La Bulle (Netflix) : amusement confiné
Judd Apatow nous revient sur Netflix avec La Bulle, une comédie sur le confinement et les tournages qui doivent jongler avec le Covid.
Judd Apatow a fait sa renommée en produisant et en réalisant des comédies devenues des classiques comme 40 ans, toujours puceau (2005), En Cloque, mode d’emploi (2007), Funny People (2009), 40 ans : mode d’emploi (2012) ou Crazy Amy (2015). Mais il a surtout produit la série Freaks and Geeks (1999) ou encore SuperGrave (2007) et est très proche de la team Seth Rogen.
Le voici donc réalisateur de La Bulle, film au casting impressionnant puisqu’il réunit : Karen Gillan (Jumanji), Iris Apatow (Love et fille de Judd), Fred Armisen (Saturday Night Live), David Duchovny (X-Files), Keegan-Michael Key (Key and Peele), Leslie Mann (40 ans : mode d’emploi, et femme de Judd), Pedro Pascal (Narcos). L’histoire est simple : en pleine pandémie de Covid-19, une troupe d’acteurs tourne le blockbuster Cliff Beasts 6: The Battle for Everest – Memories of a Requiem. En raison de la crise sanitaire, le plateau de tournage — situé en Angleterre — est soumis à des règles strictes et est quasiment coupé du reste du monde.
Nous voici donc avec les hauts et les bas du monde d’Hollywood entre le producteur, le réalisateur et les acteurs. La Bulle aurait pu être une comédie géniale sur le monde du cinéma, mais il n’est rien de tout ça. Pire, le film se vautre dans tout ce qu’il veut démontrer.
On commence par les mesures sanitaires pour ces tournages qui ont lieu en pleine pandémie. 2 ans que nous vivons avec ça et tout a été fait à priori niveau blagues. Le film tente de se moquer des pratiques, mais c’est déjà désuet. Le film s’attarde alors sur les relations forcées entre toute la team de tournage qui doivent s’isoler. Ce qui aurait été l’idée maîtresse d’une bonne comédie est expédiée sous forme d’un montage rempli d’ellipses montrant le moral descendant de Carol Cobb (Gillan).
La Bulle se retrouve à devenir une succession de saynètes plus ou moins inspirées où chaque membre du casting se retrouve face à ses travers. Coucherie, drogue, égo, déprime, tout y passe dans un script tellement peu inspiré qu’on en vient parfois à apprécier davantage les scènes de ce Cliff Beasts 6, blockbuster sans âme, que son tournage.
Ce n’est pas la faute des acteurs qui semblent s’amuser. Le problème est qu’ils s’amusent plus que nous. Duchovny est plutôt pas mal dans un registre comique qui lui va beaucoup mieux que tous ces rôles dramatiques. Karen Gillan est un peu coincée dans son rôle d’actrice relou. Pedro Pascal est dans son monde pendant tout le film et montre qu’il est vraiment un acteur comique génial. Iris Apatow reprend quasiment son rôle d’Arya que l’on avait vue dans la série Netflix, Love. Cette ado au caractère bien trempé s’est transformée en influenceuse individualiste. La Bulle aligne les moments de flottement et les quelques caméos (Benedict Cumberbatch, James McAvoy, John Cena…) viennent un peu réveiller notre intérêt qui s’épuise de minute en minute.
Et depuis que l’on fréquente ses films, on sait qu’Apatow ne fait jamais des films de moins de 2 heures. Souvent, cette durée se ressent fortement. Le script qu’il a co-écrit avec Pam Brady est donc un peu laborieux et ne se conclue même pas. Avançant sans vraiment savoir si une quelconque morale sera de mise, La Bulle ne cherche même pas à offrir une conclusion satisfaisante et reste persuadé que montrer des acteurs emmerdés et emmerdants peut suffire à produire une bonne comédie. Si vous aimez les films décousus mais spontanés, original mais pas trop, La Bulle est fait pour vous. Et c’est toujours plaisant de voir toutes ces têtes connues. Aussi, pour les fans de VF, le doublage, dirigé par Christophe Lemoine (Cartman dans South Park) est très réussi avec notamment beaucoup de voix que l’on connait : Thierry Wermuth (Dawson) s’amuse avec Pedro Pascal, Emmanuel Curtil (Jim Carrey), Georges Caudron double toujours Duchovny, Lionel Tua (la voix de Luke Perry), Alexis Tomassian (Jd dans Scrubs), Donald Reignoux, Adrien Antoine, Dorothée Pousséo, bref tous ses potes sont réunis !