Pacific Rim Uprising : crédibilité zéro, plaisir 1
Pacific Rim a été le film rêvé par Guillermo Del Toro. Sorti en 2013, le film avait été un flop aux USA. Alors pourquoi pas une suite ?
Malgré le Comité de Défense qui s’est crée pour soutenir Pacific Rim, le film peut peut-être se targuer d’être un plaisir coupable dans la lignée d’un Transformers (le meilleur des 5, on vous laisse le choix).
Ce film réalisé par Del Toro n’avait rien pour lui si ce n’est une belle et grande générosité. Le reste était assez discutable (les personnages caricaturaux, le second degré, l’action, la cohérence, la crédibilité…). Pacific Rim reste tout de même un divertissant fort honorable, Del Toro ou non. Comme notre critique du premier film le soulignait « si on pardonne Pacific Rim alors on pardonne Godzilla et Transformers, même scénario idiot, même humour forcé, même ambition soulignée par l’apport de scènes dégoulinant d’odes au sacrifice, au courage, à la loyauté à vomir. Sincèrement, il faut quelque fois oublier qu’il y a un réalisateur derrière et ne pas faire déteindre l’aura que l’on a sur lui vers le film. »
Et on pourrait même remettre en ligne le même texte, cet Uprising se veut dans la même mouvance, la maestria du réalisateur Mexicain en moins diront les plus chevronnés. C’est le scénariste des séries Spartacus et Daredevil, Steven S. DeKnight, qui prend la place de réalisateur pour cet opus. On entend déjà le débat qui compare les deux hommes pour limiter la conversation mais cet Uprising joue exactement dans la même cour.
Réduire Pacific Rim à Del Toro est comme réduire Transformers à Bay. Et on parle des à-priori ! Uprising développe l’univers du premier film avec un peu moins de subtilité, certes mais beaucoup plus de simplicité. Finis les combats sous la pluie avec moult effets de lumière, de reflet et de gouttes. L’emballage est moins bling-bling. Les jaegers se foutent sur la tronche en plein jour. Esthétiquement, on perd en dimension artistique comme la plupart des gens pourront le dire. C’est moins parlant diront les plus concis. On est loin du rendu parfait d’Optimus Prime…
Effectivement, tout est bien lisse, propre. Pacific Rim Uprising est une suite sans éclat mais qui reste vraiment cohérent avec ce que proposait le premier film. Dans la cohérence, la temporalité n’est pas importante, des personnages font le tour du globe plus vite que des Jaegers ou les fabriquent aussi facilement que des Lego. Pour une suite faite par un quasi inconnu, avec un budget confortable et une note d’intention simple et basique, le spectacle est salutaire. La menace ne tient pas totalement pendant toute l’intrigue puisque le final renvoie à un combat sans enjeu supplémentaire que celui que l’on avait dans le premier film. C’est plutôt dans les personnages que l’on aura à redire. John Boyega joue le fils Pentecost (joué par Idris Elba dans le premier) et s’amuse totalement. Il porte sur ses épaules la majeure partie des scènes du film, bien aidé par la jeune et dynamique Cailee Spaeny. Mais si les dialogues plombent un peu la majeure partie des scènes (le premier ne brillait pas non plus pour ça), c’est surtout le développement qui ne satisfait pas. Tout est hautement prévisible, on comprend à chaque scène clé les avancées narratives à venir. Et c’est donc sans surprise aucune que l’on suit Pacific Rim Uprising. Mais sans surprise ne veut pas dire sans plaisir. Les combats sont suffisamment généreux pour oublier que l’on n’est pas devant un film essentiel, clé, indispensable. Le film cartonnera en Asie vu la place accordée à la Chine et au Japon. Quand on sait que 80% des recettes du premier film viennent de ces territoires, on comprend mieux.