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Les Bons Gros Bâtards de la littérature : les auteurs classiques sans la classe

Qui sont les bons gros bâtards de la littérature ? On connaît la sage littérature de nos écrivains français : Hugo, Voltaire, Baudelaire et les autres. On connaît cependant beaucoup moins leur côté moins reluisant : sexisme, homophobies, blagues potaches, violence, etc.

Moins dangereux on connaît leur amour pour certaines substances licites ou illicites (du café en surdose pour Balzac jusqu’à la cocaïne pour Stevenson, en passant par la mescaline pour quelques autres)… « Les bons gros bâtards de la littérature », BD écrite par Guillaume Plassans (PoPésie), illustré par Aurélien Fernandez et édité par les Editions Lapin nous dépeint le côté peu glorieux de nos auteurs (et autrices), non sans humour.

Et l’ensemble est une belle BD très complète qui se dévore sans retenue. 128 pages de pur plaisir !

On est parfois horrifié par les haines racistes et/ou antisémites, les goûts tendancieux des auteurs, amusé par les (nombreuses) histoires d’adultères, qui ne sont pas l’apanage des hommes, scandalisé par la misogynie qui régnait dans les milieux littéraires, mais tout est passionnant et dépeint avec toujours la bonne pointe d’humour.

Certaines anecdotes sont amusantes d’elle-même (on passera sur le côté sanguinaire de Hemingway qui avait pour passion de tuer toutes sortes d’animaux… sauf les chats), comme l’appétit sexuel manifestement insatiable de Maupassant, allant jusqu’à être fier d’avoir contracté la vérole et de la transmettre à qui passait par sa couche, ou encore le personnage fictif de Jean-Baptiste Botul, inventé pour ridiculiser les intellectuels (ça a marché jusque BHL, en 2010 qui l’a très sérieusement cité dans son ouvrage « De la guerre en philosophie »)

D’autres sont presque gores, comme chez Paul Verlaine, dont la mère gardait les foetus de ses fausses couches dans des bocaux remplis de formol et qui préférait leur faire la conversation que de s’occuper de son fils… (bon départ dans la vie, ça…)

Que ce soit par des citations d’un auteur qui donne son opinion sur un autre, ou par des anecdotes sur la vie des uns et des autres, on en apprend beaucoup sur ceux que notre Education Nationale a érigé au rang de dieu vivant (oui enfin, ils sont décédés pour la plupart, mais vous voyez ce que je veux dire…)

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Découvrir enfin que beaucoup étaient homophobes, et n’hésitaient pas à s’en servir pour se moquer d’un de leurs confrères, que la plupart étaient particulièrement sexistes, au point de considérer la femme autrice comme un monstre sans aucun attribut féminin (bah oui, comment ça peut-être possible ? Elle écrit, elle fait un métier d’homme. C’est donc forcément tout sauf une femme !), sans compter le racisme et l’antisémitisme ordinaire, Céline étant le plus connu d’entre eux pour ça, mais loin d’être le seul.

Une mention spéciale aux frères Goncourt, souvent présents dans les pages des citations les plus abjectes ! Peu importe le sujet, ils ont toujours leur mot à dire, et c’est rarement classe !

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Mais, tout ce côté peu reluisant n’est pas juste un moyen de plus de s’énerver tout seul devant sa BD, mais une désacralisation salutaire, et je dirais même nécessaire ! C’est une recontextualisation qu’il est bon de lire, et fait avec un tel humour qu’on ne peut que rire de tout ça.

Les dessins de Fernandez ne sont plus à présenter (voir son twitter @fernandezcomics ), et nous peignent avec simplicité, en une seule scène, les détails de ce qui est relaté à l’écrit. Le style a tracé régulier, et monochrome est très bien maîtrisé et ajoute un petit plus humoristique à ces nombreuses anecdotes.

Tout ceci mérite donc que l’on s’y attarde, même que l’on aille faire un tour sur le sites des éditions lapin (librairie.lapin.org) : bannissez Amazon, donnez du fric (13 € !) aux éditions qui valent le coup, pour aller acheter ces 128 pages de bonheur qui vous feront briller en société lorsque vous direz, nonchalamment, lors d’un apéro entre amis « vous saviez que Choderlos de Laclos avait participé à l’invention de l’obus ? Et que François Villon n’a jamais rendu l’argent ? (A une lettre près…) » vous faisant ainsi passer pour la personne surdouée et intéressante que personne ne soupçonnait.

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Iris

Picarde, 2e des 3 fans français de Dr Who, sériephile, dessinaniméphile, x-phile et motion designer de métier

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