100 jours de confinement : hygiène mentale ?
Pour certains, la vie n’a pas repris ce 11 mai, le confinement s’est poursuivi, par choix. Cela fait 100 jours que je me confine.
Le confinement
Il y a de ça 100 jours, je commençais mon premier jour de télétravail, un vendredi. Dès la veille, voyant les événements s’annuler un à un, voyant l’épidémie gagner du terrain, les employés ont de suite commencé la mise à distance. On commencera à bosser de chez soi en attendant que ça aille mieux. On connait la suite..
De nature un peu casanière, pas par choix, mais par défaut (je n’ai pas choisi de n’avoir aucune vie sociale ^^), je me suis retrouvé dans une situation plutôt confortable. Chez soi toute la journée avec tout ce qui fait ton cocon, ton entourage le plus proche et ton environnement qui te ressemble sont plutôt bénéfiques pour une personne comme moi.
Le télétravail se généralisait petit à petit parmi mes collègues. La réunion ZOOM matinale de 10 heures était un rituel. Le sport de 12h30 également ! Comme bon nombre de français, je me suis mis à faire quelques exercices pour ne pas m’encroûter. Et concrètement, pourquoi le confinement ?
Rester à l’écart
Tout français avait le droit à une heure de sortie utile. Je ne l’ai pas utilisé, je me sentais très bien chez moi, mon sport quotidien me faisait du bien et je ne voulais surtout pas croiser le danger ultime : les gens.
Le 17 mars, le président Macron annonce le début du confinement. La situation me stresse, non pas en tant que telle, mais plutôt en tant qu’épreuve qui va devoir avoir des conséquences. Je frissonne à la phrase « Le jour d’après ne sera pas comme le jour d’avant ». La raison est simple : j’ai toujours une envie folle que tout aille bien dans ce monde , que les gens s’entraident. Je suis assez sensible à ce type de progrès humain. Mais alors vous allez me dire : « tu n’aimes pas les gens mais tu veux qu’ils s’entraident ? »
Oui. Je suis souvent touché par les marques humanistes, j’ai espoir de ce côté là mais la réalité m’effraye et m’attriste. Je suis d’avantage exaspéré par le comportement actuel que réjoui par l’espoir. Car l’espoir s’amenuise. Pire en cette période de confinement.
Donc je suis resté chez moi, ne voulant croiser personne, car l’autre m’effraye. Je préfère aussi m’écarter des news qui sont plombantes. Je ne comprendrai jamais pourquoi et comment l’information ne se concentre que sur le drame et jamais sur les avancées positives. Certes, on en voit mais ce n’est pas le cœur des gros titres. Et avec l’info 24/24, c’est assez difficile d’avoir une bouffée d’oxygène.
Pire, les réseaux sociaux mettent le doigt sur les dérapages, les idioties, les déclarations négatives. Alors je m’en écarte. J’ai désinstallé Twitter.
La connerie humaine semblait pire qu’avant. Pourquoi? Je pense que l’instauration de règles est la pire chose qui arrive chez les Français. Les français n’aiment pas les règles alors quand on en impose encore plus, ils préfèrent les enfreindre ou les titiller. Par exemple, la limite des 100 kilomètres va pousser les gens à s’obliger à aller au plus proche des 100 kilomètres. Le comportement humain est fou, incroyable, désastreux, fascinant.
Décision radicale et l’entourage
Alors je me suis confiné. Ayant peur pour ma famille, mes amis, j’ai respecté scrupuleusement les règles. D’ailleurs, parlons de l’entourage.
La famille d’abord. De nature discrète sur et dans les rapports familiaux, je me suis tout de même mis à appeler collégialement la famille. On est tous un peu éloignés et rarement tous réunis alors sous mon impulsion, j’ai lancé les appels. Mes parents étant désormais septuagénaires, la crainte de l’infection était bien présente.
Côté couple, elle comprend ma décision, me rejoint sur beaucoup de points et a toujours un ressenti , encore aujourd’hui, très sensible.
