The Lazarus Project : voyage dans le temps et terrorisme au programme
The Lazarus Project est une série anglaise qui n’a pas fait grand bruit cet automne et pourtant, elle mérite le détour.
Joe Barton. Ce nom ne vous dit pas grand-chose, mais ce jeune cinéaste de 37 ans commence à faire parler de lui. Scénariste de quelques films indé qui ont eu bonne presse comme iBoy, The Ritual, My Days of Mercy et Encounter, il a proposé The Bastard Son & The Devil Himself sur Netflix cette année.
The Lazarus Project est son autre projet série de l’année. Le pitch est plutôt simple, mais on sent derrière une volonté d’offrir plus.
George a plutôt une bonne vie. Il va pitcher un projet à un investisseur et il a une chouette copine. Tout bascule quand il voit sa vie effacée de plusieurs mois. Il a remonté le temps. Il rencontre une femme mystérieuse qui le recrute par une organisation qui exploite le voyage dans le temps afin de prévenir les catastrophes mondiales. George est l’un des rares à se souvenir de ces voyages, la grande majorité des gens ont tout oublié. On n’efface pas un pan entier de sa vie contre une fin du monde. N’est-ce pas ? L’organisation a exactement un an avant de repartir dans le passé. A chaque fin de fenêtre de tir qui se ferme, le voyage n’est plus possible que jusqu’à une certaine date butoir.
Paapa Essiedu (I May Destroy You) joue George. Et en quelques scènes, c’est déjà un acteur que j’apprécie. Il a ce sourire contagieux qui met tout de suite de bonne humeur. Mais The Lazarus Project va de suite lui proposer d’être dans un état de gravité tout au long des 8 épisodes. Il perd un peu en sympathie, certes, mais il est efficace. La série exploite le voyage dans le temps de façon plutôt secondaire pour proposer une histoire de terrorisme un poil plombant. Les complots, retournements de veste et les scènes de blabla m’ont un peu sorti de la série. Alors que dès qu’elle touche au voyage dans le temps et dans ses travers c’est rapidement une référence.
The Lazarus Project n’est pas juste une série où on remonte le temps pour sauver le monde. On échoue souvent, et on remonte le temps souvent ! Et on touche à un point important du concept : le souvenir. Quand les personnages passent un an à construire leur vie sans possibilité de savoir s’ils vont devoir tout refaire, c’est vraiment glaçant. L’épisode 3 est, à ce titre, incroyable. On ne racontera pas tout, mais pensez surtout à ce qu’une femme ressentirait si elle devait revivre une grossesse plusieurs fois de suite.
The Lazarus Project mise avant tout sur le désir du personnage principal de réussir sa mission personnelle au-delà de la mission principale de l’organisation. Il veut sauver le monde, mais pas que. C’est le seul point négatif qui ressort (avec l’aspect trop complot terroriste dont j’ai parlé). Quand on sait que l’échec est possible et que le voyage dans le temps peut tout effacer, on ne prend pas l’intrigue principale comme l’ultime. IL n’a pas de dernière chance. Question suspens, la série joue un jeu dangereux.
Dans le dernier épisode, la série se permet de jouer avec son concept. Cela ouvre de très belles perspectives pour une saison 2 (déjà acquise, en tournage en France en plus !) sans conclure l’histoire générale, le fil principal de l’intrigue. Comme Un Jour Sans Fin, on ne voit pas toutes les itérations temporelles, mais George revient énormément de fois dans le passé.
C’est nerveux, sombre, parfois glaçant, The Lazarus Project peut rapidement devenir un grand moment de télévision. Sa discrète diffusion en Angleterre et aux Etats-Unis n’a pas arrangé les choses.