R.I.P.D., brigade fantôme: Green Lantern et Rooster Cogburn mènent l’enquête
Passé fin juillet, les sorties se font un tantinet plus discrètes parmi les blockbusters estivaux qui échouent dans nos cinémas cet été. Certes le mois d’août va nous offrir « Kick-Ass 2« , « Percy Jackson 2 » et surtout « Elysium » par exemple, mais les gros morceaux sont passés. R.I.P.D. avait tout du blockbuster décomplexé, frais et détendu malgré son bide aux USA.
« R.I.P.D. » avait pourtant tout pour réussir, à commencer par son cast: Jeff Bridges bénéficie d’une aura telle qu’il est difficile de résister à le voir à l’oeuvre, et malgré son enchaînement de flops critiques et commerciaux, Ryan Reynolds arrive encore à prouver qu’il peut être un héros charismatique doté d’un sens de la répartie ad hoc. Ajoutons à cela un budget confortable- 130 millions de dollars!- et un genre balisé-la comédie fantastique, ici adaptée du comics de Peter Lenkov, également derrière la nouvelle incarnation de « Hawaii 5-0« – et on obtient un potentiel assez sympa pour un bon film. Oui, mais voilà: Universal semble ne pas assumer et faire le service minimum promotionnel. Alors, certes, le flop américain de « R.I.P.D. » ne va pas exactement pourrir leur été au firmament entre les recettes de « Fast & Furious » et « Despicable Me« , mais on rentre dans la salle curieux de voir l’origine de cette omerta.
Le spectre d’un scénario
Et à vrai dire, on ne peut pas dire que « R.I.P.D. » soit un nanar ridicule. Au contraire, le budget se voit à l’écran, et Bridges comme Reynolds tentent d’assurer le service minimum. Sauf que voilà: le scénario et l’univers de R.I.P.D. sont fantômatiques, et toute tentative de trouver une identité propre semble ici avoir été étouffée dans l’oeuf. Passer dans l’ombre des grands frères qui rapportent gros comme les « Ghostbusters » ou les « Men In Black » qui ont quasiment fait l’objet d’un reboot l’an dernier, ça peut intimider. Et il est clair que Phil Hay et Matt Manfredi, les scénaristes, se sont appliqués à faire des ersatz de gags dérivés de la franchise de Barry Sonnenfeld. Ryan Reynolds est un flic ripou abattu par son collègue, qui ne supporte pas qu’il veuille tout dénoncer. Evidemment, tout son arc va tourner autour de sa volonté de dire « au revoir » à sa femme, une motivation certes logique et noble, mais exécutée tellement banalement qu’on se demande Reynolds peut travailler à partir d’intentions aussi pauvres. Kevin Bacon semble avoir réalisé la vacuité de l’affaire, baladant un rictus empli d’oseille tout au long de la pelloche. Et même si Bridges semble s’amuser avec son personnage, marshall tout droit sorti des années 1800, les scénaristes nous collent un fétichisme des chevilles, une histoire de chapeau disparu… Et la blague la plus lourdaude au possible: le commun des mortels voit Roy comme la top-model très en formes Marisa Miller. Une blague rance, que Schwentke semble avoir battu et rebattu, en ajoutant honteusement « Let’s Get It On » de Marvin Gaye au cas où l’on aurait pas réalisé le décalage des réactions masculines.
Des créatures peu inspirées… qui n’inspirent rien
Niveau bestiaire ce n’est pas mieux: les « deados », ces méchants pas beaux zombies criminels qui se montrent sous leur véritable jour avec un peu d’aide (un questionnaire façon Julien Lepers et de la bouffe indienne, semble-t-il… Si ces lignes vous ont fait rire, ce film n’est TOUJOURS PAS pour vous) sont vaguement grotesques et inspirent de la pitié plus que le rire ou la peur. La palme revenant à cette course-poursuite avec un « deado » en forme de boule de suif à l’agilité surnaturelle, qui reste de fort mauvais goût en plus d’être balisée à souhait. Même si on n’attendait pas qu’il provoque d’épectase dans la salle, R.I.P.D. ne semble satisfaire personne au-dessus de 12 ans, et la chef distante et moqueuse incarnée par Mary-Louise Parker agace plus qu’elle ne fait sourire. Au final, la sentence du spectateur est assez semblable à celle de Nick (Ryan Reynolds): R.I.P.D. est censé être un vortex de fun, et il semble durer cent ans. Un gâchis inacceptable, et un marasme en panne d’idées qui risque de porter un coup dans l’aile aux films du même genre (même s’il semble qu’ « Hansel & Gretel » a mieux marché en début d’année, au moins à l’international).