Reviews

Pam & Tommy (Disney+) : nom de leur sex-tape

Le projet Pam & Tommy était attendu depuis l’annonce de sa production. Après les 8 épisodes, voici donc l’heure du bilan critique.

Rappelez-vous, les premières images de Pam & Tommy montraient les transformations géniales de Sebastian Stan et de Lily James en Tommy Lee et en Pamela Anderson. La série devait nous relater l’histoire folle de la sex-tape du couple, volée par leur charpentier. Librement adaptée des faits, la série est surtout l’occasion de raconter un événement people sans pareil.

Créée par Robert Siegel, Pam & Tommy est d’abord une idée du duo comique Evan Goldberg et Seth Rogen. On retrouve d’ailleurs Rogen dans le rôle de l’ouvrier voleur, Rand Gauthier. Le casting comporte aussi l’excellent Nick Offerman (Parks and Rec) et Taylor Schilling ( Orange is the New Black). Des têtes connues sont aussi représentées avec notamment Hugh Hefner, Jay Leno ou encore les membres du groupe Mötley Crüe comme Nikki Sixx.

La série s’attache à nous raconter les conséquences de la divulgation de cette sex-tape à travers Rand Gauthier et le couple Pam / Tommy. Et c’est d’ailleurs le premier point un peu négatif de la série. Le premier épisode s’attarde principalement sur Rand Gauthier et quasi jamais sur Pamela Anderson. On ne la voit qu’une fois dans ce premier épisode pour quelques secondes. C’est d’ailleurs un choix délibéré pour sûrement souligner que l’acte d’un homme isolé va avoir de lourdes conséquences sur la victime qui n’avait rien demandé.

C’est d’ailleurs tout le sujet de la série au fur et à mesure que le drame prend de l’importance. Pamela Anderson se retrouve au centre de quelque chose qu’elle ne contrôle pas. Playmate pour Playboy ou vedette sexy d’une série, elle a un certain contrôle sur son image. C’est elle qui a voulu ces situations. Là, la thématique s’attarde avec intelligence sur le sort réservé à celles qui veulent séduire en leur bon vouloir et qui se retrouvent désarmée quand elles n’ont plus leur mot à dire.

pam and tommy, pam & Tommy

C’est là qu’il faut saluer la performance de Lily James, géniale en Pamela Anderson. C’est plus qu’une figure médiatique qu’elle joue, c’est vraiment un personnage, une icône qui se crée sous nos yeux. On voit Pamela Anderson. Si elle minaude peut-être un peu trop, forçant le trait d’une blonde un peu ingénue, elle reste dans une figure très marquante. Quant à Sebastian Stan, si on peut se dire qu’il est en roue libre et limite à côté de son rôle, c’est oublié la figure fantasque qu’est Tommy Lee et que la série a voulu rendre encore plus incontrôlable. Stan est juste dans son manque de justesse. Seth Rogen a son heure de gloire mais il est coincé dans un personnage assez désagréable et antipathique. Là où Pamela et Tommy réussissent à créer une empathie certaine à subir cette histoire, Rand Gauthier semble perdre tout sens du jugement. Il devient même aussi celui qui subit mais il y a une recherche perpétuelle de l’échec chez lui.

Pam & Tommy semble trouver son rythme après 4 épisodes sans effacer le second défaut de la série à savoir des intrigues qui ont du mal à vivre ensemble. La temporalité de la série est mise à mal par un déséquilibre flagrant des intrigues. On passe d’un épisode entier sur le couple à un autre sur Rand, la balance est constamment en mouvement d’épisode en épisode. il en résulte un intérêt différent par rapport à l’importance des faits relatés. On ne sait plus qui est le héros principal, quelle intrigue est dominante et où se trouve l’objectif final.

Le dernier défaut est dans la mise en scène, mais ça reste mineur dans la qualité globale de la série. Les caméras qui foncent droit vers le personnage pour créer une fausse énergie, une fausse importance sont incessants. Ce tic de réalisation se trouve dans tous les épisodes alors que la personne derrière la caméra est différente, C’est donc bien une décision formelle de l’équipe. Au-delà de ça, la série propose une bonne reconstitution des 90s.

Pam & Tommy a un charme rétro assez présent. Mieux, il rend compte d’événements que la plupart des gens n’auront peut-être pas eu connaissance et donc n’auront pas cette sensibilité. Pam & Tommy dresse le portrait d’une époque très différente dans les enjeux. Pensez-vous, la mise en ligne d’une sex-tape, la vente par correspondance, l’émergence du web, la vie privée qui reste très privée, tout est nouveau pour l’univers de la série. Nous, en 2022, regardons ça avec une vision qui met du temps à prendre le pouls de cette époque. Faire d’un drame et d’un problème, une copie de VHS peut sembler absurde avec nos yeux contemporains. C’est l’identité de la série qui se trouve là. Un micro-événement est une bombe pour l’époque relatée.

pam-and-tommy

On peut regretter finalement le peu d’attention véritable au personnage de Pamela Anderson à travers son métier d’actrice. Si on comprend que Barb Wire est un flop et qu’Alerte à Malibu lui empêche d’évoluer, on ne sait pas vraiment ses désirs. On voit la trajectoire de jeune fille devenue mannequin à celle d’actrice mais on ne ressent pas sa dimension de sex-symbol, d’icône ! Le personnage avait toute une voie tracée pour que Lily James brille encore plus.

Pam & Tommy reste une mini-série qui suffisamment originale dans sa note d’intention pour qu’elle se fasse une place de choix dans le best-of de l’année. Le sujet est inédit, l’interprétation est forte et le message est encore bien contemporain. Alors que Pamela Anderson a signé un deal avec Netflix pour raconter sa version des faits, il reste encore à dire sur cette affaire qui a démontré qu’images publique et privée sont devenues trop indissociables.

Pam& Tommy est disponible sur Disney+.

 

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *