The Bear, saison 3 (Disney+) : ça manque de sel tout ça !
Avec des nominations en pagaille pour les cérémonies TV, The Bear propose sa saison 3, disponible sur Disney+ pour 10 épisodes. Après le triomphe des deux premières saisons, comment se débrouille la série avec Jeremy Allen White ?
Après avoir conquis en masse le public sur une thématique finalement peu représentée en série, la cuisine (on parle des séries culinaires dans Serial Causeurs), The Bear revient pour une saison nouvelle, 1 an pile après la précédente. C’est rare de voir une série aussi régulière dans ses sorties. On ne va pas se plaindre.
Les 10 épisodes sont disponibles en VOST (pas de VF à l’heure où on écrit ces lignes) sur Disney+. La série de chez FX aux USA nous avait laissés avec une première mouvementée pour l’ouverture du nouveau The Beef, appelé The Bear.
The Bear, partie 3
Beaucoup de nervosité, de mots plus hauts que les autres et de sueurs pour que le chef Carmy (Allen White) ouvre enfin son restaurant de prestige. Le premier épisode surprend tout de suite en prenant le pari d’offrir un minimum de dialogues, un maximum de musique atmosphérique et beaucoup de scènes très courtes. L’épisode qui ouvre la saison nous étonne par cette prise de risques. On ne sait pas où est le passé, le présent, on saisit à peine où se situent chaque personnage. Le montage est très cut, la musique redondante, et, au final, on comprend qu’on est face à une tentative de dresser des trajectoires de personnages (surtout Carmy).
Le second épisode est également spécial puisqu’il se passe quasi entièrement dans la cuisine autour du plan de travail. Ça part à droite, à gauche, on retrouve la verve des personnages, surtout de Carmy et Richie. Carmy propose des décisions non-négociables pour que le restaurant avance et puisse décrocher leur première étoile. C’est, pour nous, une base pour bâtir les nouveaux tenants et aboutissants de la saison. C’était une fausse route.
Les épisodes 3, 4 et 5 sont du pur The Bear, nerveux, rythmés, fatigants, mais on retrouve tous nos personnages. Cependant, on peine à trouver une quelconque intrigue. L’arrivée de John Cena, sorti de nulle part, surprend agréablement. Son timing comique est parfait, mais son ajout est totalement hors propos. On ne comprend rien aux enjeux et aux choix narratifs… Tout semble prendre son temps, jouer sur les acquis. Et on verra que la série va se perdre dedans.
The Bear perd de son charme
L’épisode 6 est centré sur Tina. On a enfin une clarté dans la narration puisqu’on suit tout simplement son parcours de son renvoi de son ancien job à son embauche chez The Beef. Les épisodes suivants nous donnent l’impression navrante d’être devant quelque chose qui ne nous concerne pas, ou si peu. On manque d’informations, on manque d’épaisseur, tout s’enchaîne sans que l’on ne sache où tout ça nous mène. Globalement, chaque personnage est sous-exploité. Carmy a peu de temps d’écran, peu de texte, Syd tourne en rond, Richie n’a rien à offrir à part une ou deux scènes intimes. On ne parle pas du reste de l’équipe. Les joutes verbales entre Neil et Theo font le taf, mais ne font pas du tout avancer le tout. Ne parlons pas de Marcus qui perd tout son potentiel sympathie en ne faisant absolument rien de la saison.
C’est dans l’ultime épisode qu’on nous présente la dernière soirée du restaurant du chef Terry (Olivia Colman), restaurant dont on se contrefout un peu durant cette saison, et pourtant, on en fait le point central de la saison. Rien ne se passe, rien ne se crée, rien ne se conclue.
C’est bien simple, The Bear a voulu capitaliser sur son aura de série à forts moments. Elle en fait trop. Elle crée des longues scènes où les personnages font dans l’introspection ou dans le blabla stérile. On n’apprend rien d’eux. Personne n’avance, confronte ses idées, n’affronte l’autre. Le summum est l’épisode 8 avec Sugar qui va à l’hôpital suite à des contractions. Elle est rejointe par sa mère, jouée par Jamie Lee Curtis. L’épisode est entièrement centré sur elles, dans la chambre d’hôpital avec Sugar qui souffre. C’est un exercice audacieux, filmé en gros plan, tentant de créer ces fameux « moments de TV ». Oui, c’est bien joué, ce n’est pas forcément très subtil. Si l’épisode ne donne pas envie d’être enceinte, il ne nous donne pas non plus envie d’en faire un épisode réussi. Les personnages ne sont pas assez développés pour que l’empathie se crée rapidement. Si Donna (Curtis) est un personnage qu’on a vraiment découvert dans l’épisode de Noël (le fameux 2×06, Fishes), nous ne l’avons pas non plus vu assez pour en faire un personnage qu’on avait hâte de revoir.
Tout est fait pour faire une caricature de la série. Elle force le trait, ses gimmicks, et ne propose finalement aucune intrigue et aucune avancée. On ne s’ennuie pas, mais on ne passe pas non plus un moment agréable. L’univers est là, sauf que la recette ne prend plus. Possiblement, l’effet de surprise est passé et qu’il faut aller piocher ailleurs, dans d’autres choses que des joutes verbales. Les engueulades sont passées, il faut des objectifs, des lignes de mire, des horizons narratifs sinon The Bear ne tiendra plus la route. On attend un clash entre personnages, on a un status-quo.