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QI (OCS City) saison 3 : interview de Olivier De Plas

Ce soir, dès 22 heures, OCS City diffusera la troisième saison de « QI ». Les aventures de l’ex-star de films X Candice Doll, alias Karine (Alysson Paradis) l’amènent sur le terrain de la méditation, de la pensée positive et de la spiritualité. On a rencontré Olivier De Plas, qui a coécrit et à nouveau réalisé tous les épisodes de cette saison.

D’abord, pourquoi une ultime saison de « QI »?

Olivier De Plas : Ce n’est pas la saison finale, je vous arrête de suite. Je ne sais pas qui a dit ça. Y a pas de saison 4 prévue pour l’instant, on fait une pause parce que la série me prend 100% de mon temps. J’ai envie de me consacrer à d’autres projets. C’est une décision qui nous appartient en accord avec la chaîne, mais c’est une question de volonté de part et d’autre. Entre production, réalisation et écriture, c’est l’écriture qui prend beaucoup de temps. En tout cas, c’est sûr qu’on va pas enchaîner l’année prochaine avec une nouvelle saison.

Le processus d’écriture a l’air assez long…

Olivier De Plas : Il y a plein de séries comme « Hard », « Les Revenants » qui attendent 2 ou 3 ans avant de passer à l’autre saison. C’est hyper-rapide. Il faut écrire 200 minutes de série à deux en un an.

Au début de la saison 3, Candice semble ne plus se poser trop de questions. Est-ce que la saison 3 « redémarre » un peu la série sur des nouvelles bases, et trouver des nouvelles voies d’exploration métaphysiques et philosophiques, en l’occurrence?

Olivier De Plas : Candice se focalise sur la spiritualité, des thèmes un peu new age. Le thème qui réunit l’ensemble, c’est le pouvoir créatif de la pensée. Elle se traduit par des réactions physiques à l’intérieur de son corps, des orgasmes et en saison 3, ça continue. Elle avait besoin de se poser des questions, mais elle est spécifique et particulière : c’est un réceptacle des pensées, une caisse de résonance pour la philosophie, la religion, la physique quantique ou les thérapies alternatives.

C’est un assez vaste sujet, comment arrive-t-on à en extraire de la comédie? Ca a l’air plus qu’une dramédie qu’une comédie. Etes-vous d’accord avec cette définition?

O.D.P. : C’est ce qu’on dit. Après c’est pas que je regrette, on essaie de garder de l’humour. En épisode 5, le personnage d’Harald amène de l’humour, dans l’épisode 2 on a pris une scène [pour les promos] qui résume plutôt bien la saison.. Ca reste un peu rigolo quand même.

Même si la série est basée sur le personnage de Karine/Candice Doll, vous gardez un certain réservoir de personnages secondaires : la famille, l’ex-copain… Autant de personnages qui ont eu beaucoup d’opportunités de disparaître de la série. Est-ce que vous concevez plus « QI » comme un ensemble show avec plusieurs personnages qui se posent des questions, philosophiques ou non, ou plus comme une série bâtie sur Karine/Candice?

O.D.P. : Ce qui réunit tout ça, c’est les gens qui se posent des questions et qui changent de vie, et c’est les interactions entre le monde du porno et le monde intellectuel. Ca ne passe pas forcément par Candice ; y a des comédiens qu’on a envie de revoir, on ne va pas s’en priver… En tant que metteur en scène, il s’agit de ne pas perdre Jérôme Daran (qui joue Franck), Philippe Vieux (le professeur Cohen), des parents…. On ne peut pas être complètement centrés sur l’histoire de Candice, qui n’est pas la plus rigolote ; Alysson n’est pas une comédienne forcément drôle, a priori… Elle peut l’être de temps en temps, mais c’est bien d’avoir des comédiens de comédie. Mais les parties qui m’intéressent le plus en saison 3, c’est celles qui touchent à la comédie.

Ça a l’air de se baser sur la comédie de situation plus que, par exemple, des gags visuels. Est-ce que la série continue à être très spécifique dans son humour? Même dans la sous-intrigue de Franck et du porno gay, est-ce que c’est une comédie qui dérive de la situation?

