Caïn, saison 1, le bilan : satanés bipèdes…
Avant l’arrivée de la saison 2 de la série « Caïn » vendredi soir sur France 2, nous vous proposons de vous rafraîchir la mémoire avec une courte exploration de la saison 1. Alors, qui est Frédéric Caïn et qu’a-t-on appris des personnages en première saison?
Frédéric Caïn (Bruno Debrandt)
est loin d’être un saint. C’est un capitaine de police en chaise roulante qui s’est retrouvé paraplégique suite à un accident de moto en poursuivant un suspect, bourré et défoncé. En l’espace de quelques mois, il a choisi de se séparer de sa femme « car je ne supportais pas le regard qu’elle portait sur moi ». Ce qui lui a permis de développer une vision largement cynique du monde, qu’il met à profit dans ses affaires à la Crim’ en travaillant seul, sous la bienveillance de son commandant. Alors, est-ce une réplique franchouillarde et policière de ce cher Gregory House ? Les deux premiers épisodes ont du mal à se démarquer des schémas de la série de David Shore : difficile de ne pas retrouver la dynamique Chase/House dans les relations entre le capitaine Caïn et son supérieur. De même, les répliques du lieutenant qui arrive à bosser avec lui, Lucie Delambre (Julie Delarme), sont un pot-pourri des piques que son staff pourrait sortir à House. A ceci près que Delambre remet sa démission dès le deuxième épisode, avant de la déchirer car, et je cite, Caïn « est un bon flic » et qu’elle « ne lui fera pas le plaisir de le laisser tomber ».
Mais Caïn traîne son apparente misanthropie comme un talisman, et va souvent détourner le travail de son lieutenant vers des tâches fastidieuses pour recouper des preuves dont il connaît déjà l’issue, tandis qu’il accuse beaucoup de plaintes de sa hiérarchie. Les erreurs de jeunesse de la série vont le conduire, coup sur coup, dans le lit de suspectes, et il laisse libre l’une d’entre elles dès le deuxième épisode alors même que sa culpabilité de meurtre a été découverte. La fabrication de preuves pour tirer au clair une affaire de divorce caché est également dans ses cordes, et la bienveillance de Moretti semble lui sauver la peau à plus d’une reprise. Moretti n’hésite pas à lui rappeler qu’il peut le faire sauter à n’importe quel moment, mais se montre souvent inquiet de la tournure d’une enquête. En particulier, le sixième épisode (à mon sens le meilleur de la saison) avec un Gérard Rinaldi en mafioso atteint de la maladie d’Alzheimer. En reconstituant son identité et son passé, Caïn va aussi se rappeler à son propre père.
La dimension familiale est assez importante dans « Caïn », mais traitée de manière assez secondaire. Une fois passées les jalousies des premiers épisodes envers les nouveaux amants de son ex-femme Gaëlle, quelques scènes sont en vérité révélatrices des travers de Caïn, qui existaient bien avant son accident. La série ne se repose pas sur des flashbacks pour nous les faire vivre, mais c’est sans doute quelque chose de développé assez correctement. En revanche, la relation avec son fils Ben est entachée de clichés. Un épisode voit Caïn tenter de le raisonner sur ses problèmes de copine (celle-ci est tombée enceinte, veut garder le bébé), ou de beuh, souvent avec succès. N’empêche que Ben voue une grosse tendresse à son paternel, mais n’a pas vraiment trouvé de point de vue propre pour donner la réplique à un personnage aussi sec.
Le dernier épisode voit Caïn et Lucie se confronter à leur passé : le premier avec la libération du malfrat qu’il poursuivait avant son accident; la deuxième avec la mort de sa meilleure amie adolescente. Ce qui donne l’occasion de se confronter à sa famille, et de révéler son implication dans un braquage de station-service, qui a apparemment été étouffé par l’intervention du père de ladite meilleure amie, Christophe Delphes. Autant d’éléments que Caïn avait à sa disposition, et il avoue : « C’est ça qui vous rend intéressante ».
La saison 1 de la série arrivait à bien croquer un personnage assez détonnant mais solitaire, et il faut avouer que Bruno Debrandt arrive à faire digérer bien des répliques qui franchissent la ligne jaune. Sa dragouille d’une beauferie sans nom est équilibrée par une réalisation qui arrive à nous faire prendre conscience des limites de ses capacités physiques d’enquête, et nous faire vivre le quotidien d’un paraplégique. Les plans intérieurs et extérieurs sont vécus du point de vue du capitaine, et c’est sans doute en cela que la série arrive à trouver une identité. Beaucoup d’affaires de meurtres rejoignent ainsi ceux qui sont habituels aux séries de la case du vendredi soir, mais les méthodes de Caïn et surtout ses arcs personnels arrivent à dynamiter un peu ces conventions. Mais pas totalement. Gageons que la saison 2 tentera d’y remédier.