Scream 5 : on spoile pour un avis… tranché
11 ans après le dernier Scream 4, Sidney Prescott et Ghostface reviennent pour un film qui ne se fatigue pas à mettre un 5 derrière son titre. Scream 5 se veut être Scream.Scream
(1996), Scream 2 (1997), Scream 3 (2000) sont une trilogie qui se suffisait à elle-même. Malgré des épisodes moins forts que l’original, l’œuvre de Wes Craven était respectée. La période remake des années 2000 avait échappé à Scream mais la génération internet voulait le regard de Ghostface sur ce monde. Scream 4 réunissait Wes Craven et Kevin Williamson pour un film qui se voulait dans l’ère du temps avec cette bande de jeunes décomplexés face à la violence et avides de reconnaissances via les réseaux.
Déjà un peu dépassé à sa sortie, Scream 4 est aujourd’hui honteusement aimé alors qu’il échoue à dépeindre deux générations bien différentes. Pire, cet opus tente de garder intact le trio d’origine Dewey / Gale / Sid. Scream 5 allait-il pouvoir réconcilier tout le monde ?
Si Scream 4 a été un échec cuisant (38 millions de dollars aux Etats-Unis face au 100 millions des trois précédents), Wes Craven était partant pour qu’une nouvelle trilogie plus actuelle voit le jour. Devant les retours négatifs, la franchise s’est endormie. Avec la mort de Wes Craven en 2015, il était difficile de continuer une saga sans son maitre d’œuvre.
Scream s’est décliné en série pour MTV. On oublie Ghostface et on fait une série qui tient difficilement la longueur et la comparaison. Et avec le succès du retour de Halloween par le studio Blumhouse en 2018, tous les grands tueurs masqués veulent revenir. Si Vendredi 13 est toujours coincé dans des problèmes juridiques et de scripts, il était impensable que Scream ne puisse pas revenir. Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett (réalisateurs du film Wedding Nightmare) sont à la caméra et James Vanderbilt (Amazing Spiderman) et Guy Busick (Wedding Nightmare) sont au scénario. Neve Campbell, Courteney Cox et David Arquette sont de retour tout comme Marley Shelton apparue dans le 4.
Il est évident qu’un casting de jeunes acteurs allait rejoindre le trio originel. Melissa Barrera (Vida, In The Heights) est l’héroïne Samantha Carpenter, Jenna Ortega (You) joue sa sœur Tara Carpenter, Jack Quaid (The Boys), Dylan Minette (13 Reasons Why), Mason Gooding (Love, Victor), Jasmin Savoy Brown (Yellowjackets), Sonia Ammar (Jappeloup), Mikey Madison (Better Things) et Kyle Gallner (le Flash de Smallville) complètent le casting.
Alors ce Scream 5 ?
La première scène est emblématique de la franchise, elle doit être choc et brutale. C’est peut-être la moins réussie des 5 puisque Tara (Jenna Ortega) subit le rituel de Ghostface sans surprise. La seule surprise est après le générique où on apprend que Tara a survécu. En soi, la scène n’a donc pas grand impact avant d’apprendre cette information. L’introduction ultra-méta et moqueuse de Scream 4 est même meilleure.
Côté mise en scène, on ne peut pas dire que c’est incroyable mais plutôt efficace. On joue sur les amorces de jump-scares, on essaye d’iconiser Ghostface mais le montage est trop cut pour qu’on est un semblant de classe quand il apparait.
Suite à ça, le script est malheureusement assez plat. On aligne les éternelles scènes d’accusations, de faux-semblants. Il n’y a pas de relecture à proprement parler. Même la scène méta où un personnage évoque les revivals et les legacyquel (les suites hommages) est en pilotage automatique. C’est une ambiance de fan fiction qui ressort de cette première partie. Le point positif est que Sidney est en retrait par rapport au précédent film et c’est bien Samantha qui est développé principalement. D’ailleurs, son trauma parait un peu abusé mais après avoir terminé le film, on se dit que ce n’est pas une idée mauvaise pour l’avenir.
Attention, on passe en mode full SPOILER pour parler de la seconde partie de Scream 5 !