O.D.P. : Y a effectivement des parties comédie. Le prof de philo veut se faire refaire la bite, Franck qui se réfugie chez les parents de Candice après avoir cru qu’il y avait une fatwa contre lui…. Youri tombe amoureux d’un poney. Le premier épisode de la saison 3, on a besoin de poser des choses mais l’écriture est conçue par blocs de 2 épisodes. Dans l’épisode 2, il y a une séance de méditation et de vibration qui amène à l’orgasme, qui ramène aux problématiques de Candice : l’orgasme par la pensée. Y a des embrouilles dans la communauté qu’elle rejoint plus tard dans la saison. On essaie aussi de monter des passages plus inquiétants, avec ma coscénariste, Géraldine Bert, s’amuser avec les codes du film angoissant et faire un épisode à la « Rosemary’s Baby ». Y a des passages plus inquiétants, mais ça reste rigolo.


QI saison 3 chaque lundi dès 20… par OCS

Parlons du nouveau générique, où figure le cosmos, la conception… Sur la saison 4 vous allez encore élargir le spectre à la galaxie?

O.D.P. : J’en reviens toujours au trou du cul. Si on regarde bien le générique, y en a un qui y figure. C’est toujours le même rapport : les grandes questions existentielles de la vie, et des histoires de trou du cul. Le générique a évolué, on a fait appel à quelqu’un d’autre (Benoît Dindinaud), qui a fait du bon boulot.

Pour la recherche sur la saison 3, vous avez abordé pas mal de thématiques liées au new age, la spiritualité. Comment ça s’est passé? Etait-ce plus une recherche des concepts pour l’appliquer au personnage, par exemple, de Harald?

O.D.P. : J’ai un consultant, Gauthier Dupont, qui est chef d’une communauté depuis ses 16-17 ans. De mon côté, je m’y intéresse aussi : je pratique la méditation. La recherche passe aussi par Internet, qui a ouvert la porte à plein de documentation qui n’était pas interdite, mais qui n’était pas accessible, de façon très marginale. C’est beaucoup de témoignages de gens. On sent qu’il y a une sincérité dans les témoignages de Near Death Experience, où il y a une vraie sincérité dans ce qui est dit, y a des choses indéniables, pas fabriquées par le cerveau. Et ces questions de vie après la mort, Candice se les pose. Ces expériences commencent à être validées par la communauté scientifique, au fur et à mesure. C’est ce qui m’intéressait, et sur ça que je me suis renseigné.

Alison entre dans une communauté spirituelle pour développer ses connaissances. (Crédit : Moneypenny/OCS)
Alison entre dans une communauté spirituelle pour développer ses connaissances. (Crédit : Moneypenny/OCS)

« QI » est un format 26 minutes, comme d’autres comédies de OCS. Mais dans le PAF dans son grand ensemble, cela reste assez rare. Pensez-vous que ce format de 26 minutes a de l’avenir en France?

O.D.P. : En l’occurrence c’est un 20 minutes pour nous. Comme je vous disais tout à l’heure, on écrit par blocs de 2, donc ça fait des blocs de 40-50 minutes. On retrouve ce format dans les séries HBO, comme « Veep »… Cela m’étonne qu’on soit les seuls sur ce créneau. On fait ce format-là.

La saison 4 de « QI » va être probablement délayée. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces projets?

O.D.P. : L’histoire de Candice n’est pas bouclée avec le final de la saison 3. J’ai quelques idées sur la saison 4, mais ce n’est pas une série bouclée sur la troisième saison. Actuellement, je développe un film produit par Moneypenny Productions, qui produit aussi « QI », « Front de Mer », une comédie sur le Front National.

Est-ce que la double casquette de scénariste/réalisateur aide, en amont et en aval de la production de la série?

O.D.P. : Cela aide beaucoup, on fait attention à ne pas multiplier les décors. On a des réflexes comme pour des blagues nécessitant des choses visuelles, on va la raconter plutôt que la décrire. A l’écriture, on est déjà dans une économie de contraintes, on fait dans du pas cher du tout. Entre 6 et 10 minutes de tournage par jour, à des rythmes de tournage pour des séries un peu moins qualitatives… Il faut que les comédiens comprennent bien la situation. J’ai rarement réalisé un scénario que je n’avais pas écrit, et j’ai rarement écrit un scénario que je n’ai pas réalisé.

Est-ce que vous allez présenter la saison 3 dans des festivals? J’ai entendu parler de Direct2Series, festival de séries à Los Angeles. Qu’est-ce que ça peut amener à la réputation de la série?

O.D.P. : J’aimerais vendre la série à l’étranger. Et ce sur quoi on planche surtout en ce moment c’est de vendre le format de la série. Ce serait bien qu’une chaîne américaine, brésilienne…. ait envie de refaire la série. Cela fait partie de nos objectifs.

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