Prey (Disney+) : moins convaincant qu’il n’en a l’air
Si l’affiche de Prey nous faisait penser à un nouveau Pixar, il n’en est rien, on est face à un film Predator !
(Oui l’affiche est tellement propre avec ce visage lisse et rond qu’on dirait un personnage en image de synthèse).
Une Franchise éparpillée
Predator, c’est un film d’action de 1987 avec Arnold Schwarzenegger devant la caméra de John McTiernan. Culte, le film fait partie des films immanquables des années 80. Une suite a été entreprise en 1990, moins marquante. La franchise aurait pu s’arrêter là, mais la créature a été le sujet d’un crossover en comics avec un autre monstre culte du cinéma : Alien. Rapidement, les fans fantasment un film avec les deux monstres. Même un crâne Alien apparaissait en trophée dans le vaisseau spatial de Predator 2 de Stephen Hopkins (1990) !
En 2004, le rêve devient réalité. Alien vs. Predator arrive. Mais il est réalisé par Paul W. S. Anderson. C’est donc un pur film de vidéoclub. Pire, Aliens vs. Predator: Requiem (2007) est aussi produit ! Deux navets que tout le monde a oublié.
La franchise aurait pu encore s’arrêter là. Mais la mode des remakes est là. Rapidement c, réalisé par Nimrod Antal, arrive en 2010. Mauvais accueil, mauvais film. Alors on refait encore un Predator avec Rapidement c de Shane Black. Même résultat.
C’est là qu’on efface tout et on recommence. On met une créature dans un environnement inédit. Cela donne Rapidement c, réalisé par Dan Trachtenberg (Black Mirror, The Boys, 10 Cloverfield Lane).
Prey… quelle ?
En 1719, dans une tribu de Comanches, la jeune Naru veut à tout prix devenir une guerrière. Mais les traditions ancestrales de son peuple l’en empêchent. La jeune femme est malgré tout très proche de son jeune frère, Taabe, qui est amené un jour à diriger la tribu. Naru se sent aussi forte qu’un homme et va pouvoir le prouver quand un grand danger, le Predator, menace la tribu.
Devant les critiques quasi unanimes, on pensait que ce film pouvait redorer le blason de Predator.
Pour moi, il n’en est rien. Je me suis limite ennuyé. Predator n’a jamais été une créature qui m’a attiré. Le chasseur est trop intelligent et violent pour qu’il puisse y avoir un quelconque suspens dans tous les films. À moins de le mettre contre Alien, je ne vois pas un film qui a réussi à me faire intéresser à cette créature.
C’est le 7e film Predator, l’effet de surprise est donc difficile à réitérer. Et comme la créature peut être invisible, on en joue pour retarder au maximum son apparition. Prétextant une sorte de reboot de la franchise pour un public qui n’a pas vu tous les films, ce gimmick peine à satisfaire. C’est plutôt un film de l’univers Predator sans qu’on creuse la mythologie de la créature. Prey est donc un film dérivé.
Prey… daté ?
Avons-nous un Predator chez les Comanches, ou un film de Comanches avec un Predator ? C’est un peu la question qu’on se pose à chaque itération d’un film qui change l’époque de l’histoire. Fausse originalité, cette idée peut vite ne proposer qu’un prétexte. Et Prey échoue sur les deux tableaux. Au premier abord, on aime que le film se passe à cette période avec des personnages vierges de toute technologie. Prey prend alors des airs de film naturaliste. Cela fonctionne un temps, mais le scénario est vite rattrapé par les besoins de la confrontation et de répondre au message souligné par les pauvres dialogues du film. Naru doit avoir sa confrontation, son trophée.
Dommage que la jeune Amber Midthunder (c’est Rosa dans Roswell, New Mexico !) a un rôle asse limité. Si elle s’en sort magistralement dans un rôle physique et un peu éprouvant, elle est coincée dans ce portrait « basique » de la comanche qui doit faire ses preuves. Je ne sais pas si les peuplades de l’ancien temps avaient des nuances. C’est un peu la difficulté de proposer des films sur des époques reculées où les rapports humains étaient francs, violents et quasi binaires : les sous-entendus sont compliqués.
La mise en scène de Trachtenberg est plutôt correcte avec quelques plans magnifiques et même des plans-séquence de très bonne facture. par contre, c’est assez pale, voir gris malgré les ajouts de couleur par le sang ou les lumières, mais ça reste globalement terne !
Prey… texte ?
Qu’un Predator fasse face à Scharwarzie, oui. Qu’il soit dans la jungle urbaine, pourquoi pas. Qu’il soit face à un Alien, oui. Mais qu’on recommence à mettre cette créature au cœur d’une chasse à l’homme, ça devient redondant. Comment une créature aussi évoluée technologiquement et même physiquement (il a des dreds quand même !) peut être aussi limitée ? Ça ne marche plus chez moi. J’ai toujours trouvé le concept un peu étrange et peu fascinant. En fait-on trop sur le premier Predator d’ailleurs ? C’est un autre débat.
Prey n’a pas réussi à me convaincre à cause de personnages développés sommairement, d’une créature qui n’a rien à offrir à part du gore (et c’est réussi) et d’un concept qui ne fascine pas.
Prey est disponible sur Disney+. Une version doublée comanche est également proposée !