Play, un found footage sur ces petits moments de vie qui deviennent grands dans nos têtes
Après le très sympa Les Gamins en 2013 et l’oubliable Robin des Bois en 2015, Anthony Marciano refait équipe avec Max Boublil pour Play, une sorte de Boyhood façon Found Footage.
En 1993, Max a 13 ans quand on lui offre sa première caméra. Pendant 25 ans il ne s’arrêtera pas de filmer. La bande de potes, les amours, les succès, les échecs. Des années 90 aux années 2010, c’est le portrait de toute une génération qui se dessine à travers son objectif.
Prévu en octobre par Mars Films, le film a vu sa date de sortie reculée à cause de la fermeture de la boite de distribution.
L’idée est d’une simplicité exemplaire. On peut d’ailleurs penser à un found footage classique au départ avec des scènes sans grand lien, sans sens, sans utilité. Mais petit à petit, l’histoire prend forme sans se forcer. On suit alors une progression dans le temps quasi imperceptible que les éléments du décor nous soulignent un peu au forceps.
Ce qui frappe pour un spectateur de l’âge de Max, une bonne trentaine, c’est l’écho de chaque scène sur sa propre enfance. Tout peut paraître éculé ou cliché mais l’appel est tellement fort, les références tellement flagrantes qu’elles interpellent violemment.
Si le temps passe et que les personnages suivent des trajectoires de vies qui peuvent s’éloigner de la nôtre, on reste tout de même accrochés par un constat simple : le temps qui passe est le même pour tous.
On subit les mêmes questionnements même si les épreuves ne sont pas identiques. A ce titre, Play touche tout là où ça fait « mal ». Pour les nostalgiques du présent, le film est une excellente reconstitution de souvenirs quasi communs, partagés. D’occasions ratés en choix hasardeux, la destinée des personnages se trace petit à petit. Les moments dramatiques ne sont jamais là où on les attend et le script joue même dessus. Les non-dits racontent beaucoup plus que ce qu’on voit.
Côté comédiens, on est assez bluffés par la ressemblance tant physique que vocale d’Alexandre Desrousseaux pour jouer un jeune Max Boublil.
Aidé par une BO parfaite (la première musique m’avait déjà conquis), Play arrive même à changer son message sans changer de discours. On passe d’un doux rêveur à un « vieux con » car celui pour qui va le message a changé. Un conflit de génération qui semble doux-amer et qui prouve, une nouvelle fois, que c’est une époque vraiment spéciale ou les instants étaient précieux et non accumulés et archivés.