Pacific Rim : Conserve vide
Après avoir visionné 15 minutes du film et avoir fait un petit papier jugé honteux et sans intérêt par de nombreux cinéphiles d’un forum cinéma bien connu, me voici enfin avec les images de Pacific Rim en entier dans la tête.
Alors que ma critique extrapolait les 15 minutes sur tout le film, celle qui va suivre est, je vous le signale, totalement issue d’un visionnage en bonne et due forme du film. Non mais on ne sait jamais.
Del Toro, cinéaste adoré de beaucoup de cinéphiles, a peut-être fait comme Sam Raimi avec Oz en se vendant à Hollywood. Pacific Rim est quasi un rêve de gosse fait film et il n’en fallait pas plus pour qu’il soit déjà encensé. Je suis désolé de le dire mais Del Toro peut AUSSI se gourer comme Peter Jackson a pu faire fausse route pour certains avec Lovely Bones ou King Kong.
Si je devais critiquer Pacific Rim, je rajouterais un recul quasi protecteur en me basant sur d’autres films qui ne méritaient pas tant ce fléau de haine comme Godzilla (Emmerich, 1998) ou Transformers (Bay, 2007). Il y a dans Pacific Rim, tout ce qu’on reproche à ces deux blockbusters.
Godzilla et Transformers sont fiers de vous présenter leur enfant mort-né. Putain si on pardonne Pacific Rim alors on pardonne ces deux films, même scénario idiot, même humour forcé, même ambition soulignée par l’apport de scènes dégoulinantes d’odes au sacrifice, au courage, à la loyauté à vomir. Sincèrement, il faut quelque fois oublier qu’il y a un réalisateur derrière et ne pas faire déteindre l’aura que l’on a sur lui vers le film. Le syndrome Shane Black sur Iron Man 3 est encore bien présent.
Les défenseurs de Del Toro seront là pour effacer et annihiler toute tentative de descente d’un projet qui les faisait mouiller. N’ayons pas peurs d’être déçus. Oui ma critique qui EXTRAPOLAIT 15 minutes de film était finalement juste. Mais je ne m’attendais pas à pire en fait. Alors effectivement j’avais peur des personnages présentés comme issus d’un tissu de stéréotypes maladroits. Finalement, il n’y a vraiment aucun personnage suffisamment riche pour emporter l’adhésion. Je prédisais que le fait d’être lié entre pilotes par des souvenirs allaient créer du pathos inutile, c’est le cas. Soit il est mal utilisé, soit il est inutile. Comment expliquer qu’entre Mako et Raleigh, la première tentative est désastreuse et que dix minutes plus tard, ils deviennent les meilleurs pilotes du monde ? Le double pilotage n’est là que pour apporter des conflits gentillets entre persos. On ne compte pas le nombre de scènes appuyées, soulignées au marqueur où tout est manichéen. Entre le père et le fils, l’histoire d’amour sous-jacente entre Mako et Raleigh, le côté bourru du boss, la blessure morale du héros qui va finalement passé outre… on nage en pleine soupe Hollywoodienne qui ne marche plus quand on élève un projet comme Pacific Rim au rang de chef d’oeuvre avant sa sortie. Ce n’est pas un film de robots contre des monstres mais de personnages qui pilotent des robots et ça, c’est chiant quand c’est mal raconté. Chiant comme la longue exposition de personnages pendant 40 minutes où il ne se passe rien.
Parlons des robots maintenant. On s’attendait à ce que Pacific Rim offre un spectacle dantesque. L’aspect graphique m’avait gêné et il m’a encore gêné. Tout se passe de nuit, sous la flotte et les détails qui foisonnent rendent le tout un peu moche. C’est un poil répétitif avec l’utilisation de la pluie ou de l’océan sauf sur deux scènes impressionnantes en plein jour. Je kiffe les bestioles géantes, elles parcouraient mes plus grands cauchemars de gosses, mais là c’est raté. Je n’ai pas trouvé ca transcendant et visuellement entre le fluo, l’obscurité et les détails d’eau (éclaboussures, pluie…), c’est limite visuellement moche.
Etrangement, tu filmes à hauteur d’hommes des géants, tu n’as pas cet aspect de gigantisme car tu n’as pas le point de vue opposé, c’est à dire un plan aérien du combat. Les perspectives différent et le résultat aussi fatalement. Si on filme un géant à hauteur d’hommes près de lui, oui on a du gigantisme, là on filme dans une sorte de distance bâtarde qui ne donne rien. Dans Cloverfield ou la Guerre des Mondes par exemple, tu filmes au plus près de la bestiole, tu as des points de repères, puis tu as des plans larges qui te remettent dans la perspective. Ici j’ai rien retrouvé. Les plans aériens ne sont pas assez présents à mon goût par rapport à la longueur et au montage des combats ! Point de vue perso. Ca reste fun, je ne dis pas le contraire, mais niveau intelligence de mise en scène, ce n’est pas ça. Dans les deux scènes de jour, tu as un repère humain avec le grand-père sur la plage ou la petite Mako enfant qui aident beaucoup à rendre la scène impressionnante.
Deux plans jouissifs : l’un concernant un pendule et le deuxième avec une épée.
L’humour dans le film qu’il soit apporté par Charlie Day (et sa voix haut perchée) et son sidekick ou encore Ron Perlman (le fidèle ami de Del Toro) reste bon enfant. D’ailleurs cette partie de l’histoire entre le personnage de Day et Perlman apporte un peu d’épaisseur au script mais les révélations semblent sortir de nulle part. La résolution de l’intrigue sort un peu du chapeau magique. Il y avait moyen d’approfondir l’aspect historique des Kaijus d’une manière vraiment excitante.
Remettons les choses au clair, le film n’est pas la révolution attendue, les situations sont vues et revues et ne volent pas haut tout comme les personnages et leurs rapports entre eux. Si vous voulez voir des combats de robots géants contre des monstres géants, oui, c’est ici que ça se passe mais Pacific Rim n’est pas le film définitif de robots. C’est honnête, techniquement bien foutu tout en étant loin de la claque annoncée. On a le droit d’en vouloir au monde entier quand on aime Bumblebee et pas Gipsy Danger oui ? Sûrement avec le recul, j’apprécierai le film comme un film pop-corn avec ses défauts. Rappelons pour terminer, que beaucoup s’accordent pour prédire un flop du film au box-office…