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X-Files saison 11, épisode 7 : Mulder et Scully ont été Black Mirror-isé

X-Files nous propose cette semaine un épisode concept que Black Mirror n’aurait pas renié.

La saison 11 continue d’enchaîner les bons épisodes. Aucune vraie fausse note n’a été constatée à part le premier épisode mythologique. Pour cet épisode, sobrement appelé Rm9sbG93ZXJz qui veut dire Followers en langage Base 64, Mulder et Scully font face à un soulèvement des machines.

Mulder et Scully sont dans un restaurant japonais automatisé. Quand la carte bancaire de Mulder est avalée, le restaurant les prend en otages. Ils s’enfuient et, au gré de leur fuite et isolement, se voient confrontés à tous leurs appareils technologiques.

L’épisode se veut conceptuel par son absence quasi totale de dialogues et de personnages. Seuls Mulder et Scully apparaissent à l’écran pour 40 minutes d’épisode qui ne déçoivent que rarement. On aurait pu penser qu’user de la technologie à 100% pour ce genre d’intrigues aurait des chances d’être au mieux kitsch, au pire dépassé et ringard. X-Files parvient à limiter la casse malgré un dernier acte un poil grotesque.
Après 10 minutes, on imagine assez mal une certaine réalité et crédibilité à l’épisode, la temporalité est étrange, les personnages – muets – existent sans être utiles, ils subissent, échouent, sont traqués et c’est ainsi que le rythme prend le pas sur le reste. Mais on est pris au jeu.

Concernant la technologie, X-Files a traité ce sujet plusieurs fois avec plus ou moins de succès. Ghost in the machine (Un Fantôme dans l’ordinateur) ou Kill Switch (Clic Mortel) ont veilli alors que First Person Shooter (Maitreya) montre une réalité virtuelle finalement encore pertinente avec ce qu’on voit aujourd’hui en BR.

Rarement cette saison, le spectateur a été pris par un rythme, une narration, une ambiance. Rm9sbG93ZXJz réussit son coup et parvient, sans mal, à intriguer. On comprend rapidement l’issue de l’épisode, on ne cherche pas à comprendre les enjeux, on est surtout pris dans une spirale anxiogène, une atmosphère fascinante aidée par une mise en scène sobre mais bien aidée par une photographie colorée et précise. C’est beau et ça donne envie de rester dans cet intemporel instant. Coincé entre la Quatrième Dimension et Black Mirror, Rm9sbG93ZXJz n’est rien d’autre qu’un exercice de style qui sert le propos. Avec des dialogues, l’épisode aurait vite tourné en rond, rabâchant des clichés usés sur la place de la technologie.

Rm9sbG93ZXJz ne souligne pas notre dépendance aux technologies mais plutôt l’usage et l’évolution de notre rapport avec elle. Pourquoi donner un feedback à une machine créée par l’homme ? Une machine doit rendre le service que l’on demande. Et si un feedback n’est pas positif, pourquoi la machine devrait nous demander d’argumenter? « We learn from you » nous dit une machine dans l’épisode. Effectivement, les machines ne sont que des prolongements d’un acte humain pour des utilisations humaines. On n’adapte pas notre comportement aux machines, c’est aux machines d’adapter leur utilité et -in fine- leur propre existence et justification d’existence.

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Le fait de ne proposer aucun dialogue renforce l’idée que la technologie obéit au doigt et à l’œil sans se poser de questions. La seule question est celle du feedback. Il y a donc un rapport de force qui s’installe aussi implicitement. La question du temps est aussi importante. L’immédiateté rendu possible par la technologie abolit la démarche de réflexion. Il y a vraiment un sujet encore pertinent dans cet épisode qui peut paraître, lui, déjà dépassé alors qu’il reste plutôt intelligent.

Hors du temps de la série mais pas du notre, Rm9sbG93ZXJz se permet même de nous faire sourire et rire à plusieurs reprises en n’omettant jamais de mettre le côté humain des personnages en avant. Les gestes du quotidien sont présents et donne moins de rigidité à des personnages qu’on croit toujours, même après 25 ans, coincées dans leur rôle d’agent du FBI avec un peu de vie sociale. On en apprend beaucoup sur leur vie respective, sexuelle même… Rm9sbG93ZXJz souligne bien que nous sommes des suiveurs (Followers) en nous privant du rapport humain dès qu’une technologie nous facilite la vie. Et la dernière scène, un poil fan service, rend un bel hommage aux rapports humains et même aux personnages que l’on connait depuis 1994.

Rm9sbG93ZXJz aurait eu sa place en saison 6 ou 7 facilement. En 2018, il reste un poil trop marqué. Son dernier acte avec des machines moins subtiles fait perdre une certaine « crédibilité » de l’intention. Décalé et généreux, Rm9sbG93ZXJz est presque un vent frais dans ce revival, plus drôle que The Lost Art (11×04) et plus cohérent que This (11×02). Beau tour de force pour le premeir script de Kristen Cloke (femme de Glen Morgan qui réalise l’épisode et actrice qu’on a pu voir dans Destination Finale et l’épisode Le pré où je suis mort de la saison 4) et Shannon Hamblin pour un épisode qui restera dans les mémoires quoi qu’on en pense.

Tom Witwicky

Créateur de SmallThings, 1er Geek Picard de la planète Exilé dans le 92

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