True Story – Le journaliste et le meurtrier
True Story est l’adaptation du mémoire éponyme écrit par le journaliste américain Michael Finkel. Il retrace la correspondance entre ce dernier et un détenu, Christian Longo, pour qui il se lie d’amitié.
Récemment renvoyé du New York Times, pour avoir falsifié des informations, un journaliste (Jonah Hill) se voit offrir une chance de rédemption lorsqu’un tueur en série (James Franco) assure s’être fait passer pour lui pendant des années.
Pour son premier long métrage, Rupert Goold (metteur en scène de théâtre) s’attaque à une histoire conséquente sur le thème de la manipulation liée à l’admiration. Une histoire qui, si elle est parfaitement traitée, donne lieu à des films passionnants (pensons notamment au film relativement similaire La Dernière Marche de Tim Robbins avec Sean Penn et Susan Sarandon). Malheureusement ici, le réalisateur semble passer à côté de son sujet malgré de bons débuts en tant que cinéaste. En effet, la mise-en-scène est loin d’être déplaisante puisqu’elle nous sert une belle image et un montage assez lent qui permet d’installer un climat pesant. Cependant, le scénario nous paraît être, à de nombreuses reprises, brouillon voire bâclé. L’histoire se concentre sur l’un des fugitifs les plus recherchés aux Etats-Unis dans les années 2000 qui est accusé d’avoir tué toute sa famille, femme et enfants, un sujet prenant et fort. Et quand bien même, le film manque cruellement d’intensité. Nous aurions pu nous attendre à des scènes puissantes, angoissantes ou malsaines notamment dans ce genre du drame/thriller. Goold opte pour la sobriété et la retenue qui fonctionnent très bien dans certaines séquences (à l’image de celle du tribunal où Longo décrit avec précision la nuit des meurtres) mais dans sa globalité, le film parait bien creux.
Notons que le long métrage tient tout de même la route grâce à l’interprétation de ses deux acteurs principaux. Jonah Hill et James Franco sont tous les deux remarquables dans leur rôle respectif. Un duo gagnant qui parvient à nous captiver et maintenir notre attention à chacune de leur rencontre. Outre l’aspect plat de l’adaptation, leur relation est des plus intéressantes étant basée sur cette corrélation entre peur et fascination. L’un ne vaut pas mieux que l’autre, on peut y voir un lien entre le fait que le détenu s’attribue le nom du journaliste quand on se rend compte vers la fin qu’ils sont égaux. L’un pour s’innocenter et apprendre à écrire, l’autre pour retrouver une gloire passée. Mention spéciale à l’actrice Felicity Jones qui se démarque bien dans son rôle.
True Story aurait gagné à être plus palpitant. L’ennui guette les spectateurs et le film s’oublie, hélas, rapidement. Dommage, surtout pour la bonne prestation des deux acteurs. Sortie le 16 septembre.