Black Sea : dans l’enfer d’un submersible
Réunissant un acteur prestigieux en la personne de Jude Law, un réalisateur reconnu pour son travail dans le domaine du drame et de l’action en celle de Kevin Mac Donald (l’acclamé How I Live Now, mais aussi Le Dernier Roi d’Ecosse et l’Aigle de la Neuvième Légion), Black Sea a tout d’un projet pour plaire. Il se contente pourtant d’un Direct to Video, ce qui ne nous a pas empêché, grâce à un matériel gracieusement fourni par Cartel, de nous y intéresser.
Capitaine de sous-marin, Robinson compose un équipage, afin de partir à la recherche d’un sous-marin rempli d’or nazi. Mais l’épreuve ne sera pas évidente pour l’équipe, qui va devoir apprendre à cohabiter si elle veut survivre aux dangers du grand bleu…
On a tendance, avec l’arrivée des Gravity, Interstellar et maintenant Seul sur Mars, à oublier que le plus grand territoire inconnu, selon les dires des scientifiques eux-mêmes, ne se trouve pas au dessus de nous mais bien juxtaposé à nos terres, dans les profondeurs de l’océan. Ainsi, le cinéma n’a t-il plus, depuis au moins Abyss, d’intérêt particulier pour les films océanographiques, de sorte que ceux-ci bénéficient rarement d’une sortie au cinéma.
Non pas que Black Sea ait l’ambition métaphysique de ses confrères de l’espace : celui-ci est, avant tout, et il faut bien le comprendre pour apprécier pleinement son visionnage, un divertissement, mais qui dépasse parfois sa condition pour offrir des originalités propres à l’inventivité de son réalisateur. Ne sombrant jamais dans un second degré qui aurait pu être fastidieux et handicapant, le film de Kevin Mac Donald, autant dans le traitement de ses thématiques, de ses personnages que dans son intrigue, évolue dans une ambiance à couper au couteau, la tension est permanente et le spectateur est subjugué.
Le film, c’est une autre de ses qualités, accueille au sein de son divertissement de nombreuses thématiques graves telles que la condition sociale problématique de ses personnages, leur moralité on ne peut plus ambiguë : a la manière d’une version réaliste de The Thing, presque tous les personnages témoignent d’une noirceur presque anxiogène, de sorte que personne ne peut faire confiance a un quelconque membre de l’équipage. Entre le capitaine bourru et autoritaire (mais donc les actions ne sont pas sans réserver quelques surprises) que représente assez brillamment Jude Law, que l’on connaît pourtant pour des rôles plus aimables, et l’équipage du bateau, composé de calculateurs, de psychopathes et d’un jeune benêt qui ne sait où se placer dans cet équipage d’habitués, le film propose ici une vraie palette de personnages, et n’hésite pas à en sacrifier beaucoup pour l’avancée de l’intrigue, et surtout la montée en tension.
De par ces procédés, Black Sea touche son spectateur en plein cœur, le place au centre de l’action, réussit sa mission de divertir en appelant à ses sentiments. C’est en cela que le film est bien écrit, sachant sa place dans le cinéma contemporain, il sait utiliser ce facteur terrifiant des profondeurs marines pour provoquer de la tension, sans plomber l’ambiance par des thèses métaphysiques, mais en sachant toutefois proposer de petites choses. Cette histoire de recherche de trésor nazi est finalement bien secondaire pour le spectateur, qui espère simplement que ses personnages favoris ne disparaissent pas sur les flots. Plus qu’un film d’aventure, Black Sea est un film de survie, et c’est la rançon de sa réussite.
D’un point de vue technique, le film ne révolutionne évidement rien, se contentant d’un filtre de caméra assez sombre pour noircir encore le tableau et les situations. L’ensemble est assez bien filmé, l’action est surtout très lisible, ce qui est un plus dans le cinéma d’action contemporain, alors que beaucoup proposent, à la manière de la première scène d’action de Quantum of Solace, des scènes illisibles et douloureuses pour la tête du spectateur. Le côté claustrophobe de ce genre de lieu est toutefois bien ressenti par le spectateur, qui se sent parfois mal à l’aise par l’identification aux habitants de ce lieu assez cauchemardesque, isolé et dangereux, car entouré de la plus grande force naturelle qui soit.
Un mot sur l’édition DVD en elle-même, très bien faite, le portage du film sur DVD est correctement fait et l’image est magnifique, se doublant avec un son aux petits oignons pour proposer une belle immersion (c’est le cas de le dire) d’ensemble. Enfin, du point de vue du contenu en lui-même, l’édition est un peu chiche puisque se contentant, en plus du film, d’une simple visite guidée, certes longue d’une satisfaisante durée d’une demi-heure, où Jude Law guide le spectateur dans les lieux de tournage.
Pour tout bon amateur de polars insubmersibles (ou presque), Black Sea est à se procurer ! Il est sorti, disponible en DVD et en Blu-Ray, depuis 2 bonnes semaines, dans toutes les bonnes échoppes.
AMD