Superman and Lois sur Max ! (Summer of Superman)
Prime et Max profitent de la sortie du film de James Gunn, Superman, pour proposer l’intégralité de Superman and Lois. Cette série n’est, ni plus, ni moins, que l’une des meilleures adaptations de l’Homme d’Acier.
Série à part et mesestimée
Superman & Lois s’impose comme une série à part dans le paysage des adaptations télévisuelles de DC Comics. Lancée en 2021, elle s’éloigne des codes traditionnels du genre, quittant l’univers spectaculaire et surchargé de l’Arrowverse pour privilégier une approche intimiste et familiale du mythe de Superman. Dès ses débuts, la série surprend par sa qualité visuelle, son ton sérieux et son ambition narrative. Elle place au centre de son récit la vie de famille de Clark Kent et Lois Lane, revenus s’installer à Smallville avec leurs deux fils adolescents. Cette nouvelle orientation permet d’aborder des thématiques universelles comme la parentalité, la gestion du secret, la maladie ou encore la crise d’adolescence, tout en maintenant une trame super-héroïque discrète mais présente. Au fil des saisons, Superman & Lois évolue, alternant entre moments forts et faiblesses scénaristiques, mais conserve une identité visuelle et thématique cohérente, jusqu’à devenir la dernière série rescapée de l’Arrowverse après la fin de The Flash.
Saison 1 : Un nouveau souffle pour Superman
La première saison de Superman & Lois marque un véritable renouveau pour le personnage. Elle balaie d’un revers de main le background traditionnel de Superman : le Daily Planet, Metropolis, la carrière journalistique de Clark et Lois. Dès le départ, la série choisit de s’ancrer à Smallville, où le couple vit désormais avec leurs deux fils, Jonathan et Jordan. Ce choix scénaristique permet de recentrer l’intrigue sur la vie familiale et les défis du quotidien, tout en introduisant des éléments de suspense et de mystère.
La saison démarre sur une note positive, avec des intrigues bien dosées et une narration équilibrée. Superman n’est pas omniprésent, Lois reste aux aguets, et les adolescents ne monopolisent pas l’attention. La menace principale, incarnée par un certain Luthor, est traitée de façon originale : il ne s’agit pas du Luthor classique, et la série joue sur les attentes du public en réinterprétant les codes du mythe. Les révélations s’enchaînent, mais toujours avec une touche de nouveauté, permettant à la série de construire un univers riche et cohérent.
Malgré tout, la saison n’est pas exempte de défauts. Le personnage de Lana (Emmanuelle Chriqui) reste en retrait, son amitié avec Clark est peu développée, et certaines intrigues secondaires (autour de Morgan Edge, par exemple) manquent d’originalité. Cependant, ces éléments contribuent à donner de la consistance à l’environnement de la série. Le ton feuilletonnant prime sur l’action pure, et la série évite l’écueil du « vilain de la semaine », préférant développer des arcs narratifs longs. Les scènes d’action sont bien réalisées, mais servent toujours l’intrigue principale, ce qui permet de ne pas tomber dans le spectaculaire gratuit.
Saison 2 : Entre ambitions et limites
La deuxième saison de Superman & Lois s’engage sur un terrain plus incertain. Alors que la série a su se détacher du reste de l’Arrowverse et construire sa propre mythologie, elle peine à maintenir la qualité narrative de la première saison. Le début de la saison est prometteur, avec la rumeur de l’apparition de Doomsday, l’ennemi mythique de Superman. Mais la série choisit finalement de mettre en avant Bizarro, une version inversée du héros, dont la relation psychique avec Clark occupe une grande partie de l’intrigue initiale.
Le reste de la saison repose sur des arcs narratifs qui s’étirent en longueur, sans parvenir à captiver pleinement le public. Le mode Berlanti est enclenchée. Le producteur du Arrowverse transforme sa série chorale en gigantesque « super-soap ». Tous les personnages ont leurs intrigues, au détriment du cœur même du sujet : Superman. Les histoires autour de Jonathan (qui utilise de la X-Kryptonite pour progresser au football), Sarah (qui doit gérer l’infidélité de son père), ou Lana (qui se lance en politique), auraient pu tenir sur un ou deux épisodes, mais s’étalent sur toute la saison, ce qui nuit à la dynamique générale. Le personnage de Lana, déjà peu convaincant dans la première saison, devient carrément ennuyeux, et sa relation avec Clark reste sous-exploitée.
La saison est divisée en trois parties : la découverte de Bizarro, l’exploration du monde inversé, et l’invasion du Bizarro World dans le monde réel. Malgré quelques scènes marquantes, notamment l’invasion finale, la série souffre d’un manque de matière et de personnages caricaturaux. Elle s’inspire de Smallville dans ses défauts, mais oublie d’intégrer des épisodes « monster of the week » qui auraient permis de varier les plaisirs et de développer plus rapidement les personnages.
La fin de la saison est également critiquable : l’épisode final s’attarde 15 minutes sur la vie quotidienne des personnages, ce qui donne une impression d’inachèvement. Seules quelques scènes, comme la révélation du secret de Clark à Lana, parviennent à sortir du lot. Lois, quant à elle, reste une journaliste sans grand poids, et les adolescents sont toujours bridés dans leur développement.
