The Strain ou le retour du filtre jaune
Après Helix et The Last Ship plus tôt cette année, voici donc venue la vision de Guillermo Del Toro sur un possible virus meurtrier pour une bonne partie de l’Humanité. Projet porté par ce dernier depuis 2006, mis par écrit sur trois tomes entre 2009 et 2011 avec la collaboration de Chuck Hogan, et finalement transformé en série grâce à FX l’année dernière, il marque l’arrivée de Del Toro à la télévision, sur une valeur sûre du câble américain. Attendu par tous les fans du cinéaste, que vaut donc le pilote de The Strain ?
Que l’on soit fan ou non de son travail, force est de reconnaître que Del Toro a une vraie patte sur tous ses projets. Il a fait de Blade II un film fantastique et viscéral, complètement à l’opposé du premier opus ; ses Hellboy sont déjantés ; son travail esthétique sur le Labyrinthe de Pan est remarquable, et il a réussi le tour de force de faire de Pacific Rim un gigantesque défouloir, filmé avec amour et maîtrisé de bout en bout. On retrouve d’ailleurs certaines références à ses films, et notamment à Blade II, que ce soit dans l’atmosphère ou la façon d’infecter les humains.
Néanmoins, si de côté-là l’influence de Del Toro est palpable, c’est moins le cas à la réalisation. Assez classique, voire trop, le pilote manque de rythme et parvient juste à faire sursauter ou angoisser à de trop rares moments. Envahi par un filtre jaune qui ferait pâlir d’envie les nostalgiques de CSI:Miami, The Strain manque d’un petit quelque chose pour que l’on y croit vraiment. Le gros défaut de ce pilote est peut-être sa structure, qui se veut en temps réel, et qui empêche peut-être d’accélérer quand il le faudrait. En regardant The Strain, j’ai eu l’impression de me retrouver avec Helix, elle aussi bloquée par une évolution en temps réel. Et c’est ma plus grande crainte : que ce côté documentaire, voulu par Del Toro, empêche la série de vraiment prendre de l’ampleur et la fasse rester trop terre à terre.
Malgré quelques défauts supplémentaires – comme certains personnages clichés ou certaines scènes sans intérêt, il existe quand même des motifs d’espoir pour la série. Déjà, sa distribution est plutôt bien pensée, ça joue bien la plupart du temps, et l’on retrouve des têtes connues et confirmées comme David Bradley (le Rusard d’Harry Potter) ou Sean Astin (Sam du Seigneur des Anneaux). Ensuite, certaines scènes, comme les infections ou encore la toute fin, peuvent laisser penser que le pilote n’était que timide et que The Strain pourrait prendre son envol dans le futur. Enfin, le fait que la série soit basée sur les livres et prévue sur trois, quatre, voire cinq saisons, laisse penser que Del Toro et Hogan ne risquent pas d’aller dans tous les sens et de perdre de vue son fil rouge.
The Strain a donc encore tout à prouver, mais laissons lui le bénéfice du doute pour le moment. La situation est encore sous contrôle.