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Debris (TF1) : est-on passé à coté d’une grande série de SF ?

Le genre science-fiction peine à s’imposer de nouveau sur les networks et ce n’est pas J.H. Wyman (Fringe) qui va dire le contraire avec l’annulation de Debris, sa dernière création. Debris dès le 2 novembre 2022 sur TF1 dès 23h35.

Avec son compère Jeff PinknerWyman avait dirigé Fringe pendant les 5 saisons. Mais c’était seul qu’il avait proposé la saison 5 de la série avec Joshua Jackson. Avec la réception négative de cette saison 5, peut-on dire alors que Wyman était l’homme des mauvaises idées par rapport à Pinkner ?
En tout cas, Wyman est un homme qui aime la science-fiction. Il l’a prouvé avec Fringe, mais également avec Almost Human, série de 2013 qui n’avait connu qu’une saison.
Cette saison, il a proposé Debris pour NBC.

Dans cette série, des débris d’un vaisseau spatial tombent sur Terre depuis 6 mois. Un agent de la CIA et une agent du MI6 identifient et collectent ces morceaux tout en enquêtant sur les effets qu’ils produisent sur la population.

On retrouve le sympathique Jonathan Tucker (The Virgin Suicides, The Texas Chainsaw Massacre, Parenthood ou Westworld) et Riann Steele (LovesickNCIS: New Orleans) dans les rôles principaux, Bryan Beneventi et Finola Jones.

Debris impose donc son postulat de départ sans entrer dans les détails. On ne sait pas d’où vient ce vaisseau, s’il y a eu un contact avec des aliens et comment ce vaisseau a fini en miettes. La formule de la série se rapproche de Fringe avec des anomalies scientifiques, un duo et une menace invisible. Cependant, Debris semble avancer vers une direction dont on n’aura jamais conscience. De part son annulation, oui ; mais aussi par son manque cruel de détails. Rien ne viendra justifier, alimenter ou préciser le but de tout ça. Pire, un sentiment d’urgence se fait sentir dans une grande majorité de scènes à cause d’une musique qui cherche à souligner un quelconque danger jamais présent.

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Alors finalement, Debris, ce n’est pas top ?

Et pourtant, il ressort de la série quelque chose de fascinant. Une maîtrise invisible, un contrat tacite avec le téléspectateur qui fait que l’on sait que la série sait où elle va. Ce ne serait pas possible autrement. Est-ce à cause du fait qu’on semble au milieu de quelque chose qui nous dépasse narrativement ?
La saison 1 de Debris ressemble à une saison 2. C’est le seul constat que l’on pourrait faire pour justifier une ambiance comme celle-ci.

Est-ce que la série nous raconte bien autre chose que ce qu’on voit ? Sûrement, à en juger par des personnages qui nourrissent de profonds malaises. D‘ailleurs, les personnages, bien campés, manquent cruellement de chaleur humaine à l’instar de ceux de Fringe. On ne sait rien d’eux et quand leur passé se dessine, il manque alors l’alchimie entre les deux personnages.

Debris reste dans sa formule d’un débris = un phénomène. On aurait pu rire des premiers épisodes. Après les gens qui flottent, voici les objets qui bougent tout seuls, ensuite les gens qui passent à travers les choses, qui disparaissent. Tous les mouvements physiques y passaient. Et vint l’épisode 9 qui instaure une boucle temporelle qui va même se conclure dans l’épisode suivant. C’est sobre, malin et efficace. Et ça devait être le point de départ, de bascule de la série. Après l’épisode 10, Bryan Beneventi devient la clé de l’énigme ou tout du moins une pièce importante pour la suite.

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SPOILERS SUR LA FIN DE LA SÉRIE

Des débris entreposés ont formé une boule d’énergie qui s’échappe et attérit dans un coin désertique où un Indien semble méditer.

Influx et le père de Finola sont de mèche. Ils récupèrent un débris qui mettaient les gens en état de transe hypnotique. Otto, un membre imminent d’Influx se joint à la partie. C’est John Noble qui l’incarne, le Walter Bishop de Fringe !

Dans une caverne, l’Indien rejoint Brill (Sébastien Roché, Thomas Jerome Newton dans Fringe) qui lâche la phrase type : « Let’s begin » devant ce qui semble être un double de Finola, enveloppé dans une aura d’énergie comme vu dans l’épisode 10.

FIN DES SPOILERS

 

Wyman le dit lui-même, cette saison 1 n’est qu’une origin story. On ne peut pas le croire vu dans quel contexte on est plongé à peine la série commencée. Avec son plan avorté de 5 saisons, son passif sur Fringe, on peut se douter que Wyman avait les yeux plus gros que le ventre et en gardait trop dans le manteau. Même cette ultime phrase lancé par ce personnage dans l’épisode 13 ne peut pas sonner plus cliché quant à une certaine ambition un poil élevée. Il n’y avait pas de menace vraiment identifiée pour offrir un suspens palpable et une envie d’en savoir plus. Anson Ash qui était le « méchant du début » a bien vite été mis à l’écart.

On ne reste même pas frustré puisque la série n’a rien esquissé de son potentiel. Debris restera peut-être incomprise, brouillonne mais surtout intrigante. Peut-être que Wyman nous dévoilera les tenants et aboutissants de la série (comme par exemple, les audios entendus durant le générique de fin qui semblent provenir du moment où le vaisseau est découvert) quand les espoirs évidents qu’un service de streaming récupère la série s’envoleront. Ou alors, Debris va être renouvelée par une plateforme et nous délivrer de grandes heures de SF télévisuelle…

Debris dès le 2 novembre 2022 sur TF1 (2ème partie de soirée)

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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