Malgré ces défauts, la production reste de qualité, et la série conserve une identité visuelle forte. Le climax de la saison est tout de même spectaculaire. Mais la saison 2 peine à passionner et met en lumière les limites du format feuilletonnant lorsque la matière narrative est insuffisante1
Saison 3 : Recentrage sur l’humain et le drame familial
La troisième saison de Superman & Lois opère un recentrage sur l’humain et le drame familial, tout en restant fidèle à son identité visuelle. Dès le début, la série surprend en jouant avec les attentes du public : alors qu’on s’attend à une grossesse de Lois, c’est une maladie grave, un cancer du sein, qui vient bouleverser la vie des Kent. Cette intrigue, traitée avec justesse et sans tabou, place Lois au centre de la saison, et permet à Elizabeth Tulloch de briller dans un rôle exigeant.
La série explore la maladie, l’acceptation du corps, la féminité, et propose des scènes d’une grande justesse, notamment entre Lois et Lana. Le couple Lois/Clark retrouve une place centrale, et les scènes entre les deux protagonistes sont parmi les plus réussies de la série. La dimension familiale est renforcée, au détriment parfois de la menace super-héroïque. Les méchants de la saison, incarnés par Bruno Mannheim et sa femme Peia (référence à Onomatopoeia, personnage de Green Arrow), sont secondaires, et leurs actions restent confinées à un microcosme. La menace ne touche jamais vraiment la population, et la série assume pleinement son statut de drame familial.
Les intrigues secondaires (amours des adolescents, relations entre Lana et John, Kyle et Chrissy) restent convenues, et certains personnages (notamment Lana) manquent toujours de relief. Mais la série se transcende grâce à la performance d’Elizabeth Tulloch, qui porte la saison sur ses épaules. L’épisode « The Dress » est à retenir comme l’un des meilleurs de la série, mettant en avant l’alchimie entre Hoechlin et Tulloch.
La saison se conclut sur un changement de braquet, avec l’arrivée de Lex Luthor (Michael Cudlitz), longtemps teasé. L’intrigue Mannheim est rapidement bouclée, et la série bascule vers une confrontation entre Lex et Lois. Le décor change, la série quitte la ruelle de Smallville pour un environnement urbain, et le budget semble concentré sur ce dernier épisode. Le point de bascule intervient avec l’exploitation de Bizarro, laissé par Mannheim, et récupéré par Lex, qui le transforme… en Doomsday ! Le combat final entre Superman et Doomsday est intense, mais semble rushé scénaristiquement. La série retrouve une dimension plus épique, tout en conservant son ton intimiste jusqu’au bout. Le danger est très localisé, peut-être trop. Superman est un héros de Smallville…
Saison 4 : Perspectives et avenir
La saison 3 s’est achevée sur un renouvellement du casting, avec le départ de sept personnages récurrents, ce qui pourrait permettre à la série de se recentrer sur l’essentiel : le couple Lois/Clark et leurs enfants. La saison 4, réduite à dix épisodes pour des raisons budgétaires, devra accentuer cette économie de moyens et se concentrer sur les drames humains et personnels qui ont fait la force de la série.
L’arrivée de Lex Luthor en fin de saison 3 ouvre la porte à de nouvelles perspectives, et la série profite de ce nouvel antagoniste pour retrouver une dimension plus épique, tout en restant fidèle à son ton intimiste. Encore une fois, la série privilégie l’humain. Le défi sera de ne pas tomber dans les travers des saisons précédentes (intrigues trop longues, personnages secondaires sans relief) et de continuer à proposer des scènes fortes et émouvantes, portées par la performance des deux acteurs principaux. Par chance, le casting réduit permet de se focaliser sur l’essentiel. Et il y a beaucoup à raconter puisque l’absence de Clark / Superman est au centre de l’enjeu narratif et créatif. On ne peu que dire que cette saison est maitrisée malgré le budget restreint. C’est triste et épique, sombre et multi-dimensionnel. On sent que la série tend vers une conclusion…
Se rappelant que Lois et Clark forme un couple incroyable, la série transcende leur relation et permet de mettre en lumière l’alchimie entre Tulloch et Hoechlin.
La série est annulée au bout de cette saison 4. DC et Warner ne souhaitent pas vraiment un double Superman sur les écrans avec celui de David Corenswet. Ridicule. Malgré tout, la série parvient à raconter ce qu’elle souhaite. Et la conclusion dramatique s’ouvre de plus en plus.
Série d’acier
Superman & Lois s’impose comme une série à part, qui a su réinventer le mythe de Superman en le replaçant au cœur de la vie familiale. Malgré ses faiblesses, elle reste la série la plus intéressante sur l’homme d’acier, et continue de surprendre par sa justesse et sa sensibilité. Superman & Lois se distingue par sa capacité à réinventer le mythe de Superman, en choisissant de privilégier l’humain et le familial plutôt que le spectaculaire et l’épique. Malgré quelques faiblesses, Superman & Lois reste une série forte, qui a su trouver sa propre voix dans le paysage des adaptations super-héroïques. Puisant son inspiration visuelle chez Snyder, sa force intime dans Smallville, Superman and Lois est surprenante à bien des égards, proposant des intrigues de plus en plus inédites pour les personnages qu’on connait depuis plus de 50 ans.
Superman and Lois est disponible en DVD, blu-ray (les trois premières saisons), sur Prime et Max.