On a terminé

Archive 81 (Netflix) : c’est fin, ça se mange sans fin (car elle est ratée)

Archive 81 est un podcast créé par Dan Powell et Marc Sollinger qui vient d’être librement adapté pour Netflix en une saison de 8 épisodes.

Archive 81 nous plonge dans les méandres d’archives vidéos. Reprenant le genre found-footage que des films comme Le Projet Blair Witch ou Paranormal Activity ont rendu célèbre (et vite dépassé), Archive 81 est une série à l’ambiance pesante qui lorgne du côté de Stephen King.

Est-on en face d’un digne successeur à The Haunting of Hill House ?

L’article ne contient pas de spoilers importants et ne gâchera pas la découverte de la série. Si vous savez les thématiques de la série, vous ne serez pas surpris.

Rebecca Sonnenshine (The Boys, The Vampire Diaries) dirige la série avec au casting Mamoudou Athie (The Get Down), Dina Shihabi (Jack Ryan, Altered Carbon), Evan Jonigkeit (Sweetbitter, Frontier), Julian Chan (Katy Keene), Martin Donovan (Weeds) et Matt McGorry (Murder, Orange Is The New Black). Atomic Monsters produit la série, boîte de James Wan (The Conjuring).

On suit Dan Turner, archiviste vidéo, qui doit restaurer une série de mystérieuses cassettes vidéos pour un dirigeant privé dans un complexe au milieu de nulle part. Chaque cassette va lui raconter l’enquête de Melody Pendras au sein du bâtiment Le Visser en 1994.

La bande-annonce mettait l’ambiance. Dan allait étudier chaque cassette avec minutie et découvre en même temps que nous le contenu. Filmées avec une vieille caméra, les images sont délavées, granuleuses, et renforcent l’ambiance déjà pesante de la série.

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Il faut le dire, Dan Turner, seul face à ses écrans, dans un complexe vide et silencieux, qui découvre ces images est le parfait parallèle avec nous, spectateurs, regardant dans la pénombre la série. Cette mise en abyme radicale, facile mais maline, nous plonge de suite dans cette histoire qui révèle d’autres découvertes étranges.

Le principe de found-footage nous a tous bluffés avec les premières œuvres utilisant ce procédé. Mais rapidement, il nous a fatigués et a montré ses propres limites. En effet, suivre les images filmées d’une personne veut dire qu’on n’aura que l’image filmée comme matériaux de base. Mais Melody Pendras a la caméra greffée à sa main, elle filme tout comme on pourrait avoir son téléphone dans la main tout le temps partout aujourd’hui ! Alors Dan a beaucoup de contenus à visionner et à découvrir. Les cassettes ont été récupérées d’un incendie et curieusement, elles sont tous entreposées dans l’ordre de tournage. La coïncidence se pose là et facilite l’immersion (mais bon quand même c’est gros).

Outre les incohérences de ce genre, on passe également sur l’aspect « Dan regarde les vidéos » en se plongeant dans le récit de Melody. On la suite sans qu’elle filme et par conséquent, les informations que l’on capte n’arrivent pas à Dan. Les deux intrigues ne se répondent plus vraiment. Et les intrigues, justement, sont plutôt judicieusement dosées.

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On est bluffés par le rythme lent et posé de la série qui distille les détails avec parcimonie. On croit à un immense canevas de détails pour déboucher sur un final dantesque. Spoiler : il n’en sera rien. On se dit que cette histoire d’incendie, de moisissure, de sacrifice, de sixième étage, d’images fantomatiques vont amener à quelque chose d’important.

Le spectateur sera dupe quelques épisodes. Il se dit que la série va nous proposer une sorte de croisement malin et excitant entre Fréquence Interdite et Les Autres. Spoiler : il n’en est rien.

Archive 81 se perd dans des circonvolutions narratives pour conclure sur un climax assez plat, redistribuant les cartes rapidement et oubliant même toutes les règles établies. Abstraits, les nœuds narratifs ne sont là que pour étouffer une conclusion dénuée de tout suspens. Pourtant, Archive 81 était bien parti mais les personnages devenus très bancals et inconsistants à l’image des habitants du Visser, de Jessica, d’Anabelle et même de Dan, joué par le toujours inexpressif mais attachant Mamoudou Athie. On l’aimait en doux amoureux disparu d’Elizabeth Olsen dans Sorry For Your Loss mais là, il semble à peine concerné par les événements.

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L’ambiance était là, les décors aussi, mais conclure sur un non-lieu, dévier la vraie finalité de ses cassettes, amener un nouvel antagoniste, rendre incohérente une scène importante de messe noire font qu’Archive 81 se perd.

Piochant dans Stephen King (on pense aux Tommyknockers), dans du Stranger Things (cette histoire d’Autre-monde et de moisissure est flagrante), Archive 81 ne réussit à nous maintenir en selles que par cette ambiance lourde. La fin n’a pas vraiment de sens, ne conclut rien, ouvre peut-être à une saison 2 (le podcast en a 3) et ne semble pas vraiment réussir à instaurer un univers clair pour qu’on saisisse le projet global. (bah oui, que signifie le 81 du titre?)

Archive 81 est disponible sur Netflix.

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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