L’esprit « héritage » et « passage de relais » ne ressort que peu dans Scream 5. Il faut attendre une scène clé pour que le script démarre enfin. Dans un hôpital alors que Tara se fait encore agresser. Dewey vient l’aider et tire sur Ghostface qui s’écroule. Alors qu’il sait qu’il faut l’achever avant de s’enfuir, celui-ci se tient devant le tueur et s’apprête à tirer quand son téléphone sonne. Ghostface en profite pour poignarder Dewey qui meurt sous nos yeux. La première question est de savoir si Dewey aurait survécu sans l’appel de Gale, et donc si Ghostface allait mourir. Cette petite ficelle grossière est quand même effacée par la mort d’un des personnages emblématiques de la saga. Ils ont enfin osé tuer un des membres du trio survivant.
Et là, Scream 5 s’emballe. On sent que tout est possible. On fait un peu la liste des suspects. Dewey a listé les règles d’un revival assez maladroitement (1-ne jamais faire confiance à l’être aimé / 2-Le tueur a un lien avec le passé / 3-La première victime a un cercle d’amis auquel le suspect fait partie) et on sent alors que la liste des suspects se réduit. Il ne peut y avoir qu’un tueur. Et on se rappelle de chaque interaction entre les personnages et on tique sur quelques unes comme l’échange entre Richie (Quaid), le petit ami, et Amber (Madison). La scène est bizarrement montée et appuyée. Le casting aide aussi fortement à éliminer les suspects, on se doute que, malgré tout le bien qu’on puisse penser de lui, Dylan Minette n’aurait pas l’étoffe de jouer un psychopathe dans la scène finale.
On pense alors au père de Samantha qui s’est enfui. Cela collerait avec son trauma et cette révélation folle qu’elle est l’enfant illégitime de Billy Loomis aka Skeet Ulrich. D’ailleurs, elle a des visions de lui. C’est un plaisir de revoir Billy comme on l’avait laissé à la fin de Scream 1. Alors, certes, le rajeunissement numérique se voit mais c’est plutôt réjouissant.
Les échanges sont plus rythmés, plus poussés et les personnages sont de plus en plus proches de la révélation du whodunit. La tension montre d’un cran et le film est un joyeux feu d’artifice de baston. Mieux, remettre l’action dans la maison du premier film est plutôt malin si ce n’est un peu tiré par les cheveux, on vous l’accorde. Mais la manière dont les personnages se retrouvent tous dans cette maison (Tara n’a plus son inhalateur alors qu’ils s’enfuient tous de la ville, bah tiens Amber en a un et elle fait une fête et elle habite dans cette maison) est déjà tirée par les cheveux.
Nous voici donc dans le dernier acte du film où on découvre que Richie et Amber sont derrière tout ça. Richie était en couple depuis six mois avec Sam mais savait déjà tout d’elle et faisait semblant de ne pas connaitre Stab… Il se révèle être un gros fanatique qui veut redonner à Stab le respect des fans après plusieurs films mauvais. Amber est une internaute fan de la communauté et qui voulait faire son buzz. Le pourquoi du comment n’est pas des plus efficaces mais dans une époque où la folie peut apparaître au détour d’un couloir ou d’un trottoir, on ne peut pas chipoter.
Petit aparté, ce n’est parce qu’un film est méta et parle de sa propre place dans l’industrie ciné qu’il réussi, 1, son message, et 2, qu’il est exempt de tout reproche.
Sam termine Richie avec une rare violence, nous mettant la puce à l’oreille face à un certain côté obscur qui pourrait bien lui jouer des tours. Sidney et Gale sont sauves. Et nous, plutôt contents que le film gagne un peu en efficacité. Melissa Barrera est une final girl convaincante avec un développement assez riche pour les suites. Malgré tout, Scream ne révolutionne rien et s’invente un prétexte. Comme dit plus haut, exprimer un discours sur sa propre existence n’apporte pas une couche acquise d’efficacité. Il faut plus que ça et un slasher est déjà un genre difficilement renouvelable. Scream 6, il y aurait, et le message devra être plus… tranchant.
Et on attend toujours les films Scream sur une plateforme (ils sont disponibles sur la plateforme payante et encore obscure de Mediawan Insomnia. Cette nouvelle offre SVOD entièrement dédiée au cinéma d’horreur est disponible sur Amazon Prime Video.