The Suicide Squad : rien ne va (encore)?
Simili reboot, simili suite, The Suicide Squad garde le meilleur du précédent film et embarque James Gunn, auréolé du triomphe des Gardiens de la Galaxie pour enfin réussir à mettre la Task Force X à l’honneur.
Au revoir Jared Leto et son Joker, Will Smith et son Deadshot, The Suicide Squad promettait des bases un peu plus solides en engageant James Gunn après son (faux) départ de la team Marvel et de ses deux Gardiens de la Galaxie. On garde Margot Robbie, éternelle Harley Quinn, Viola Davis en Amanda Waller et même Jai Courtney en Boomerang, mais on propose une nouvelle bande.
Après la déconvenue critique de Suicide Squad par David Ayer en 2018 (mais quand même 320 millions de dollars sur le sol américain), Warner et DC se dit qu’au point où ils en sont, ils pouvaient proposer des déclinaisons plus ou moins indépendantes de ses personnages. Et ce The Suicide Squad est quasi indépendant. Et donc avec un réal qui a son fandom, Idris Elba qui est mieux apprécié que Will Smith (du moins, il a moins de haters) et un ton proche de la décontraction maximum, que vaut The Suicide Squad ?
Rien ne va. Du moins, il y a pas mal de défauts flagrants malgré un film divertissant et rythmé. On peut tout de suite faire la liste des bonnes choses. Margot Robbie s’en tire très bien même on arrive toujours pas à lui proposer autre chose que le cahier des charges Harley Quinn (on a vu les limites dans Birds of Prey). John Cena en Peacemaker est incroyable. Il a une décontraction et une aisance dans l’autodérision assez folles. On attend d’ailleurs la série sur ce personnage sur HBO Max l’année prochaine ! La narration en chapitre est plutôt esthétiquement belle avec les titres qui apparaissent dans le décor. C’est plutôt propre niveau effets spéciaux et quasiment en plein jour tout le métrage. On se souvient que Suicide Squad version Ayer (enfin, version studio, puisqu’il se bat toujours pour proposer son director’s cut) était relativement nocturne.
Pour le reste ? Je ne sais pas si c’est Warner qui embauche des mauvais monteurs ou si c’est moi qui devient très sensible à ça, mais après Jungle Cruise, voici que le montage du film de James Gunn est encore moyen. Et dans la mesure où le montage aide au rythme du film, certaines scènes sont alors ratées. Les scènes sont au choix trop longues ou mal découpées. On ressort souvent avec 2 ou 3 secondes de trop. Vous me direz « c’est invisible! ». non ! Quand un plan traine ou une réplique s’ajoute, on perd beaucoup dans la mécanique d’une scène d’action ou d’humour. Un rat qui crie, un masque qui se retire, une pierre qui se casse et c’est un plan en trop. Par exemple, l’attaque du camp est très mal fichu, aucun soldat ne riposte, on les voit tous quasiment dans le même plan sans qu’aucun ne lève le petit doigt alors qu’il y a un massacre à un mètre. Le combat Peacemaker / Flag dans le casque dure même pas dix secondes. L’intérêt de ce plan travaillé ? L’assistante généreusement dotée qui court pour donner un message, la danseuse (incarnée par Pom Klementieff – Matis dans les Gardiens) n’est pas juste un caméo, c’est un plan soutenue inutile sur elle. Et qui dit montage foireux, rythme foireux dit aussi tension nulle. Aucune scène n’a vraiment un suspens efficace. Une seule s’en sort bien et c’est celle du début qui surprend par sa violence (violence qui parsème le film d’ailleurs) et la mort de certains.
On pouvait en lire des choses sur la cannibalisation du film de David Ayer par Will Smith. Idris Elba joue exactement le même rôle que Smith et Deadshot avec les mêmes mimiques ! Les haters en moins, comme dit plus haut !
Oh, The Suicide Squad n’est pas mauvais, il est même plutôt fun et drôle, il est juste trop bancal pour être satisfaisant. Et, comme le hasard fait mal les choses chez DC, c’est encore eux qui en prennent pour leur grade. Malgré les étonnantes bonnes critiques presse, le film semble boudé par le public avec des scores au box-office très décevants.
Quand DC pourra proposer un film où tout le monde est d’accord ?