The Leftovers – Saison 1
Voilà, c’est fini. Après 11 semaines de diffusion – il y a eu 15 jours frustrants entre les deux derniers épisodes, The Leftovers s’est terminée comme elle avait commencé : par une scène énigmatique. Après les deux premiers épisodes, je n’étais pas entièrement convaincu par la série, attendant de voir comme elle allait se développer. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Du sublime, du très bon, du bon, du moyen et du mauvais. The Leftovers est une série diablement inégale, intrigante, fascinante et énervante par moment. Tiens, c’est étrange, ça ressemble exactement aux sentiments que j’avais en regardant Lost, quelle coïncidence… Bon, petit rappel pour ceux qui n’auraient pas suivi l’affaire : un jour, 2% de la population mondiale disparaît brusquement. Trois ans plus tard, à Mapleton (une petite ville fictionnelle près de New-York), les habitants essaient de vivre tant bien que mal et lors de cette première saison, on en suit quelques-uns.
Autant le dire tout de suite : The Leftovers ne vous laissera pas indifférent. D’ailleurs, les pro et anti Lindelof s’écharpent depuis le début de la série sur la qualité de cette dernière. C’est surtout qu’elle ne nous prend pas par la main, elle trace sa route sans jamais se retourner. C’est au spectateur de faire l’effort de s’accrocher, surtout lors des deux premiers épisodes qui sont très arides. The Leftovers est inégale, certains épisodes sont oubliables – le deuxième et une bonne partie du huitième, et même au sein d’un épisode, certains moments ennuient – notamment quand l’on voit les enfants de Kevin Garvey (Justin Theroux). Parfois, la mise en scène en fait beaucoup trop, avec des ralentis hyper stylisés et de la musique bien larmoyante ; et certains acteurs ne convainquent pas réellement, comme Theroux ou bien Liv Tyler (surtout au début de la saison). La série est aussi remplie de clichés, notamment sur les problèmes d’adolescence de la fille de Garvey, et l’écriture est parfois fainéante, se répétant plusieurs fois et glissant quelques incohérences ici et là.
Pourtant, malgré tous ces défauts, The Leftovers m’a happé comme rarement et je suis triste de savoir qu’il faudra attendre juillet prochain pour voir la saison 2. Pourquoi ?
En fait, même si la série est agaçante et bizarrement rythmée, elle est profondément humaine. Ses personnages prennent aux tripes, l’écriture est parfois magnifique et quand la réalisation se fait plus sobre, on atteint des sommets. La preuve ? L’épisode 3, centré sur le personnage de Matt Jamison, le prêtre, interprété par Christopher Eccleston. C’est sans doute le plus beau moment de télé de l’année. D’ailleurs, dès cet épisode 3, la qualité de la série augmente sensiblement. On sent que Lindelof et Perrotta ont voulu prendre leur temps avec les deux premiers épisodes qui auraient presque pu être mis bout à bout pour former un pilote de 2 heures. The Leftovers commence réellement lors de cet épisode 3, en changeant de structure narrative : on s’attache principalement à un personnage, qui va voir les différentes intrigues lui tourner autour. C’est un format vraiment intéressant, et le rendu fait penser à Rectify ou à Six Feet Under avec cet aspect « tranches de vies disséquées ».
Côté dialogue et thèmes, on parle beaucoup de religion, de mort, de réveil, d’hallucination. Tout le monde est perturbé, même ceux qui paraissent les plus solides ; personne n’est sûr de soi, et la série arrive à développer cette ambiance d’insécurité mentale qui va finir par exploser au final. La violence est là, sourde, invisible, mais elle attend le bon moment pour frapper. L’antagonisme avec la secte des Guilty Remnants est plutôt bien amené, même si parfois un peu ridicule et artificiel. Ce qui m’a le plus déçu au final, c’est l’écriture du personnage de Jill que je trouve très plat. Dommage.
Au niveau des acteurs, comme je le dis depuis le début, il y a de tout. Si Christopher Eccleston, Carrie Coon ou encore Ann Dowd sont excellents, je suis moins emballé par Theroux ou Liv Tyler, surtout dans les premiers épisodes où leurs personnages peinent à vraiment émouvoir. Mais HBO oblige, la distribution est quand même d’une qualité bien supérieure à ce qui se fait ailleurs globalement. Autre point intéressant, si l’OST est parfois usante, les notes de piano sont elles plutôt bien vues.
Au final, que retenir de cette première saison ? Qu’elle a été inégale mais loin d’être mauvaise. En fait, tout dépend de ce que vous en attendiez : si vous pensiez regarder un Lost-bis ou une série avec un arc narratif très travaillé, vous avez sonné à la mauvaise porte. Par contre, si vous aimez les séries qui développent des tranches de vies, comme Rectify, The Leftovers peut vous intéresser. Néanmoins, j’attends de voir la deuxième saison avant de crier au génie ; il faudra confirmer pour Lindelof et Perrotta, ce qui n’est jamais simple. Mais j’y crois.