Planète Hurlante (1995): c’est moche de vieillir
1995
Réalisé par Christian Duguay
Avec Peter Weller
L’Alliance, regroupement de mineurs qui s’oppose à un puissant consortium qui extrait un minerai radioactif, va devoir affronter dans sa lutte une redoutable armée, les Screamers, robots autonomes enfouis dans le sol qui détectent tout ce qui vit et l’exterminent. Le colonel Hendricksson, commandant de l’Alliance, va essayer de sauver les quelques mineurs rescapés.
En lisant Mad Movies dans les années 90, on tombait souvent sur des films obscurs de SF avec des visuels qui donnaient envie. Après avoir vu Planète Hurlante, on se dit qu’on s’est fait bernés.
A la lecture du magazine cher aux amateurs de films de genre, on voyait souvent des visuels issus de scènes chocs. Souvent, ces scènes n’étaient pas du tout représentatives des visuels. Je m’explique. Pour Planète Hurlante, il y avait déjà la jaquette avec ce petit robot à la scie menaçante. Il n’apparaît que dans une scène et n’est pas la principale menace. Surtout, l’ajout sur la jaquette fait légèrement honte.
Puis il y a eu cette image.
Cette scène n’est pas dans le film ou alors une demi-seconde avant que ça n’explose pour éviter qu’on voit un maquillage mal fait.
On peut aussi ajouter des photos promotionnelles avec cette palette de couleurs très blanche qui me donnaient l’impression d’avoir un film qui fait « peur » dans le sens où l’image paraissait délavée, sale, froide.
23 ans après, regardons ce film canadien avec Robocop. Ce fut long quand même. On ne peut pas dire que le film n’a pas de budget, il y a des décors plutôt bons et cohérents avec l’ambiance. On est loin des décors organiques ou futuristes des films de SF, ici tout est industriel et réaliste. Les armes sont encore à feu et la menace reste finalement assez basique.
La critique est spoiler puisqu’on va parler des éléments marquants.
C’est d’ailleurs cette menace qui est le point faible puisqu’elle n’est pas vraiment présente. Les personnages sont en fuite permanente avec des scènes à la densité pauvre. D’ailleurs le climax n’est même pas en fin de film mais plutôt 20 minutes avec ce massacre d’enfants robots. Le combat final n’a pas de tension véritable. Puis que les personnages ne sont pas attachants non plus, il reste quoi? Une ambiance plutôt satisfaisante avec ce monde futuriste, ces grands espaces.
Les effets spéciaux sont le gros point faible. Malgré de beaux matte-painting (un dessin mis en arrière-plan pour faire un paysage, une technique abandonnée depuis) Duguay a voulu montrer plus que suggérer et les fonds verts et incrustations sont de très mauvaise qualité. Le réalisateur canadien a d’ailleurs proposé une mise en scène pauvre qui prend du sens que via son montage. Et comme il est sacrément moyen, Planète Hurlante n’a vraiment plus grand chose pour lui.
Il reste quoi de positif à part l’ambiance? C’est une adaptation fidèle d’une nouvelle du grand Philip K. Dick. Et c’est suffisamment rare. Au scénario, nous avons Dan O’Bannon, à qui on doit Total Recall ou Alien. Pas un manchot. Le scénario est bon, il y a juste l’exécution qui pêche. Tout semble crédible, les événements sont logiques et on y croit ! Le film a juste vieilli et a été oublié logiquement.
Il est surtout étonnant de voir la carrière de Christian Duguay qui a commencé dans les films d’action et de SF pour glisser lentement vers le film français. Il a réalisé Jappeloup avec Guillaume Canet ou encore Belle et Sébastien ! Incroyable changement de carrière.