Traquée (Disney+) : l’invasion alien sans un mot
Après l’étonnant Adolescence Explosive, Brian Duffield propose, Traquée, un home invasion qui se transforme en alien invasion pour Disney+.
Brynn Adams (Kaitlyn Dever) est une jeune femme qui vit reclue dans sa maison au milieu de la forêt. Il s’est passé un drame qui l’exclut de la communauté de son village. Une nuit, elle est réveillée par d’étranges bruits provenant du rez-de-chaussée.
On ne connaît pas très bien Brian Duffield, mais il a déjà un CV rempli de films très fun comme Spontaneous (Adolescence Explosive en 2020) ou encore La Babysitter (2017), Love and Monsters (2020), et Underwater (2020). Il aime les concepts audacieux et ce n’est pas Traquée (en VO,No One Will Save You) qui va faire exception. S’il part d’une banale invasion alien, Duffield transforme l’essai en se permettant un film muet du début à la fin. Aucun dialogue ne vient parasiter le film. Contrairement à Sans Un Bruit, Traquée ne propose pas ce gimmick à cause du scénario. C’est avant tout un choix artistique.
La bande-annonce jouait à fond la carte de l’home invasion, genre qui produit des choses très variées. Personnellement, j’imaginais un home invasion sans qu’on nous dévoile l’identité des envahisseurs (ihih) avant une bonne demi-heure. Je n’avais pas regardé le trailer en entier, me réservant la surprise au visionnage du film. C’est là toute ma surprise quand le suspens est vite éventé. Malgré tout, l’aspect home invasion est réussi. La tension est là, l’absence de dialogues, d’autres personnages que la jeune fille et l’alien, tout fonctionne.
Je reste étonné qu’un home invasion se permette le luxe de passer plus d’une nuit dans ce genre. Brynn sort de chez elle et Traquée n’est donc plus un home (alien) invasion. C’est là que le film bascule vers un style plus radical. Nous sommes clairement dans un croisement entre Sans Un Bruit, Signes et Skyline. Les aliens sont là ! C’est un film de SF pur qui se dévoile sous nos yeux.
Les créatures se dévoilent également. Si nous ne sommes pas surpris par leur look très « cliché » (un extraterrestre de type « grey » avec des grands yeux et une silhouette mince), ces images d’Épinal de petits-gris ne semblent pas rasoir. Duffield se permet le luxe de donner un coup de fouet au genre. Il assume totalement qu’il fait un film avec des aliens dans sa plus pure expression graphique.
Alors, il s’amuse et ne recule devant aucun choix de mise en scène pour iconiser les créatures avec des plans à la photo magnifique. On frémit à chaque apparition, on est pris dans les scènes de poursuite et on se dit que ce « Brynn versus aliens » est une petite pépite de SF.
Mais à mesure que le film se déroule, on peine, toutefois, à trouver une conclusion logique. Duffield semble aussi dans le même cas, tellement il fait durer artificiellement son film, prétextant un développement de son héroïne somme toute inutile. Son trauma n’avait pas l’obligation d’être expliqué. Cette aura de mystère rajoutait un cachet à cette ambiance déjà bien palpable. Alors on trouve le temps long à chaque prolongement de scènes. On ne sait plus où veut aller le récit. Et c’est à force de circonvolutions barbantes que le film change radicalement de ton pour une conclusion étrange. Les 1h28 de film paraissent donc très longues.
Traquée aurait pu voir son récit resserré pour offrir une expérience plus viscérale et convaincante. On aime le parti-pris de rendre l’alien moins ringard que dans sa représentation habituelle chère aux années post-X-Files avec un vrai regard de menace physique. Mais ça ne sauvera pas le film de choix un peu discutables. Ce sont probablement mes attentes qui étaient le problème, ne le cachons pas. Par contre, je vais surveiller les prochains projets de Brian Duffield, le réalisateur. Il aime les high-concepts funs !