On a terminé

Transparent – Saison 1

Commandée suite à la seconde fournée de pilotes lancée par Amazon, Transparent est un projet ambitieux, de par son sujet qui n’est que peu traité à la télévision : la question du genre. Sujet qui peut être casse-gueule entre de mauvaises mains, mais que Jill Soloway, scénariste sur Six Feet Under, connait assez bien, ayant connu une telle situation quelques années auparavant. Et qu’elle arrive à transposer avec brio ici.

Pour ceux qui ne s’en souviennent plus, ou pour ceux qui n’avait pas vu le pilote diffusé en février, une petite séance de rattrapage s’impose. Transparent suit Mort, un homme, père de trois enfants (deux filles – Ali et Sarah – et un fils, Josh), qui décide de devenir une femme, Maura. Donc de s’habiller comme tel, de se comporter comme tel, etc. Il veut l’annoncer à ses enfants lors d’un dîner, mais n’arrive pas à le faire. Ce n’est que petit à petit que ses enfants vont connaître la vérité, en commençant par Sarah, l’aînée.

On pourrait penser que Transparent montre l’impact d’une telle décision sur les enfants de Mort, mais la série est plus subtile que cela. Au fur et à mesure que la saison avance, on se rend compte à quel point les enfants ont eu leur trajectoire propre, leurs fantasmes et leurs doutes. La révélation de Mort, c’est la goutte d’eau qui fait déborder un vase déjà plein. Surtout pour Ali, la cadette, qui se cherche sexuellement et professionnellement. Après, chacun va prendre son parti de cette affaire : Sarah va soutenir son père, Josh va mettre plus de temps à l’accepter – en plus d’avoir été le dernier à le savoir. Mais plus qu’une série centrée sur le seul Mort/Maura, ce sont ces quatre personnages qui sont développés durant ces dix épisodes.

Transparent
©Amazon

Car Jill Soloway aime les familles dysfonctionnelles. Elle a été scénariste sur Six Feet Under pendant 4 saisons, a participé à Dirty Sexy Money ou Grey’s Anatomy. Il y a un vrai goût de Six Feet Under dans Transparent, au niveau du traitement des personnages ou de l’ambiance qui se dégage de la série. Si parfois Soloway loupe le coche au niveau de l’écriture – notamment sur le personnage de Josh, elle trouve un parfait équilibre avec Mort et Ali. Bien aidée par un Jeffrey Tambor magnifique et une Gaby Hoffmann effarante, ces deux personnages sont les piliers de la série. Ils apportent un vrai côté humain à Transparent, une émotion bienvenue. Mais cela se fait au détriment de Sarah – dont l’histoire est vue et revue, et donc de Josh, dont je n’ai pas réussi à m’attacher – alors que Jay Duplass joue plutôt bien.

Au niveau technique, la série alterne le bon et le moins bon. Mon plus gros reproche à Transparent concerne l’aspect clipesque de la série. Les épisodes font 30 minutes, et on a parfois le sentiment que la série cherche à aller le plus vite possible, ne s’attardant que rarement sur les personnages et passant d’une situation à une autre sans temps mort. Les silences sont rares et ça me chagrine un peu. Par contre, l’aspect musical est bien géré, les chansons sont bien choisies et apportent un côté onirique et mélancolique à la série. Par contre, les flashbacks sont assez mal intégrés, Tambor étant affublé d’une perruque infâme et les acteurs mal maquillés en règle général.

Mais au final, Transparent, et c’est le plus important, est une série qui marque et touche. Elle traite d’un sujet compliqué avec suffisamment de recul pour ne pas tomber dans le cliché, et rien que pour ça, je tire mon chapeau à Soloway. Elle a créé une série touchante, imparfaite certes, mais profondément humaine. Une bien belle découverte.

transparent
©Amazon

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