Rétro Pixar, J-3 : Monstres Academy
Après avoir (pour le moment) dit ce qu’il y avait à dire à propos des voitures, on en revient aux monstres ! En effet, étudions le préquel de un des plus célèbres des films de la firme : Monstres Academy !
L’histoire de la rencontre entre Bob et Sully. Alors que le petit vert studieux est content d’entrer à l’Université des Monstres, il fait vite la connaissance du gros bleu, frimeur et sans autre talent que son héritage. Ils sont vite obligés de s’allier dans une série d’épreuves pour conserver leur place dans l’Université…
Oui, Monstres Academy part sur une base incohérente : on dit qu’on en parle au début et qu’on l’évoquera plus après ? Les détracteurs du film s’en donnent quand même à cœur joie pour une erreur certes grossière mais anodine en l’espèce : le film narre la rencontre entre Bob et Sully en la plaçant à l’université alors que le premier film était clair sur le fait qu’il s’étaient connus enfants. Voilà. AU BÛCHER ! Oui, le film aurait pu faire plus attention à la cohérence (la manière qu’a la fin du film de raccrocher les wagons avec l’original n’aide pas à lui chercher l’excuse de la réadaptation), le préquel en sort artificiel mais de là à lui nier toutes ses qualités intrinsèques… L’erreur n’a pas fait boule de neige quand à la qualité du film alors celui-ci pourrait sans doute être perçu avec plus de bienveillance… Enfin non, c’est vrai que c’est la règle des séries de rejeter les retours des cultes au cinéma.
Toujours est-il que j’ai une préférence personnelle très marquée pour ce Monstres Academy par rapport au film original. Le film de Dan Scanlon est infiniment sincère dans sa démarche, et ose être différent de ce que proposait le culte. Alors qu’il aurait pu prendre la même recette gagnante et s’en sortir financièrement, Monstres Academy ose le renouveau : on passe d’une comédie un peu dramatique et très mature sur l’acceptation de l’autre et la perte de l’enfance à un teen movie ultra divertissant et surtout extrêmement drôle. Une perte de sensibilité ? Oui, le film est moins vecteur de vraies émotions, moins profond dans son message mais niveau rythme et efficacité des gags il est infiniment supérieur au film original. Le concept du film, les retrouvailles au lycée, ne nécessitait pas une nostalgie importante, qui aurait pu être mécanique, Monstres Academy est finalement un film assez inhabituel chez Pixar qui nous a habitué à des films aux nombreuses facettes et grilles de lectures : celui-ci brille par sa simplicité.
Les monstres sont des humains. L’idée est de retour après Rebelle de privilégier d’autres que des humains pour les films et l’idée est encore une fois bien réussie chez les monstres. Leur comportement est celui d’adolescents en quête de place dans le monde et d’acceptation, mais l’aspect monstrueux est toujours utile : ici, il intervient purement sous forme de gags plus ou moins ponctuels, comme par exemple le running gag hilarant de l’escargot en retard. Le film, en un sens, peut lasser passer pour un hommage assumé à, l’enthousiasmant The Faculty de Robert Rodriguez, notamment de par sa peinture de la « méchante » du film, l’odieuse proviseure de l’établissement aux milles pattes affreuses de scarabée, qui prend un certain plaisir à décourager et brimer ses élèves, par pur plaisir et non justifiée par un traumatisme enfantin ou quoi que ce soit du genre. Bien sur, l’intérêt est aussi visuel : on s’en donne à cœur joie pour donner vie aux monstres les plus farfelus, comme cet espèce de chose bizarre avec des poils qui dit avoir faire de la prison…
Dans ses meilleurs moments, le film a également la bonne idée d’évoquer certains grands du genre. Ou petits ! L’intrigue en elle même du film, par exemple, rappelle beaucoup celle d’un certain Beta House, spin off un peu désastreux d’American Pie, mais lui enlève sa vulgarité et son sexisme pour en faire un pur film de concours et d’épreuves, jouissif à regarder. Le film est dans ce sens aussi très drôle et réussi, on pense â l’épreuve de la bibliothécaire qu’il ne faut pas déranger… Les relations entre sororités, entre maisons d’études, cette chose purement américaine est au centre du film et cela fonctionne très bien ! Monstres Academy est très léger mais dans les relations entre personnages il est vraiment bien vu, il est dommage d’attendre du film une nouvelle version nostalgique du premier (fait qu’à ce jour seul Le Monde de Dory a réussi) alors qu’en lui même le film est réussi. Même si il n’aide pas en rappelant en permanence son appartenance à la série naissante…
Vous retrouverez demain notre critique de Vice-Versa par Tom, que l’on a ressorti pour l’occasion !
AMD