphique, contrairement à l’horreur politique, est donc fictionnelle. C’est là que le lien avec la saison 4, une des plus appréciées, est intelligent, alors que Roanoke avait plus ou moins élégamment raccroché les wagons avec Asylum en toute fin de saison : la série intègre le clown Twisty dans l’intrigue en tant que personnage de bande dessinées, et parvient à montrer un ou deux de ses meurtres comme étant contenus dans la fiction. Nul doute qu’un passage de la série fera apparaître le clown tueur parmi les nombreuses visions (mais en est-ce vraiment) de la jeune femme mais, pour l’instant, il est parfaitement bien où il est et permet à la série de concrétiser ses intentions de flou et de mystère telles que la saison 6 l’envisageait.
Débarrassé de contraintes de mises en scène qui mettaient à plat toutes ses bonnes intentions, American Horror Story Cult se remet toutefois à s’amuser, à perdre son personnage principal (Sarah Paulson dans un rôle qui supporte tout à fait ses hurlements) entre réalité et cauchemar. Le schéma est très classique dans l’horreur actuelle mais l’épisode à cela en plus qu’il fait en sorte que le spectateur prenne le parti de ceux qui pensent qu’elle délire, choisissant ainsi un contre-pied absolu quand des années d’épouvante contemplent la série. Asylum prenait le parti d’insuffler de la réalité dans la folie, Cult choisir d’insuffler de la folie dans la réalité, et les deux saisons se répondent malgré le fait qu’elles ne soient pas liées d’une autre manière. Le propos est déjà fascinant, on espère sans y croire qu’il tiendra jusqu’en fin de saison puisque la série nous a habitué à des finals malheureusement assez pauvres.
Mais trêve de râleries, AHS est bien de retour.
AMD