Côté amis, là, le confinement aurait dû donc faire exploser les skypéro et autres. C’était un bon test pour savoir aussi qui allait prendre de tes nouvelles. N’ayant pas un groupe d’amis fréquents que je vois, j’ai pu voir que c’était souvent sous mon impulsion que l’échange se faisait. Et même par la suite, avec le déconfinement, restant confiné, peu se sont demandé comment je me sentais à être confiné encore ! Le monde d’après est donc le même que le monde d’avant dans cette partie. Pire, il a révélé ce qui ne marchait pas…
Et pourquoi toujours confiné ?
J’ai trouvé la réaction du gouvernement rapide et sans grande réflexion et cohérence. Les gens m’exaspéraient encore plus. Avec ces règles imposées, on remarquait encore plus les « cons ». Et c’est un constat qui a été fait chez pas mal de personnes. Alors pourquoi sortir pour être encore plus déprimé ?
Côté déconfinement, les 2 semaines me paraissaient courtes. Surtout qu’on autorisait les transports avec masques, que toutes les institutions changeaient les habitudes et de l’autre côté ? Les soirées privées étaient là, le canal Saint Martin renforçait l’idée qu’il est le cliché du haut-lieu de la bêtise parisienne bobo. On n’applaudissait plus…
La mémoire de l’humain est courte. On ne retient jamais les leçons. On en donne beaucoup le temps de l’événement, comme pour se donner une conscience. Et on oublie quand ce qui dicte notre quotidien, cette ligne éditoriale sociale, disparaît.
Je ne sortais qu’une heure comme pendant le confinement. Je n’avais aucun besoin que cette sortie dure plus longtemps. Les transports m’étaient étrangers.
Les terrasses ont rouvertes ? Et ? Personne ne m’a demandé de se voir autour d’un verre, personnellement, je n’étais pas impatient de reboire un Starbucks, de retrouver Emma et JB, mes potes du 14è et de rester la moitié du temps sur son Instagram en buvant une Heineken (je schématise, je ne bois jamais de café, ne connais pas de gens dans le 14é… :D)
Nouvelles habitudes
Alors je confinais. J’attendais scrupuleusement. Je faisais les efforts demandés. Et je salue toutes les personnes qui, elles, n’en ont pas fait, il y en a, et qui n’ont pas été infectées, ni affectées d’ailleurs, qui ont fait comme avant. Elles s’en sortent encore une fois…
Le monde d’après est comme le monde d’avant mais avec des masques. Cette expression que j’ai souvent lue est tellement vraie.
J’ai beaucoup été touché par cette situation, j’ai pleuré certaines fois, assommé par la bêtise, attristé par le monde actuel. Et en ce mois de juin, je ne sors toujours pas ou très peu. Les événements s’enchaînent faisant de 2020 une belle année de merde.
Que retenir de ce confinement ? Il continue pour l’instant, je m’étais donné le 1er juin en date de réflexion. Mais avec ces phases illogiques de déconfinement, j’ai prolongé à mi-juin. Je reprendrais peut-être les transports mais pour le moment, aucune envie et motivation de prendre le métro.
Je commence une formation qui me pousse à me déplacer. Par chance, c’est proche et sur le même trajet que mon boulot en temps normal. Et bizarrement, si je gardais le masque le premier jour, les distanciations et les gestes barrières se sont effacés le second.
Côté positif, je fais ma petite séance de sport quotidienne, je travaille sur mes projets, j’avance à un nouveau rythme.
Suis-je devenu asocial ? Etant associable au départ, oui fatalement, on devient asocial également. Je deviens comme ceux que je n’aime pas. Ils se foutent des autres, je dois faire pareil pour ne pas me faire de mal. Comble étrange, fascinant et malheureux. Mais le font-ils également dans cette optique ces gens-là ? Sûrement.
Malheureusement, avec tous ces événements, tu as des idées noires mais surtout des idées un peu en marge, des décisions que tu prends, des avis que tu exposes et tu te fais dégager car tu es « problématique ». Je ris. On est dans une société où il faut faire des changements et imposer des règles car plus tu frôles le hors-jeu, plus tu repousses les limites et plus le monde change en mal. Et dans un monde devenu ultra-binaire à mettre tout dans deux cases « bien » « mal », on devient aigri, fragile. Ce n’est pas le monde que je veux et ce n’est sûrement pas le monde que je veux léguer à une nouvelle génération.