Dernier épisode de X-Files saison 11 : tout est rien qui finit rien
X-Files s’en est allée par la petite porte mais ouvre les débats.
Tout commence par William qui se présente en voix-off comme l’ont fait Mulder, Scully et le CSM dans les trois précédents chapitres de My Struggle. Le personne est réintroduit et l’ensemble peut enfin proposer quelque chose pour ce final de saison (et de série).
Les trois précédents chapitres n’étaient pas transcendants, bottant en touche sur la mythologie globale et se concentrant sur une future contagion mondiale et la recherche de William. C’est bien ce second point qui sera au centre des attentions. Mille fois hélas, l’épisode n’aura rien à dire de plus que les 3 autres. Jugez plutôt, le premier effaçait le background mythologique en gardant une once de conspiration. Le second nous mettait devant une pandémie et une urgence appréciable pour que la troisième nous dise que tout ceci était une vision. En somme, en trois épisodes, rien n’a été proposé concrètement.
Alors nous voilà, après 8 épisodes de bonne facture, face au dernier chapitre. En tant que fan, on se place différemment quand on regarde une enquête bouclée d’un épisode mythologique. Après 8 épisodes plaisants, voici que Chris Carter offre sa conclusion. Et ce sont 40 minutes de vide qui se présentent à nous.
A l’image de My Struggle 3, le 4 soutient un faux rythme, prétextant une fausse urgence qui apparaît soudainement dans la tête des personnages. Mulder court, dérape sur la route, tue pour sauver quelqu’un qui n’a rien demandé à l’instant T et qu’il n’a jamais connu. Scully, elle, portée par une Gillian sans voix, fait l’inquiète et ne bouge pas le petit doigt. On ne comprend plus les enjeux, tout simplement par ce qu’il n’y en a aucun. Tout semble aller trop vite et rien ne semble vraiment justifié. Et par un tour de passe-passe faussement utile, on tente de donner du sens à un récit en faisant des retours et des « 15 hour earlier » qui sont dépassés Les complotistes présentés dans cette saison, à savoir Mr Y., Erika Price, Monica Reyes et donc le CSM n’ont aucune influence sur l’épisode. Tels des fantômes d’un temps jadis, d’un temps où les méchants pesaient sur l’intrigue, ils sont rapidement mis sur la touche, reniant les réflexes de la série originale où la violence n’était jamais la solution.
C’est donc avec un ralenti idiot d’un Mulder s’enfuyant de deux secondes, des drifts sur des routes désertes qui sont les nouvelles lubies de Chris Carter que l’épisode déroule son non-propos. Ce Chris Carter dépassait par la modernité… Ces gimmicks ont été laborieux dans les trois précédents My Struggle, et ce chapitre reste cohérent avec le reste. C’est tout ce qu’on peut dire de positif à ce niveau-là. Il est évident que la storyline William qui n’a pas été développée, sauf dans un épisode (Ghouli le 11×05) qui n’était pas du tout écrit par Chris Carter, ne pouvait rien proposer d’autre. Les développements étaient vides. Et avec du vide, on fait du vide. Cet épisode 10 n’apporte rien, ne développe rien, ne révèle rien. En 4 épisodes, il y a eu deux idées. Faire du CSM le père de William était osée, et on ne peut que saluer cette prise de risque qui annihile toute portée « romantique » à ce fils. Et jusqu’au bout de l’épisode, Carter tiendra bon. Sauf qu’il ne peut ne pas donner une fin heureuse à des personnages qui sont les portes drapeaux du romantisme pour beaucoup. C’est donc pour satisfaire une branche de fans qui ne pouvaient pas ne pas terminer la série sur une note malheureuse que Carter offre ce cadeau… qui sonne faux. On ne cherche plus d’explications depuis des années. On veut juste une certaine cohérence. Et c’est beaucoup trop demandé.
Tout le long de cette saison, des morceaux d’intrigues pouvaient aisément se rattacher à l’ensemble, à savoir les expérimentations et les mutations. Mais jamais l’équipe créative ne s’est dit que ce serait une bonne idée de le faire. Depuis Founder’s Mutation et Mulder qui récupère le sang des mutants jusqu’à Kitten ou Nothing Lasts Forever, ce faux-ensemble donne une certaine consistance à l’univers de ce revival sans jamais l’évoquer vraiment et sans donner le sentiment d’urgence véritable que doit avoir cette intrigue. L’urgence est apparue au gré des épisodes mythologiques. Pourquoi Scully n’a pas fait un vaccin comme dans My Struggle 2 dès le début de la saison 11 ? Pourquoi William est le sujet d’une chasse dans l’épisode 10 est pas avant ? Pourquoi le CSM parle d’une pandémie générale sans qu’on ne comprenne, finalement, comment il met en place son plan?
C’est dans une saison 11 supérieure à la saison 10 que l’on a retrouvé le goût d’antan sans oublier d’inscrire les personnages dans une évolution et un contexte. 8 épisodes sur 10 sont au moins agréables si ce n’est très efficaces. 2 ont ouvert et conclu la saison et ce sont ces deux-là qui marqueront à jamais. Cet arc bonus qui a proposé 16 épisodes doit être pris comme tel : du bonus.
Tout finit par une fin au mieux osée, au pire hors sujet. X-Files fait débat, ce sera toujours sa grande force. Désormais il est temps de se demander si X-Files a gardé son aura de série culte. Avant, il y avait au moins deux tiers de la série qui étaient reconnus comme de qualité. Avec le second film et ces deux saisons du revival, la part de « bons souvenirs » se retrouve réduite. On peut en être déçus de ce constat mais n’oublions jamais que c’est une série somme, qui a tout connu, les audiences gigantesques, les phénomènes de fans, le merchandising, les théories, les forums, les communautés, les départs, les retours, les problèmes de production, les mauvaises décisions, le revival, la fin, la non-fin, le faux-reboot. Elle a tout donné. En ça, merci. X-Files restera non pas l’oeuvre d’un créateur qui n’a pas su évoluer avec son époque mais l’oeuvre de plusieurs talents et une expérience sérielle.
La saison 11 commence sur M6 le samedi 7 avril. Dégustez-la, parlez-en, débattez, jugez, ne reniez jamais.