Sériephilie

Dark Skies (1996) : l’impossible vérité – des années 60

En 1996, Dark Skies arrive sur les écrans de NBC dans leur Thrillogy, la trilogie originale américaine. Elle ne tiendra que 20 épisodes.

X-Files commence à être un petit carton et est la série à suivre depuis deux saisons. Alors que la saison 3 va arriver et devenir un véritable phénomène, NBC tente de produire une case TV spécial séries de genre. Elle propose alors Dark Skies, Le Caméléon et Profiler. Cette programmation inspirera M6 pour sa Trilogie du Samedi. Si M6 préfère diffuser Le Caméléon en première partie à cause du nombre d’épisodes en stock, NBC mise sur Dark Skies comme produit d’appel.

Créée par Bryce Zabel (Lois et Clark) et Brent Friedman (le petit film d’horreur très sympa Ticks)Dark Skies est une relecture de l’Histoire américaine sous le prisme des extraterrestres. En 1947, il y a bien eu un crash de soucoupe volante avec à son bord des aliens. Dès lors, le gouvernement n’a de cesse d’étudier les aliens alors qu’ils étaient infestés par les Hives, une autre race alien qui veut envahir les planètes. John Loengard (Eric Close) arrive à Washington avec sa petite amie, Kim Sayers (Megan Ward). Leur travail à la Maison Blanche va les rapprocher du secret le mieux gardé de l’histoire. John intègre Majectic-12, une organisation visant à réguler et à étudier tous les phénomènes aliens. Alors que John découvre la conspiration, il fuit avec Kim à travers les Etats-Unis.

Dark Skies

Si la série est obligatoirement comparée à X-Files avec ce duo glamour, cette conspiration, ce simili homme de l’ombre adepte des cigarettes, Roswell, et les complots politiques, c’est plutôt du côté des Envahisseurs et de David Vincent qu’on se trouve. Ces fuyards, qui vont de ville en ville à la recherche d’une solution, rappellent furieusement la série des années 60 là où X-Files était plutôt dans une formule d’enquêtes fantastiques et de mythologie SF.

Si la série avec Duchovny et Anderson accumule les contre-vérités et nous assène des vérités qui semblent ailleurs, Dark Skies nous met devant le fait accompli dès l’épisode pilote, réalisé par Tobe Hooper (Poltergeist) : la vérité est là au bout du couloir, comme le dit Frank Bach. La vérité est dévoilée dès le début. Il n’y aura aucun vrai secret dans la série si ce n’est celui fait à la population. Tous les personnages savent où ils évoluent.

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C’est à travers les années que Dark Skies évolue. L’ambition de Zabel et Friedman était de proposer sur un arc de 5 saisons une histoire des Etats-Unis nouvelle. Leur bible avait tout prévue. Chaque saison couvrait une dizaine d’années et des événements historiques comme les guerres, les révolutions ou les meurtres. Si la saison 1 couvrait les années 60, c’est la saison 5 qui allait rejoindre la timeline réelle. Arrivant dans les années 90, la saison 5 allait même jusqu’à faire du parallélisme étonnant en diffusant un épisode le 31 décembre 1999 tout en racontant cette même journée ! Mais Dark Skies n’ira pas plus loin que 1967…

NBC y croyait tellement qu’elle a même ajouté des images d’autres fictions de SF dans leur trailer pour montrer que Dark Skies était vraiment l’alternative pur SF à X-Files.

Mais les audiences ont parlé. Dark Skies n’attirait pas les foules. Les scénaristes et la chaîne l’ont bien compris puisqu’après le premier run de 12/13 épisodes, la série change d’identité. Un épisode tente de résumer la série sous forme de procès (ce que X-Files fera d’ailleurs dans son ultime épisode), pour ensuite introduire un nouveau personnage joué par Jeri Ryan (Boston Public, Star Trek) tout en écartant Kim Sayers en en faisant un antagoniste. Le nouveau duo se transforme alors en agents secrets du gouvernement et rappelle furieusement Mulder et Scully. même dans la coupe de cheveux, Eric Close fera dans le mimétisme.

Dark Skies

Les épisodes suivants seront donc sous une forme d’enquête de la semaine avec de nouveaux lieux, souvent en huis clos, histoire de baisser le budget trop élevé de la série. La série penche du côté d’un véritable clone de X-Files sans atteindre une quelconque qualité formelle. C’est souvent dénué d’idées porteuses.

Si on appréciait la reconstitution des années 60 et certains événements, la série patinait sévère à trouver quelque chose de véritablement passionnant. Les aliens sont tellement derrière tous les événements que ça en devient presque un frein à la créativité. La coupure de courant de 1965 qui a touché New-York est justifiée par le passage d’une soucoupe volante qui a saboté une centrale. C’est sans imagination.

Tenir 20 épisodes était déjà un miracle. La série se sachant condamnée, son dernier épisode ne conclut rien et n’ouvre pas vraiment sur quelque chose. Une voix-off se permet un petit saut dans le temps sans toutefois arriver à frustrer. C’est plutôt une bonne chose d’ailleurs. On sent plus un gâchis qu’une occasion manquée. Il aurait été difficile d’en faire une série de 5 saisons sans être ultra-redondant.

Si l’invasion par les Hives ressemblait plutôt à une chasse aux sorcières, la partie vraiment « alien » avec les petits Gris n’avançaient pas. Nous aurions donc eu une guerre invisible entre des gens infectés par des Hives, agissant comme des terroristes, et le FBI, le Gouvernement ou on ne sait quelle agence pour lutter contre eux.

Dark Skies

Le casting s’en tire plutôt bien avec un Eric Close encore tout jeune, efficace, une Megan Ward qui n’a pas grand-chose à faire avec Kim pendant 10 épisodes avant d’être vraiment utilisée. Jeri Ryan apporte de la fraîcheur dans le rôle de la nouvelle venue, Juliet et le regretté J.T. Walsh (mort en 1998) est un homme de l’ombre plutôt convaincant en la personne de Frank Bach.

Il faut saluer le doublage français qui comporte peut-être les voix les plus réconfortantes des séries. Guillaume Lebon a cette voix un peu fébrile très agréable dans le rôle de John Loengard. Marine Jolivet fait Kim Sayers, une voix très reconnaissable, douce. Véronique Augereau est la culte Marge Simpson, mais en Juliet, elle est parfaite. Cette voix qu’on retrouvera dans X-Files (Reyes), chez Linda Hamilton ou Jamie Lee Curtis… William Sabatier, décédé en 2019, est une voix grave culte. Il faisait la voix de Frank Bach. Moins présent, le frère Kennedy a la chance d’avoir la formidable voix de Patrick Floersheim, une voix profonde, hypnotisante. Ils nous a quittés en 2016 et laisse derrière lui une voix géniale (voix de Michael Douglas, c’est lui dans le générique de Au-Delà du Réel).

Dark Skies est sorti timidement en DVD dans une édition désastreuse entre absence de bonus et épisodes dans le désordre. Une édition zone 1 a des bonus intéressant avec notamment un retour sur la genèse du projet et les ambitions du duo Zabel / Friedman.

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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