The Expanse – Jeux de pouvoirs galactiques
Le dernier projet ambitieux de SyFy pour retrouver sa gloire d’antan se présente sous les traits de The Expanse, l’adaptation de L’éveil du léviathan, premier tome de la saga de James S.A. Corey.
Avant même la sortie du pilot, SyFy présentait son projet avec des adjectifs dithyrambiques, le nouveau
Battlestar Galactica, un Game of Thrones dans l’espace, etc. S’il est vrai que L’éveil du Léviathan recèle un mystère et un univers de science-fiction grandiose, son adaptation en série est-elle à la hauteur des promesses ?
Ne gardons pas le suspens plus longtemps. Si vous aimez la science-fiction, foncez sur The Expanse. On s’éloigne d’un Dark Matter trop simpliste ou encore d’un Killjoys divertissant mais sans véritables enjeux, la nouveauté qui débarquera officiellement le 14 décembre va vous emmener plus loin. SyFy a commandé 10 épisodes pour cette première saison et a dévoilé en avant-première le pilot.
En soi, le premier tome de Corey a une histoire finie, cela pourrait donc être une-mini série événement à la Ascension qui ne soit pas renouvelée n’ayant pas ce besoin. Mais la suite des aventures spatiales du Canterbury vaut pourtant le coup, donc ne parions pas encore là-dessus, selon les résultats d’audimat que la série décrochera, elle pourra sûrement être renouvelée. Puis le moment semble opportun, avec un regain d’intérêt pour le genre au cinéma, comme le prouvent Seul sur Mars, Interstellar, ou même Les gardiens de la galaxie…
Les prémisses de The Expanse ne brillent pas d’originalité, Miller (Thomas Jane) un inspecteur alcoolique blasé avec un style vestimentaire douteux, qui va tomber sur la mauvaise affaire et qui va s’intéresser à une riche héritière fugueuse disparue car son instinct lui dit que la situation cloche. En gros, que derrière ce cas commun, se cache un complot bien plus complexe. Parallèlement, on fait la connaissance de l’équipage d’un vaisseau de transport, des braconniers de l’espace en somme. Le second en commande, Jim Holden (Steven Strait) prendra la tête des hommes rapidement après un incident violent. Pour boucler le trio, on rencontre également la Chrisjen Avasarala (Shoreh Aghdashloo), qui n’occupe rien d’autre que le poste de sous-secrétaire aux Nations Unies. Petit à petit, les enjeux vont apparaître, et quand une guerre intergalactique semble sur le point d’éclater entre la Terre, Mars et la Ceinture, il faudra les moyens nécessaires pour éviter la catastrophe. D’ailleurs, on cerne les enjeux bien plus vite que dans le livre qui passe un temps plus long à exposer la situation.
Les trois protagonistes se complètent. Le premier, un anti-héros moribond avec des principes moraux douteux et pas vraiment altruiste, le deuxième plus idéaliste et noble, et la dernière jouant entre diplomatie et manipulation, ils vont être obligés par la force des choses de réagir en conséquence, car oui, la vision d’ensemble n’inspire guère confiance. Comme dans Game of Thrones, l’intrigue va être éparpillée géographiquement, avec un Holden dans l’espace, un Miller sur différentes planètes et une Avasarala sur Terre. Mais rassurez-vous, il n’y a pas 36 000 personnages (pas encore du moins) et ils livrent dans ce pilot une très belle performance où ils arrivent à intriguer le public chacun à leur manière. Forcément, on a hâte que leurs chemins se croisent (5 saisons dans GoT pour voir un autre personnage principal avec Dany quand même, hein), mais on veut aussi qu’ils se construisent chacun de leur côté et comprendre comment ils sont liés.
Mes craintes concernaient principalement la conception des Ceinturiens (et des Martiens), mais au final, ils ont réussi à trouver un juste milieu plutôt malin en respectant suffisamment la description des livres malgré leurs coupes de cheveux atroces. En les voyant, ils crient de réalisme et on se dit que oui, s’ils vivaient dans cet environnement en apesanteur, nos descendants pourraient tout à fait leur ressembler. J’avais également peur que le résultat soit kitsch car on n’a plus l’habitude des épopées galactiques après une longue absence de ce genre… Mais les techniques modernes associées à une bande-sonore rythmée imposent le ton, ils ont les moyens pour leurs fins. Puis cela reste une histoire littéralement humaine après tout, on ne se perd pas dans la diversité des races difficilement réalistes.
En tout cas, SyFy n’a pas lésiné sur le budget estimé à presque 6 millions de dollars par épisode, malgré quelques délires de tentatives d’humour complètement ridicules, ou certains plans où on dirait que les maquettes sont en carton. Mais la volonté de bien faire se ressent de partout, que ce soit sur la Terre futuriste, dans les images détaillées de l’espace et des vaisseaux spatiaux, enfin, de la vraie science-fiction ambitieuse. C’est visuellement beau. Quand on sait que l’univers de The Expanse est hyper intéressant, que ce soit dans le système politique autant que dans son ambiance révolutionnaire (vivement qu’on en sache plus sur l’alliance des planètes extérieures !), eh bien, on s’impatiente en attendant la suite. On devine qu’il va se passer quelque chose d’énorme.
(P.S. : J’ai réussi à tenir tout du long à parler de science-fiction sans parler de Firefly. Enfin, presque.)